Histoire de renflouer ses caisses, Capcom nous propose une fois de plus une adaptation HD d'un ancien titre, cette fois sorti sur 3DS. Pas n'importe quel titre cependant puisqu'il s'agit de l'excellent Resident Evil : Revelations qui avait réconcilié les fans de la franchise sur la portable de Nintendo après la blague répondant au nom de Mercenaries 3D. Toutefois, cet épisode est-il aussi indispensable sur consoles de salon ?
Tout en évoquant, par certains côtés, Resident Evil : Dead Aim, spin-off sorti en 2003 sur PS2, Revelations emprunte également à Resident Evil 5. En effet, difficile de ne pas faire le parallèle d'autant que les deux jeux renvoient au sympatoche long métrage de série B de Stephen Sommers, Un Cri dans l'Océan. Toutefois, si les développeurs ont su user à bon escient du lieu tout en ponctuant régulièrement leur titre d'énormes références à leurs aïeuls, le scénario ne peut que décevoir.
Une construction chapitrée
Dans l'absolu, le synopsis d'un Resident n'a jamais été son point fort et si on note ici un réel effort de la part de Capcom afin de proposer un peu d'originalité, le tout tombe vite à l'eau, sans mauvais jeu de mots. Il faut dire qu'on découvre rapidement le pot aux roses tant les personnages sont caricaturaux. Au final, on suit poliment cette histoire de bioterrorisme en évitant les bâillements intempestifs malgré l'apparition du T-Abyss, une variante du Virus T. Dommage, car si on retrouve une construction similaire à celle des autres Resident, quelques petites nouveautés dynamisent la progression. Bien que l'idée des « Previously », à l'image de ce que propose une série TV, nous rappelle ce qui s'est passé dans le dernier épisode, on appréciera surtout le fait de changer constamment de binôme au fil de l'aventure. Chris et la sulfureuse Jessica, l'inévitable Jill Valentine et cette baderne de Parker qui fera ensuite équipe avec la belle Jesse, les couples se feront et se déferont au gré de l'intrigue oscillant entre présent et passé. On nous donnera même l'occasion d'incarner un certain Keith flanqué de son fidèle Quint. A ce sujet, on pourra trouver dommage que ces personnages, bien qu'importants à leur manière, apportent un surplus de légèreté à l'aventure via des situations ou commentaires ne faisant jamais sourire même s'ils ont été pensés pour.
Pourtant, comme précisé un peu plus haut, ces va-et-vient entre les binômes nous permettront de visiter de nouveaux lieux et de changer de configuration d'armes, les différents agents débutant chaque séquence avec leur propre matos. Retenez quand même que dans la dernière ligne droite, vous aurez normalement accès à l'ensemble des pétoires si tant est que vous les ayez dénichées. Magnum, fusil à pompe, mitraillettes, lance-missiles, du conventionnel pour qui a déjà touché à un Resident même si on aura cette fois droit à une grenade électrique bien utile pour se débarrasser de la poiscaille mutante ou bien encore un leurre biologique attirant tous les ennemis alentour avant d'exploser. Veuillez également noter qu'il sera possible de customiser vos armes en récupérant des kits un peu partout. Ensuite, il ne restera plus qu'à trouver une malle où vous pourrez ranger vos bébés mais aussi améliorer leur cadence de tir, puissance de feu, rechargement... De plus, sachez que si d'aventure, vous trouviez une arme sur votre route, celle-ci prendrait la place d'une autre qui irait automatiquement dans une malle. Peu crédible mais pratique vu qu'il nous est possible de ne porter que trois pétoires à la fois en plus d'un lot de grenades et du traditionnel couteau.
Une maniabilité un tantinet vieillotte
Concernant la maniabilité, disons qu'on retrouve automatiquement la souplesse du second stick sur consoles de salon. De fait, si la jouabilité de base reste plutôt convaincante, du moins pour un Resident Evil, on a du mal à s'y faire après Resident Evil 6 qui avait énormément apporté en termes de réactivité. Calquée sur celle de Resident Evil 5, celle de Revelations permet toutefois de bouger en tirant ou d'effectuer des esquives rapides. Au rayon des choses qui fâchent, mentionnons le soutien peu convaincant de notre compagnon de route. En effet, on se rend vite compte que si ce dernier shoote à tout-va, sa puissance de feu n'a rien à voir avec la nôtre, le gugusse n'arrivant que rarement à éliminer un adversaire lambda malgré des dizaines de balles dans le buffet. Un peu frustrant et rendant l'idée de coopération virtuelle caduque, hormis pour faire avancer le scénario.
De l'importance de la durée de vie
Pourtant, on aurait bien aimé avoir un réel soutien vu que ce Resident s'avère un cran au-dessus des autres en termes de difficulté. D'ailleurs, on pourra trouver certains combats de boss inutilement longs et ce malgré des armes boostées. Etrange, car avec une douzaine d'épisodes nous réclamant 10 à 11 heures pour en voir le bout, l'aventure solo n'avait pas besoin de ça pour afficher une bonne durée de vie. Encore plus vrai vu qu'en fonction de vos actions, vous débloquerez des bonus (armes, objets, tenues, personnages...) utiles dans la Campagne ou dans le mode Commando jouable en coopératif online. Un petit plus auquel s'ajoute un aspect scoring duquel découle l'attribution de points indispensables pour acheter divers éléments. Notons d'ailleurs que cette adaptation HD comporte davantage de personnages et de costumes. Pourquoi pas, même si ledit mode Commando s'avère au final vite redondant et pas franchement passionnant, seul ou à deux. Une autre idée des développeurs pour rallonger la longévité de leur bébé tient également dans le scan de votre environnement. En effet, vous pourrez à tout moment utiliser un scanner (le Genesis) pour trouver des objets cachés ou bien atteindre un taux d'analyse de 100 % grâce aux corps de vos ennemis, ceci vous valant alors des items supplémentaires. Marrant cinq minutes, le fait de devoir constamment switcher entre notre arme et le scanner aura néanmoins vite fait de nous gonfler.
En somme, faut-il investir dans cette adaptation ? Si vous y avez déjà joué sur 3DS, clairement pas. Par contre, si ce n'est pas le cas, le tout peut être intéressant bien qu'il soit difficile de ne pas pester face à la paresse de Capcom, la raideur du gameplay ou la construction chapitrée moins adaptée aux consoles de salon où les sessions de jeu sont généralement plus longues. De plus, si on ne pourra s'empêcher de se demander une fois encore où se situe la frontière entre l'hommage et la repompe, on esquissera un sourire complice devant cette reconstitution de manoir à l'intérieur du paquebot, cette baignoire à vider pour dénicher un objet ou cette créature sortant prestement d'une armoire. Puisant son inspiration dans les précédents opus mais aussi dans le cinéma de série B, l'aventure de Revelations s'avère néanmoins aussi éclectique dans ses environnements (grotte enneigée, complexes, navire) que dans sa propension à sauter d'époque en époque et à passer d'une équipe à l'autre. On aimera ou non, d'autant que dans le cas présent, outre cette façon de repenser la progression, le tout s'accompagne d'une réalisation un peu laxiste autant dans la forme que dans le contenu additionnel, s'attardant davantage sur un mode Commando qui se résume à mitrailler des ennemis dans des environnements issus du solo que sur la campagne principale.
Points forts
- Un bestiaire inégal mais faisant intervenir anciennes et nouvelles créatures
- Un aspect globe-trotteur
- Pas mal de clins d'oeil
- Une ambiance sympathique
- La maniabilité bien meilleure sur PC grâce au combo souris / clavier
- Une bonne durée de vie (10 à 11 heures pour le solo + le mode RAID)
Points faibles
- Adaptation paresseuse
- Chapitres inégaux
- Séquences parfois trop longues
- Construction convenant mieux à une console portable
- Scénario à la ramasse
- Le rapport qualité / prix pas vraiment flatteur
Resident Evil : Revelations prend un petit coup de vieux en arrivant sur consoles de salon, la faute à une sortie tardive après Resident Evil 6 qui avait, quoi qu'on en dise, su dynamiser la série sous bien des aspects. De plus, entre une construction moins adaptée au support et une adaptation qui ne se foule pas vraiment, on aura tendance à tiquer face au prix de vente plutôt élevé. Pourtant, Revelations conserve les qualités de la version 3DS et pourra faire passer un bon moment à celles et ceux qui ne l'ont pas encore terminé sur la portable de Nintendo. Quant aux autres, autant dire qu'ils refuseront poliment l'invitation tant les nouveautés apportées sont inutiles.