Un Third Person Shooter free-to-play mêlant action, coopération et progression longue durée, ça vous tente ? Si vous en rêviez, sachez que les Canadiens de Digital Extremes l’ont fait. Après une bêta fermée de plusieurs mois, le titre est depuis peu disponible pour tout le monde. Bonne expérience, néanmoins pas exempte de défauts, Warframe offre une aventure multijoueur haletante et gratuite, alors pourquoi passer à côté ?
Le nom de Digital Extremes n'évoque peut-être rien pour vous, mais sa contribution au milieu est tout de suite plus éloquente. Après avoir codéveloppé Unreal et travaillé sur les versions consoles des deux premiers Bioshock, le studio canadien a entre autres sorti l'an dernier le très sympathique The Darkness 2. Leur production actuelle, Warframe, a été pensée, produite et éditée de A à Z en interne. Cela représente un certain gage de qualité lorsqu'on voit des free-to-play mourir avant même d'avoir connu leur heure de gloire, faute de confiance et de suivi de la part des éditeurs. Pas de doute, ce TPS multijoueur leur tient à cœur et le support régulier apporté à l'open bêta, disponible depuis le 21 mars 2013, ne peut que rassurer les joueurs.
Premier constat : C'est tellement beau que ç'en est suspect.
La première chose qui frappe le joueur s'essayant à Warframe, c'est évidemment sa réalisation, d'une remarquable propreté pour un free-to-play en ligne. Le moteur du studio, l'Evolution Engine, fait ici du très bon travail. Se voulant économe par souci de compatibilité avec le plus grand nombre de machines, il sait toutefois offrir une expérience visuelle très correcte, d'une fluidité impeccable. Cette belle performance graphique met d'ailleurs une véritable claque à bon nombre de productions multijoueurs sorties ces dernières années, free-to-play comme payantes. Côté sonore, mis à part les bruitages un peu barbants, force est de constater que la bande-son remplit sa fonction et instaure une ambiance appréciable. Ainsi, on oscille avec plaisir entre des thèmes de bataille épiques aux influences tantôt space operas tantôt asiatiques (à grand renfort de tambours), et des thèmes plus calmes faisant notamment intervenir des chants quasi monastiques. Ces derniers font d'ailleurs écho à l'influence permanente de Halo dans l'ambiance générale du titre.
Un pitch vite expédié pour laisser place à un gameplay nerveux
En parlant d'ambiance, sachez que vous incarnez ici les Tenno, une caste de guerriers portant d'étranges combinaisons de ninjas de l'espace : les Warframes. Oui, « ninja », vous avez bien lu. En effet, si l'emprunte asiatique se ressent déjà dans l'ambiance sonore, elle sert également de base au gameplay, offrant un panel de mouvements assez large à ces guerriers décidément très agiles. Vous pourrez donc vous imaginer tel un fléau cybernétique, semant la mort à grands coups de katana après avoir enchaîné une glissade, un salto et une course contre les murs. Evidemment vos armes de corps-à-corps ne sont pas vos seuls atouts puisque vous disposez d'un fusil, d'une arme de poing, et de capacités uniques afin d'occire les hordes d'ennemis infestant les niveaux. Toutefois, n'espérez pas profiter de ce gameplay dynamique lors de séquences à la mise en scène léchée puisque le titre ne brille pas vraiment dans ce domaine. Le scénario et la narration ne font d'ailleurs pas dans l'originalité la plus remarquable : vous êtes réveillé un beau jour avec pour seule mission d'éradiquer la menace extraterrestre qui s'abat sur le système solaire.
Sauver le monde, ça se passe comment ?
Vous voilà donc dans l'un des 3 Warframes proposés aux débutants, confortablement assis en position du lotus, contemplant cette vaste carte du système solaire. Désormais, il va falloir choisir où aller ! Depuis votre hub, vous pouvez choisir l'une des missions relatives aux planètes auxquelles vous avez accès. L'éventail proposé au joueur va de la capture de VIP à la destruction d'objectifs, en passant par le très sympathique assassinat. Ce dernier se révèle être l'un des plus agréable à jouer étant donné qu'il inclut un boss, vous donnant souvent des améliorations pour vos armes et des ingrédients rares, nécessaires au crafting. En effet, les missions sont l'occasion pour les joueurs de faire ou refaire leur petite cueillette d'items, dans le but de forger de précieux objets à la Fonderie, l'utilitaire de craft du jeu. En dépit de cette relative diversité dans les objectifs, on se rend vite compte que l'on joue assez souvent sur les mêmes maps, dont des tronçons entiers se répètent, si bien qu'on est parfois perdu au début de l'aventure. Rassurez-vous, on prend vite l'habitude de bien regarder autour de soi et de déceler les éléments destructibles ou les plates-formes servant à faire un peu de grimpette.
Une progression répétitive mais néanmoins évolutive
Ne soyons pas mauvaise langue, si les niveaux sont très répétitifs, on salue quand même la volonté de varier les environnements et le bestiaire. Ainsi, si vous terrassez principalement de simples soldats en armure lors des premières missions, vous passerez très vite aux aliens, robots et autres créations scientifiques, apportant ainsi une touche de renouveau à l'expérience de jeu. Pour revenir aux environnements, si les premiers sont clos et résolument miniers ou industriels, ils laissent peu à peu la place à de plus jolies choses, comme la glaciale et très agréable Venus, pour ne citer qu'elle. On évolue donc à travers ces missions de plus en plus longues et difficiles, en solo ou accompagné d'autres joueurs. A ce sujet, les escouades peuvent monter jusqu'à 4 participants, ces derniers s'adonnant alors à la destruction la plus brutale, dans un joyeux foutoir d'explosion, de lasers et de coups de sabre.
« Mes amis, allons bouter de l'alien ! »
La coopération, base du concept du jeu, a ici ses défauts comme ses qualités. Outre le plaisir d'être rejoint durant une mission difficile par des inconnus chevronnés, on prendra vite l'habitude de former un groupe dans le lobby avant de s'embarquer dans une série d'aventures, ou bien de se faire une partie entre amis. Cela dit, si sur le papier tout va bien, c'est dans la pratique que la coopération montre quelques faiblesses. Ainsi, il ne sera pas rare d'être dispatché sur une partie avec un groupe de « rushers » qui font à répétition des missions précises afin de trouver des ingrédients en particulier. Le plaisir de jeu est parfois entaché par ce genre de situations et on espère que le système de matchmaking pourra à l'avenir éviter ces aléas. Pourtant, au vu de la difficulté croissante, il faudra bien vous habituer à jouer avec une équipe pour ajouter un peu de convivialité à cette épopée spatiale. Au menu des interactions entre joueur, c'est encore une fois classique et efficace : vos collègues vous soignent s'ils arrivent à temps pour le faire, ils prennent part au combat à vos côtés, partagent avec vous le butin de missions durement terminées, et c'est à peu près tout. Aucun combat joueur contre joueur n'est disponible à l'heure où nous testons le jeu. Ce mode devrait néanmoins arriver avec l'Update 8, creusant alors un peu plus l'écart entre l'expérience gratuite et l'expérience payante offerte par le modèle free-to-play.
Le prix de la gratuité
Si l'absence actuelle de PvP permet d'éviter au maximum la frustration vis-à-vis de l'argent investi par certains, cette dernière est toutefois bien présente lorsqu'il s'agit du temps passé pour « évoluer gratuitement ». Ne comptez pas changer votre équipement au bout de 15 à 20 missions car il vous faudra en réalité entre 3 et 4 heures avant de pouvoir crafter votre premier objet, qui au passage se révélera être un coup d'essai plutôt qu'une véritable amélioration significative. Passé ce constat mettant à jour une progression définitivement lente, vous pourrez opter en votre âme et conscience pour des projets d'envergure, tels que la construction d'un nouveau Warframe ou l'acquisition d'armes plus sophistiquées, tout en sachant pertinemment qu'il vous faudra du temps et un certain sens du farming pour arriver à vos fins. Si la patience n'est pas votre tasse de thé, sachez que vous devrez débourser des sommes réelles assez conséquentes afin de progresser « vite et bien ». A titre d'exemple, pour acquérir un nouveau Warframe sans avoir à le crafter, il vous en coûtera approximativement 13 € pour un modèle de moyenne gamme. Evidemment, le système fonctionne par formules et les prix sont dégressifs, cela dit l'addition risque d'être salée, vous êtes prévenu.
L'importance de la customisation
Côté customisation, puisqu'il s'agit d'un autre aspect majeur du soft, l'Arsenal vous permet d'avoir accès à tout un tas de modifications. Vous pourrez donc à volonté peindre votre joli Warframe ou équiper les Mods récupérés sur le champ de bataille, bavant au passage devant le large choix d'objets et fonctionnalités déblocables après avoir sué sang et eau ou moyennant finance. Cela dit, ne nous méprenons pas, la progression, bien que lente et répétitive, s'avère relativement agréable pour quiconque souhaite jouer sur du long terme. Cette véritable quête d'équipements et d'ingrédients donne d'ailleurs à l'expérience un ton très MMO, incitant par exemple le joueur à se fixer des objectifs de récolte d'items. Cela peut plaire ou déplaire, tout est une question de goût et de patience.
Puisque votre progression passe inévitablement par la customisation de votre équipement, il se peut que vous soyez au début un peu déboussolé face au système d'expérience et aux gains de niveaux. Pour faire simple, vous gagnez en affinité avec vos armes à force de les utiliser, ce qui vous permet d'y monter des améliorations de caractéristiques, appelées Mods. Votre niveau de joueur évolue également, débloquant au passage des upgrades, mais le plus important reste le niveau de votre Warframe. De ce dernier dépendra votre capacité à utiliser les compétences uniques, relatives au modèle de la combinaison. Car oui, votre Warframe n'est pas seulement une tenue de gym 2.0, il vous confère, en plus des capacités physiques, 4 talents uniques. Ainsi, si le Warframe Loki permet d'utiliser un leurre ou l'invisibilité, le Warframe Volt offre quant à lui des compétences centrées sur l'usage de l'électricité. Sachant qu'il existe actuellement 12 Warframes différents, chaque profil de joueur y trouvera son compte.
Quelques soucis techniques et d'autres moins techniques.
Le jeu étant officiellement sorti, il n'en reste pas moins en open bêta et, de ce fait, il souffre de plusieurs problèmes possiblement remaniés à l'avenir. Outre les bugs, les soucis de ragdoll trop réguliers et les crashs bien plus embêtants, on note au final certains aspects un peu gênants. La monétisation du jeu est plutôt mal pensée, n'offrant pas vraiment un bon rapport entre le prix en Platine (vos euros convertis en monnaie fictive) et les avantages obtenus, alors que la progression gratuite se veut très lente, ce qui rebutera certains joueurs. Autre regret, le gameplay nerveux demeure à mon sens sous-exploité car la majeure partie des combats se joue à distance sans vraiment rendre indispensable le corps-à-corps. A ce sujet, le large panel de mouvements est clairement gadget dans la plupart des situations et n'est pas des plus pratiques compte tenu du level design général. Ajoutez à ça une ergonomie des menus loin d'être formidable et vous obtenez, non pas un mauvais jeu, mais un jeu… encore en open bêta.
Warframe apporte déjà une bonne dose de fun et compte bien s'améliorer avec le temps tel un bon vin. On attend donc des updates futures qu'elles enrichissent le contenu et qu'elles rendent la progression gratuite plus agréable. Il ne faut cela dit pas se voiler la face, un des buts principaux du free-to-play est d'inciter les joueurs à dépenser afin d'améliorer leur expérience de jeu. Reste à savoir si vous êtes prêt à investir des dizaines d'heures pour une progression lente ou des dizaines d'euros pour une progression plus rapide.
Points forts
- Une très bonne expérience gratuite
- Un gameplay plutôt jouissif
- Une réalisation de qualité
- La customisation et le craft
- Trancher des aliens entre amis
Points faibles
- La répétitivité des missions et des niveaux
- La progression gratuite assez lente
- L'open bêta pas toujours au point
- Une boutique relativement chère
Warframe est un titre qui impressionnera tout le monde lors des premières heures de jeu, c’est une certitude. Cela dit, passés la claque visuelle et l’étonnement face à un gameplay aussi réactif que jouissif, bon nombre de joueurs se lasseront du contenu délivré au compte-gouttes et du côté répétitif omniprésent dans la progression. Pour ceux qui accrochent au concept et qui ont surtout du temps à y consacrer, l’aventure vaut le coup à défaut peut-être d’en valoir le coût.