En 1964 paraissait une série télé centrée sur le quotidien d'une famille un peu spéciale, la Famille Addams. Utilisant un humour assez noir basé sur la singularité des personnages, cette série devint culte et, par voie de conséquence, engendra une ribambelle d'adaptations. Comptaient parmi celles-ci une nouvelle série, plusieurs films et surtout une flopée de jeux vidéo. Les années 1990 seront particulièrement prolixes avec notamment deux jeux édités sur tous les supports de l'époque par Ocean. Celui qui nous intéresse ici, c'est The Addams Family sur GameBoy, qui est directement tiré du premier film de 1991.
On y incarne Gomez Addams, le sophistiqué chef de famille. Pour contraindre Gomez à lui céder sa demeure, le promoteur immobilier Tully Alford enlève et séquestre toute la petite famille dans les différentes pièces de la maison. Voilà donc Gomez réduit à crapahuter à travers son manoir envahi de créatures qui manifestement lui en veulent, tout cela pour sauver un à un ses proches. Le jeu se déroule comme un jeu de plates-formes lambda, non pas découpé en niveaux séparés mais centré sur la maison, laquelle permet d'accéder à une huitaine de sous-niveaux. On a ainsi une semi-liberté puisque pour arriver jusqu'à l'écran de fin, Gomez doit traverser chacune des parties de l'habitation et vaincre le boss qui garde sa progéniture. Semi-liberté seulement, puisque vous devez obligatoirement passer par le cimetière et la chaufferie pour accéder au grenier par exemple, et que terminer le niveau aquatique est une condition sine qua none à l'avancée dans la chambre froide. Pas si libre que ça finalement, mais suffisant pour l'époque.
Father in arms
Pour survivre contre ces créatures démoniaques, Gomez peut compter sur plusieurs objets à récupérer et dont il peut changer à loisir. Au départ seulement armé de couteaux de lancer, il mettra tour à tour la main sur des charbons ardents, des pics de glace, des cubes d'eau gelée, ou encore un club de golf. Un armement pléthorique mais pas si utile que ça, puisque les trois seules armes ne font que des tirs en ligne droite, que l'un des objets ne vous servira en tout et pour tout qu'une fois dans le jeu, et que le reste est au mieux inutile, au pire encombrant. Il faut de plus bien gérer son inventaire dans la mesure où chaque utilisation puise dans une jauge, et qu'une fois celle-ci vide vous en serez réduit à éviter difficilement les ennemis. Il y a bien des fioles et cœurs permettant de régénérer respectivement la jauge d'objets et la vie, mais on en trouve rarement quand on a besoin. Mieux vaut donc arriver gonflé à bloc contre les boss.
Une maison qui vous veut du mal
Ceux-ci ont d'ailleurs la particularité de tuer Gomez généralement en un seul coup, quoique leur routine d'attaque les rend suffisamment simples à éviter. Une fois leur déplacement bien appréhendé, c'est un jeu d'enfant de les envoyer ad patres. En revanche, les phases de plates-formes sont bien plus ardues et rendent le jeu pas si simple : on rencontre pêle-mêle toutes les difficultés des jeux de l'époque, citons en vrac les ennemis qui vous touchent dès votre apparition à l'écran (un véritable harcèlement), un scrolling particulièrement gonflant – quand il refuse de vous montrer les plates-formes couvertes de piques au bas de l'écran par exemple – des pièges imprévisibles et bien d'autres réjouissances. Pour adoucir un peu tout ça, on peut mettre la main sur des potions qui transforment Gomez en lui donnant de nouveaux pouvoirs. L'une d'elle lui fait notamment pousser des branchies pour respirer sous l'eau, une autre le fait muter en créature de Frankenstein qui résiste à un certain nombre de coups. Au final, si les difficultés ne sont pas inabordables prises une par une, il faut quand même s'accrocher pour terminer le jeu d'une traite sur son support d'origine.
Adaptation réussie
Graphiquement c'est loin d'être moche. Le sprite de Gomez est convaincant, et les portraits de la petite famille ont même été reproduits à partir des acteurs du film, le résultat est donc bien probant pour la petite machine 8 bits, malgré le manque évident de couleurs. Dommage qu'on n'y retrouve finalement pas plus de références : une apparition de la Chose ou du cousin machin auraient fait leur petit effet... Le thème musical du film est lui aussi de la partie, bien qu'il redémarre à chaque changement d'écran. L'ambiance a donc été soignée, et le tout apparaît cohérent pour les fans, comme pour les néophytes. Notez pour finir que les quelques textes dispensant le scénario sont traduits en français.
Points forts
- L'ambiance du film se retrouve bien
- La durée de vie est convenable
- Le gameplay est simple mais efficace
- Le chemin n'est pas trop linéaire
Points faibles
- Certaines de vos morts vont vous faire criser
- Les séquences de plates-formes paraissent un peu lisses
On a trop souvent affaire à des adaptations bâclées de films en jeux vidéo. Les exemples frappants de licences exploitées dans un pur souci financier ne manquent pas, mais ce n’est pas le cas de celle-ci. Bien sûr, on a vu plus abouti comme jeu de plates-formes mais force est de constater que The Addams Family reste, malgré son grand âge, une expérience divertissante.