Bien avant Fable, c'est en inventant à lui tout seul le god game que Peter Molyneux s'est fait connaître sur la scène du jeu vidéo. Des années plus tard et de retour dans le monde des développeurs indépendants, il revient à ses premières amours avec Godus.
C'est durant la gamescom que le facétieux Sir Molyneux a présenté pour la première fois son nouveau jeu, mais dans un cadre intimiste, à l'écart de la cohue du salon. Assister à une présentation dans un hôtel est une chose assez courante... mais lorsqu'on se présente à la chambre 421 de l'hôtel Dorint, point d'armée d'attachés de presse dans le couloir, ni même un écriteau indiquant ce qui s'y trouve. On frappe et c'est Peter Molyneux en polo gris qui vous ouvre et se présente, comme si on n'avait jamais entendu parler de lui. A peine le temps de noter que son assistant assis en tailleur dans le fauteuil ne porte pas de chaussures qu'on se retrouve bien installé dans le canapé avec « Peter » pour découvrir Godus, le nouveau god game du créateur de Populous, qui se dit « agacé d'entendre des gens qualifier Farmville de god game. »
Modeler son monde
Dans Godus, tout débute dans le Homeworld, une vaste terre sur laquelle sont éparpillées de petites huttes. L'une d'elles abrite le premier membre de votre peuple auquel vous demanderez de sortir afin qu'il se mette immédiatement au travail afin de faire prospérer ce village en devenir, traversant les grands âges de l'humanité, de la préhistoire à l'ère spatiale en passant par l'âge du fer ou encore la période industrielle. Pour soutenir ce processus, votre premier outil est évidemment le terraforming, très souple et qui permet de manipuler aisément les différentes couches qui composent le monde, comme vous pouvez le voir sur les images. Aplanir, créer des montagnes, détourner un cours d'eau, chaque action s'effectue facilement même si l'étendue des possibilités croîtra avec la progression de vos pouvoirs divins. Il conviendra d'ailleurs de se montrer prudent dans leur utilisation car avec l'aide d'un moteur physique, un feu déclenché par inadvertance pourra rapidement suivre le vent et enflammer tout ce qui se trouve alentour. En outre, manipuler l'environnement permettra de mettre la main sur des vestiges enfouis renfermant des cartes qui sont autant de savoirs que vous pourrez distribuer à votre peuple, qu'il s'agisse d'un nouveau type de bâtiment ou d'un élément de culture.
La Foi, le minerai du god game
Quand à votre progression en tant que divinité, elle passera par la collecte de la Foi. Il suffit pour cela de passer sur les bâtiments sous votre contrôle et de faire la récolte, la Foi servant de monnaie nécessaire à l'acquisition de nouveaux pouvoirs, créateurs ou destructeurs. On pourra d'ailleurs également trouver des gemmes faisant augmenter votre Foi en creusant le sol. Une autre façon de vous imposer en tant que dieu sera évidemment de vous confronter aux autres divinités, à savoir les autres joueurs. Godus se scinde en deux mondes. Dans votre Homeworld, vous êtes seul et pouvez tranquillement convertir les habitants qui parsèment l'univers. Mais il existe un monde en ligne partagé en cloud dans lequel le combat est possible. Sans transition, on peut ainsi aller défier ses voisins avec plusieurs enjeux à la clef. Non seulement c'est un bon moyen de gagner de la Foi, mais c'est aussi l'occasion de remporter des cartes. Chaque affrontement met en jeu une ou plusieurs cartes possédées par les deux parties en présence, le vainqueur repartant avec la ou les cartes du vaincu. Un peu comme aux billes, l'enjeu n'est pas simplement de gagner mais de gagner quelque chose, avec au passage la possibilité de convertir quelques individus... ou bien sûr d'en perdre au combat. Evidemment, vous n'enverrez pas votre peuple au casse-pipe tout seul, vous et vos pouvoirs seront là pour faire pencher la balance en envoyant une ou deux catastrophes naturelles et autres chutes de météorites.
Et la morale dans tout ça ?
Toute religion a ses préceptes et chaque jeu signé Molyneux une certaine approche de la morale. Godus n'échappe pas à cette règle et permet de consulter vos commandements, édictés par votre peuple selon votre façon de jouer. Dans le cas de cette démo, la partie a été préparée avec acharnement et la table des lois était particulièrement corsée. Il était donc dit que la nature doit être considérée comme une ressource et qu'on est autorisé à éroder le sol car le joueur avait collecté avec acharnement la ressource que représentent les arbres. Ayant fait longuement travailler son peuple, ce dernier a gravé dans la pierre que le salut se trouve dans la labeur et enfin, puisque l'illustre démonstrateur a écrasé son adversaire et massacré son peuple, il faut considérer que les adeptes de faux dieux doivent être détruits sans pitié. Vous aurez compris qu'en parvenant à remporter la bataille avec moins de dégâts, en préservant la nature et en optant pour un rythme de progression moins soutenu, il en aurait été tout autrement. A chacun donc de voir quel dieu il souhaite incarner. In fine, nous sommes bien en présence d'un god game estampillé Peter Molyneux,
Après être arrivé au sommet de l'industrie, Peter Molyneux a choisi de revenir au petit monde indépendant et revient en prime à ses touts débuts avec un nouveau god game, qu'il qualifie lui-même de Populous modernisé. Avec son design un peu naïf, Godus semble pourtant contenir tous les éléments du genre auxquels viennent se greffer des emprunts au STR multijoueur. Plutôt simple d'accès, Godus a le potentiel d'un jeu addictif sur lequel on se penche pour une petite session mais où l'on reste accroché plus longtemps que prévu. Dommage toutefois que cette toute première présentation du jeu ne permette pas de mesurer toute l'étendue de son gameplay et donc de juger de sa profondeur, vouée à évoluer au fil des mises à jour. On sera fixé sur la question mi-septembre, lorsque le titre sortira en accès anticipé sur Steam.