Comme disait l'autre, il y a deux types de joueurs : ceux qui aiment se sentir guidés et ceux qui préfèrent mettre les mains dans le cambouis pour apporter leur touche personnelle aux jeux. Déjà tout petit vous vous amusiez à démonter vos jouets pour les remonter de manière différente et ensuite les prêter à vos copains ? Il n'y a pas de doute, vous êtes la cible idéale pour les jeux à forte dimension communautaire que nous mitonne Nadeo. Après avoir fait chauffer la gomme avec TrackMania, le studio s'attaque au FPS multi avec ShootMania.
Fort du succès du premier TrackMania, Nadeo a décidé de voir les choses en grand avec le lancement de TrackMania². En effet, le jeu de course était pensé dès le départ comme la première pierre d'un projet plus ambitieux : la plate-forme ManiaPlanet est là pour accueillir toutes les évolutions du titre, mais aussi pour faire le lien avec les autres univers conçus par Nadeo. Le développeur compte en effet nous proposer bientôt sa vision du RPG avec QuestMania, mais pour l'instant ce qui nous intéresse c'est sa vision du FPS multijoueur. Vous vous êtes déjà demandé ce qui pourrait se passer si la nervosité d'un Quake rencontrait l'aspect communautaire d'un LittleBigPlanet ? Ne vous creusez pas trop la tête, il vous suffit d'essayer ShootMania Storm pour vous faire une petite idée sur la question.
Un gameplay simple mais surprenant
Vous ne tarderez pas à vous rendre compte que la référence à Quake s'impose d'elle-même. On retrouve en effet un gameplay extrêmement nerveux, des projectiles dont il faut anticiper les trajectoires, des joueurs qui usent et qui abusent du bunny hopping... Mais ShootMania ne se contente pas de copier ses illustres aînés, les équipes de Nadeo se sont aussi évertuées à simplifier la prise en main à l'extrême pour n'en retenir que le strict essentiel. Il suffit de retenir deux touches pour jouer : l'une est dédiée au tir, l'autre à tout le reste. De base, la première fonction est attribuée au clic gauche de la souris et la seconde au clic droit ou à la barre espace. Vous pourrez ainsi sauter, mais aussi sprinter si vous la maintenez, utiliser une sorte de grappin en visant les points d'accroche, rebondir sur les murs, zoomer si jamais vous utilisez un laser... Bref, ce n'est plus une simple touche, c'est un véritable couteau suisse.
Vous vous demandez comment on fait dans ces conditions pour changer d'arme ? A ce niveau-là aussi, le principe de ShootMania est désarmant de simplicité : on débute généralement avec le lance-roquettes mais il suffit de passer sur une plate-forme grillagée pour utiliser automatiquement un laser bien plus précis, et dès que vous vous aventurez dans un souterrain vous êtes équipé d'un nucleus, une arme lente envoyant des projectiles explosifs. Les surfaces sur lesquelles vous marchez ont un rôle prépondérant : un sol en fer vous donne l'occasion de courir plus vite tandis qu'il est possible de glisser sur les rampes en bois. Ici, pas de dégâts localisés, chaque participant dispose juste d'un nombre de points d'armure. Vous l'aurez compris, on se retrouve avec un gameplay dont la simplicité apparente se traduit finalement par une originalité radicale qui nous promet des parties d'un tout nouveau genre.
Des modes à gogo
Il faut bien avoir conscience que ShootMania est taillé pour l'e-sport. Trois modes sont ainsi pensés pour être joués en compétition, non seulement pour mettre le skill des joueurs à rude épreuve, mais aussi pour assurer le spectacle. Le mode Joust propose ainsi des affrontements en 1 vs 1 dans lesquels les compétiteurs doivent se rendre sur des plates-formes pour recharger leur arme. Le mode Elite est un peu plus original : c'est du 1 vs 3 avec un attaquant doté d'un laser et d'un bonus d'armure qui doit marquer face à trois défenseurs. Reste encore le mode Heroes qui voit s'affronter deux équipes de 5 joueurs attaquant tour à tour le même objectif. Mais au-delà de ces modes « sérieux », le commun des mortels sera surtout ravi de retrouver une foule de modes fun qui brillent par leur variété. En effet, tout le monde ne se destine pas à se lancer dans l'e-sport, on peut apprécier de regarder des matchs de haut niveau tout en désirant jouer de manière un peu plus détendue.
On retient par exemple le mode Royal qui s'apparente à un free-for-all dans lequel les participants sont petit à petit forcés par une tornade à se rendre au centre de l'arène, le mode Battle dans lequel l'équipe qui attaque dispose de 15 secondes pour prendre ses objectifs puisque après ce délai, elle passe à la défense, le mode Time Attack qui s'apparente à de simples courses de vitesse... Vous ne trouvez toujours pas votre bonheur avec les différents modes officiels ? Il est temps de jeter un œil à ce que propose déjà la communauté. C'est l'occasion par exemple de découvrir un mode Speedball bien divertissant qui transforme le FPS en véritable sport d'équipe. Vous risquez aussi de passer du temps sur l'excellent mode Jailbreak, un ballon-prisonnier revisité qui demande une bonne dose de coordination au sein de son équipe. Ce serait trop long de lister tous les modes disponibles, sachez seulement que vous n'êtes pas près d'en faire le tour. D'ailleurs, les choses ne vont pas s'arranger puisque Nadeo compte sur sa communauté pour continuer de faire enfler ce contenu.
Pimp my game
On était prévenu, le maître mot de Nadeo était d'accoucher d'un FPS multijoueur disposant d'une forte dimension communautaire. Pour ce faire, les développeurs ont intégré des outils de création directement dans le jeu. Les plus esthètes d'entre vous peuvent ainsi enregistrer, puis éditer des replays sans le recours de logiciels tiers. Il faut reconnaître que l'interface de l'éditeur de vidéos n'est pas des plus intuitives, mais, une fois prise en main, elle permet vraiment de concevoir des clips impressionnants dont vous maîtrisez les moindres détails. Vous pouvez bien entendu aller plus loin avec l'éditeur de maps qui est particulièrement complet. Laissez alors libre cours à votre imagination pour créer votre nouveau terrain de jeu avant de le proposer au reste de la communauté. Cerise sur le gâteau, vous pouvez entièrement customiser les règles pour finalement proposer des modes qui vous sont propres.
Cette belle aventure communautaire est malheureusement entachée de quelques petits soucis techniques : non seulement l'interface manque de lisibilité, mais il reste aussi quelques petits bugs que l'on aurait aimé voir disparaître à la fin de la bêta. Bref, le constat n'est pas totalement idyllique mais on espère que les joueurs ne s'arrêteront pas à ces détails et qu'ils continueront de faire vivre le titre assez longtemps. Le fait de proposer le jeu complet à un petit prix (une vingtaine d'euros) et de rendre disponibles deux modes gratuitement (Royal et Elite) devraient lui assurer une certaine popularité sur le long terme. Ajoutez à cela le fait que ShootMania Storm a désormais intégré de nombreux événements e-sport et vous devriez avoir la garantie de trouver du monde un petit bout de temps sur les différents serveurs.
Points forts
- Une réelle dimension communautaire
- Une foule de modes différents
- Un gameplay rapide à prendre en main mais long à maîtriser
- Un petit prix pour l'ensemble et deux modes proposés gratuitement
Points faibles
- Encore quelques bugs malgré une longue phase de bêta
- Des menus à l'ergonomie douteuse
ShootMania Storm est typiquement le genre de jeux que l'on peut apprécier à différents degrés : l'amateur d'e-sport y trouvera des modes carrés et exigeants capables de mettre son skill à rude épreuve, tandis que le joueur occasionnel pourra s'amuser sur des modes un peu plus fun. La simplicité apparente du gameplay cache en réalité une multitude de manières de jouer différentes. Et grâce à l'aspect communautaire du titre, vous pouvez être certain que ce contenu n'a pas fini d'évoluer.