Après avoir parodié tout un tas de licences très populaires, une ou plusieurs fois, la série LEGO prend enfin son envol. Et cette émancipation s'accompagne d'un léger changement d'orientation qui permet au petit monde des briques de découvrir l'open world, le vrai. C'est donc sans limite que les jouets vont pouvoir aller et venir dans la ville de LEGO City, animée par un carnaval, mais surtout pourrie par les agissements de vils malandrins. C'est là que vous intervenez en tant que Chase McCain...
Chase McCain, tout en s'inspirant fortement du flic beau gosse, habile et cavaleur tel qu'on le connaît dans trop de films et séries, est un personnage inventé de toutes pièces. La cinématique d'intro le présente comme un officier qui fut banni de LEGO City, bien décidé à reconquérir le cœur de la belle Natalia à son retour. Et pendant que le bateau qui le ramène accoste péniblement, deux tourtereaux rejouent la mythique scène du Titanic à l'avant du bâtiment. En effet, les références et parodies se multiplient durant les 15 heures de jeu que nécessite l'aventure principale pour être bouclée. Les Evadés, Matrix, Starsky & Hutch, l'Inspecteur Gadget et même toute la filmographie de Schwarzenegger sont quelques exemples, plus fendarts les uns que les autres.
LEGO + GTA = LEGO City Undercover
Si LEGO City Undercover marque une nette évolution dans l'histoire de la série, il n'en renie pour autant pas ses traditionnelles mécaniques. Ainsi, assemblage de pièces détachées, switch rapide entre différentes skins de personnages, collecte de boulons, et scoring sont toujours au rendez-vous. Et chaque mission peut être rejouée afin de décrocher les 100% de réussite, ce qui exige de fouiller chaque recoin et de casser tout ce qui peut l'être. Au point que le jeu de Traveller's Tale se transforme parfois en entreprise de démolition, toute action de vandalisme étant récompensée comme il se doit, a fortiori s'il y a combo. En parallèle, c'est toute l'architecture d'un GTA-like qui a été transposée, que ce soit dans l'agencement de la ville américaine moyenne, sorte de mix entre Vice City et San Andreas, ou dans l'enchaînement des missions couplé à l'exploration. L'occasion de constater que la map, bien que de taille très modeste, jouit d'une variété visuelle et de quartiers franchement bluffants. Centre-ville festif et coloré, bord de mer peuplé de touristes en pleine luxure, parc national excentré et fermes locales, quartier asiatique façon downtown, prison d'"Albatross" retirée sur une île...
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Bref, la diversité est là et les environnements sont fouillés et bourrés de modèles et d'objets que vous allez pouvoir péter à l'infini puisqu'ils respawnent systématiquement. Sans parler de toutes les fantaisies que l'on peut s'accorder çà et là, comme faire un tour de manège dans une fête foraine ou tenter quelques paniers de basket. Et pour se déplacer, le joueur peut soit compter sur ses petites gambettes, soit bondir dans n'importe quel véhicule, en appuyant sur X, ce qui aura pour effet d'éjecter son conducteur en un quart de seconde. Et à tout moment, sans descendre de sa monture, il peut changer de caisse en appuyant sur la même touche, à la Just Cause. Mais le plus drôle reste tout de même d'utiliser le sifflet de Chase pour arrêter la circulation, et choisir tranquillement sa bagnole favorite, plutôt que de courir après. Au fil de l'aventure, motos, avions, bateaux et autres trains seront débloqués et utilisables mais rarement aussi pratiques qu'un transport plus commun, bien que les voitures aient une fâcheuse tendance à être peu contrôlables à basse vitesse.
Un petit air de The Lost Vikings
Appelé à la rescousse pour mettre fin aux agissements de Rex Fury, le grand méchant de l'histoire, Chase McCain va se transformer en véritable couteau suisse et posséder jusqu'à huit casquettes différentes à l'issue de la quête principale. Autant de skins qui lui permettent de déverrouiller toutes sortes de mécanismes, ce qui est valable en mission mais aussi en exploration. Ainsi, de simple citoyen sans aucune compétence, Chase McCain peut se muer en tout et n'importe quoi et jouir d'un équipement ou d'une spécialité dédiés à l'uniforme : l'agent de police dispose d'un grappin et d'un scanner lui permettant de mettre la main sur des objets, le voleur peut forcer des serrures et des coffres, le mineur utiliser sa pioche pour briser des rochers ou faire sauter des verrous à la dynamite, le fermier arroser des plantes pour qu'elles deviennent grimpantes (et donc, des plates-formes) ou voler à l'aide d'un poulet, le pompier peut éteindre des incendies ou ouvrir des portes à coups de hache, l'ouvrier un bâtiment permet de réparer des systèmes électriques défaillants... Et il existe un dernier costume dont j'éviterai de vous parler puisqu'il spoilerait un bout du scénario.
Cette polyvalence fait penser à des titres comme The Lost Vikings, dans lequel on switche en permanence entre les différents héros pour que chacun use de ses talents pour aider le groupe à progresser. Ici, il n'y a aucun groupe, juste Chase, mais le principe reste très similaire. Et les dernières missions du jeu n'en sont que plus intéressantes puisqu'elles exigent de changer très fréquemment de costume. Malgré tout, le joueur est tellement guidé, voire carrément sur-assisté, que l'on s'éloigne un peu du côté réflexion et tour par tour de The Lost Vikings. Il est d'ailleurs un peu regrettable que LEGO City Undercover soit si simple, bien qu'il s'adresse à tous les publics et donc, potentiellement aux plus jeunes. Les joueurs plus aguerris et plus âgés seront en revanche plus réceptifs aux multiples références que je citais en début de texte. Le challenge sera quasi inexistant pour eux, à moins qu'ils s'entêtent à terminer chaque mission à 100%, ce qui est une autre paire de manches.
Des combats anecdotiques, un GamePad bien exploité
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Paradoxalement, LEGO City Undercover est plus orienté plates-formes que n'importe quel autre jeu LEGO. Alors que l'on s'attendait à beaucoup d'action, voire à des gunfights, du fait de l'open world, c'est finalement tout l'inverse. Au-delà du côté très pacifique de Chase McCain, qui ne se bat qu'à mains nues, rares sont les missions où l'on se bastonne massivement. Généralement, il est question de fouiller les lieux, de casser tout ce qui s'y trouve et de créer de nouveaux objets, trouver une clé, un bâton de dynamite, casser deux ou trois serrures... Et en guise de liant entre deux salles ou deux espaces, vous affrontez de temps en temps des types en costard ou des voyous. Mais ces combats-là ne sont clairement pas au cœur du jeu, en témoigne la facilité que le joueur a à se défaire de cinq ou six gros costauds en quelques secondes. C'est d'ailleurs dans un dojo que notre héros apprend à combattre, dans une scène parodiant le cours que donne Morpheus à Neo dans Matrix. Les amateurs apprécieront la référence.
De son côté, le GamePad demeure assez discret mais tout en apportant un vrai confort de jeu, le contrôleur de la WII U ne déçoit jamais lorsque l'on fait appel à ses fonctionnalités tactiles et gyroscopiques. La première fonction de son écran est de servir de plan, ce qui, mine de rien, est rudement pratique, plutôt que de se coltiner un radar minuscule dans un coin de l'écran, comme c'est le cas dans la plupart des GTA-like. Une simple pression sur l'écran permet alors soit de zoomer ou dézoomer ou de définir votre destination, de prendre une photo du jeu en cours, voire même de vous renseigner sur votre pourcentage de progression dans l'un des différents quartiers de LEGO City ou pour rejouer les missions déjà accomplies en mode jeu libre. Mais surtout, le GamePad est utilisé en tant que scanner pour scruter les environnements, le tenant face au téléviseur. Il transforme alors les décors en une sorte de matrice bleue sur laquelle apparaissent certains objets interactifs ou même la silhouette des LEGO qui vous entourent. Une fonction sympa et utilisée à bon escient.
Un jeu 100% solo
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Vous l'avez compris, LEGO City Undercover m'a globalement plu, mais il n'est toutefois pas dénué de défauts embarrassants. Le plus marquant est sans doute la longueur scandaleuse de certains temps de chargement, à l'issue d'une mission ou pour charger une sauvegarde. Heureusement, le jeu ne les multiplie pas, mais tout de même. City souffre également de quelques problèmes de caméra, le mal qui ronge la série depuis ses débuts. Ici, ils sont clairement moindres, à la fois parce que les environnements sont moins étriqués, et parce que le stick droit du GamePad permet de replacer la caméra... la plupart du temps. En effet, à certains moments, deux murs empêchent cette rotation et c'est là que les trop célèbres problèmes de perspective vous pourrissent la vie. Autre souci récurrent, les points de contrôles. S'ils sont nombreux durant certaines missions, ils se font trop rares à d'autres moments, et pour peu que vous chutiez d'un building, c'est toute la mission qu'il faut recommencer car vous n'êtes pas automatiquement repositionné à la dernière difficulté. En réalité, le jeu ne comprend pas que vous avez échoué et vous laisse pinailler pour revenir à la toute première plate-forme, qui peut se situer à une dizaine d'immeubles plus loin...
Mais la plus grande déception vient du fait que l'aventure est exclusivement solo. Si l'on peut comprendre, pour des raisons de split et de lisibilité de l'action, que l'exploration se fasse seul, on regrette que certaines missions ne soient pas jouables à plusieurs, quitte à ce qu'il faille les terminer en solo dans un premier temps. Un mode multijoueur en ligne aurait également pu être imaginé, peut-être sous forme de courses de voitures ou d'acrobaties, deux éléments présents dans l'aventure. La convivialité en prend un coup et on ressort de là un peu frustré de n'avoir pu partager quelques délires et morts idiotes avec un autre joueur.
Points forts
- Une durée de vie conséquente : 15 heures pour la quête principale, qui ne représente que 20% de l'achèvement global
- Une petite map mais très dense et très variée
- La polyvalence du héros, qui renouvelle sans arrêt le gameplay
- Toujours quelque chose à faire dans LEGO City
- Le GamePad très utile et bien exploité
- Des références et parodies à la pelle et toujours aussi drôles
- La fin soignée et originale
- Des doublages parfois très réussis...
Points faibles
- ... et parfois un peu moins
- Encore quelques problèmes de caméra et de perspective
- Seuls les tout-petits y verront un quelconque challenge
- Pas trop envie d'y revenir une fois la quête principale terminée
LEGO City Undercover mélange habilement les mécaniques historiques de la série et celles d'un GTA-like pour nous offrir une aventure en open world sympathique, variée et bourrée d'humour. Aux commandes d'un héros hyper polyvalent et très souple dans ses contrôles, le joueur parcourt une map dense et diversifiée avec beaucoup de plaisir. Quelques problèmes de caméra et un challenge inexistant ternissent cependant le constat. Même s'il manque un mode coopératif ou multi en ligne, l'humour omniprésent et les parodies bien choisies font de ce titre un digne successeur des précédents LEGO.