Le fameux « Project Zwei » du créateur de Resident Evil, Shinji Mikami, a désormais un titre officiel : The Evil Within ! En exclusivité française, voici les toutes premières informations sur cette aventure fantastique qui s’annonce comme un véritable retour aux sources du genre survival-horror…
Il aura fallu seulement une vingtaine de minutes de présentation, assurée par Mikami en personne, pour se convaincre d'emblée d'une chose : The Evil Within devrait vraiment marquer le retour en grande pompe de ce génie japonais ! Après son coup d'éclat en 2010 avec le survolté Vanquish, le bonhomme n'était revenu sur le devant de la scène qu'une seule fois l'année suivante, à travers un poste de « Creative Producer » sur le moyen Shadow of the Damned. Autant dire qu'il était largement attendu au tournant. D'autant que – mine de rien – il est responsable de quelques-unes des plus belles pépites vidéoludiques de ces deux dernières décennies. Outre Vanquish, Mikami a ainsi réalisé le premier Resident Evil (et son remake sur GameCube), Resident Evil 4, Dino Crisis ou encore les délirants God Hand (PlayStation 2) et P.N.03 (GameCube). Sans compter son rôle de producteur/producteur exécutif sur Resident Evil 2 et 3, Resident Evil Code Veronica, Dino Crisis 2 et 3, le tout premier Devil May Cry, Phoenix Wright Ace Attorney : Justice for all et Trials and Tribulations, ou encore Killer 7 et Viewtiful Joe…
Aujourd'hui, Shinji Mikami tente de raviver la flamme du survival-horror. Pour cela, il fait la démonstration de son savoir-faire à travers la présentation de deux chapitres de The Evil Within. Le premier, intitulé simplement Prologue, plonge évidemment tout de suite le joueur dans le bain. Ainsi, une voiture de police arrive devant une large grille derrière laquelle se trouve un imposant manoir qui semble être un asile psychiatrique. Accompagné de ses deux collègues, l'inspecteur Sebastian – héros de cette aventure – passe le portail et découvre dans la cour plusieurs véhicules de police vides. Pire : à l'intérieur du bâtiment gisent de nombreux cadavres atrocement mutilés. Il semble qu'un serial killer ait massacré tout le personnel. A l'exception d'un vieil homme en blouse blanche assis un peu plus loin contre un mur, qui tente de prononcer quelques mots, en vain. Sebastian explore ensuite les environs et le joueur semble reprendre le contrôle du personnage. La caméra, qui paraît être gérable à l'aide du joystick droit, se place alors dans le dos du personnage en le cadrant au niveau de la taille, pour une vue à la troisième personne identique à celle de Resident Evil 4. Le héros semble capable de marcher ou de courir, mais aussi d'interagir avec certains objets ou éléments du décor. La présence de ces derniers s'inscrit d'ailleurs à l'écran, en compagnie de l'action qu'il est possible de réaliser (ramasser, allumer…). Sebastian se retrouve ainsi à visionner les écrans des caméras de surveillance. Trois policiers apparaissent soudainement sur l'un d'entre eux, toutes armes dehors, et se font sauvagement assassiner par une ombre griffue affublée d'une sorte de capuche et se déplaçant à la vitesse de l'éclair. Pire : l'instant d'après, la terrible menace se retrouve dans le dos de l'inspecteur et lui assène une attaque violente qui le fait s'évanouir ! Fondu au noir…
Pendu par les pieds et dégoulinant de sang : voilà comment se retrouve Sebastian à son réveil. Avec autour de lui, dans une pièce très sale du genre abattoir clandestin, des corps suspendus qu'un être massif, effrayant et décharné, pourvu d'un collier de piques, découpe méticuleusement. Quelques secondes plus tard, lorsque la créature s'éloigne, le joueur reprend le contrôle du personnage pour tenter de se libérer. En se balançant (il faut alors agiter le joystick), celui-ci s'empare d'un couteau planté dans un cadavre et tranche la corde qui le retient. Problème : en tombant sur le sol, Sebastian se tord violemment la jambe et demeure ensuite incapable de courir. Il est donc nécessaire d'évoluer ensuite en marchant accroupi, pour échapper à la vue du monstre / boucher. Plus facile à dire qu'à faire puisqu'il faut progresser au milieu des morceaux de corps qui jonchent le sol sans faire de bruit. Hélas, c'est peine perdue car la créature finit par repérer l'absence du héros et se lance à sa recherche, armée d'une impressionnante tronçonneuse. L'angoisse est donc clairement à son comble, puisque non seulement le personnage n'a aucun moyen de défense et se déplace lentement à cause de sa jambe, mais en plus le joueur doit observer parfaitement les déplacements du monstre pour éviter de se retrouver nez à nez avec lui. A cela s'ajoute enfin une bande-son qui colle les frissons à base de musique classique (évoquant l'ambiance d'une morgue) qui se mélange avec les hurlements de colère du monstre et le moteur déchaîné de sa tronçonneuse. Pour Sebastian, la seule solution pour avancer petit à petit semble être de profiter des nombreuses zones d'ombres alentour pour s'y dissimuler. Quitte parfois à ramasser un objet au sol, comme une bouteille, et à la lancer au loin pour faire diversion. Après avoir mis la main sur la clé débloquant la dernière porte, l'inspecteur parvient à rejoindre le couloir final. Soudainement, la créature surgit et court derrière lui. Heureusement, Sebastian réussit à s'échapper en sautant dans un ascenseur in extremis. Mais à peine arrivé au dernier étage qu'un tremblement de terre survient et que le bâtiment commence à s'effondrer. Une fois de plus, de justesse, le héros, pourtant toujours handicapé avec sa jambe blessée, réussit à rejoindre l'extérieur avant que tout s'écroule (à condition que le joueur dirige parfaitement Sebastian afin qu'il ne perde pas une seconde). Une vision d'apocalypse s'impose alors à lui : la ville entière est dévastée et les immeubles ne sont plus que des amas de ruines...
S'il fait parfois penser à la saga Silent Hill (lieu isolé du reste du monde, graphismes dotés parfois d'un grain charbonneux qui accentue le malaise, ennemis ressemblant un peu aux infirmières désincarnées et désarticulées…), The Evil Within n'en possède pas moins sa propre identité. Ainsi, le second chapitre présenté, intitulé Perth House, mise avant tout sur l'action et révèle au passage de nouvelles informations capitales. D'abord, si l'écran demeure la plupart du temps vierge d'informations – histoire de favoriser l'immersion dans l'aventure – en revanche il est possible d'afficher en transparence, en pressant sur une touche, la jauge de vie du personnage ainsi que son inventaire. La première est de couleur rouge et apparaît à l'horizontale en bas de l'écran. Lorsqu'elle clignote en blanc et qu'elle diminue, c'est évidemment le signe que Sebastian est blessé. Rien de tel alors que l'utilisation d'une trousse de soins pour la remplir plus ou moins. Quant à l'inventaire, il apparaît en surimpression et contient notamment les armes (ici un pistolet) ainsi que les objets et ressources (trousses de soins…) collectés au fil des niveaux. Bonne nouvelle : dans ce nouveau chapitre, Sebastian n'est visiblement plus blessé et peut donc se mouvoir normalement sans traîner la jambe. Le héros sort donc son pistolet et avance, en joue, prêt à tirer (un viseur assez discret se matérialise au centre de l'écran). La posture du héros et le déroulement de l'action rappellent à nouveau Resident Evil 4. D'ailleurs, quand Sebastian tire sur un adversaire, les dommages semblent localisés de la même manière. Si l'ennemi reçoit une balle dans le bras, il lâche son arme. S'il est touché dans la jambe, il s'accroupit ou tombe à terre. Il suffit de courir vers lui puis de presser une touche pour l'achever de différentes manières selon les situations. Ainsi, Sebastian peut mettre automatiquement le feu à la créature à terre qui périt lentement en se tordant de douleur et en se consumant. L'exécution se révèle du plus bel effet !
La séquence principale de ce second chapitre place le joueur dans une situation de stress absolu. Puisqu'il se retrouve dans une cabane de bois encerclée par d'horribles créatures humanoïdes se déplaçant comme des zombies. Celles-ci s'avèrent aussi effrayantes (leur tête est transpercée de piques, du genre Hellraiser) que menaçantes (elles sont dotées de torches ou d'ustensiles contondants). Le héros n'a visiblement qu'une poignée de secondes pour poser au sol, derrière les différentes portes accessibles, les quelques pièges dont il dispose ici, en l'occurrence des mines. Le but est évidemment de se défendre plus efficacement contre les attaquants qui, en marchant dessus, se retrouvent pulvérisés. Cette attaque à grande échelle rappelle fortement la scène des villageois espagnols, armés de leurs torches, fourches et fusils, qui tentaient de trucider Léon dans RE 4. D'ailleurs, tout comme dans le jeu précité, il est possible de détecter ici et là quelques petits problèmes de caméra, notamment lorsque Sebastian et les créatures se retrouvent côte à côte. Au fil des mois de développement restant, ceux-ci devraient bien entendu être ajustés aisément. Après avoir repoussé les premiers assaillants, Sebastian est amené à battre en retraite dans une autre pièce suivie d'un long couloir. Alors qu'il court dans ce dernier et doit éviter des pièges sous forme de herses tournoyantes surgissant des murs, une soudaine vague de sang arrive du bout et déferle littéralement sur lui (probable clin d'œil au film Shining). Résultat : il se retrouve propulsé… dans un autre lieu, comme par magie ! Illusion d'optique, rêve ou réalité ? Impossible pour l'heure de le savoir. Il reste toutefois que le cauchemar n'est pas terminé pour Sebastian. Car, en déboulant dans la dernière salle, le héros se retrouve nez à nez avec une vision d'horreur : une abominable créature pourvue d'une tête de femme avec de longs cheveux noirs qui couvrent son visage et affublée de multiples bras lui permettant de se déplacer au sol comme une araignée ! Le monstre hurlant se précipite sur le héros en sautant directement au visage du joueur, l'écran devenant tout noir. Rideau. Le choc et les frissons ressentis devant cette créature très réussie, qui évoque le fantôme Sadako du Ring de Hideo Nakata, concluent en beauté la présentation de ce nouveau chapitre. Pas de doute : Mikami paraît ici très en forme et son nouveau jeu semble revenir avec succès aux bases du survival-horror en ne négligeant ni l'action, ni la peur. Même s'il est bien trop tôt pour se prononcer, il est toutefois probable que The Evil Within représente, à sa sortie, un des titres forts autant sur les consoles actuelles (à noter toutefois qu'aucune version Wii U ne sera développée) que sur les prochaines next-gen.
Grâce à The Evil Within, le survival-horror semble enfin renaître de ses cendres. Ennemis effrayants, agressifs et implacables, décors cauchemardesques, ressources limitées (nombre de balles ou recharges de vie en minuscule quantité) ou encore pièges (disséminés dans les décors mais aussi à installer soi-même pour contre-attaquer) : les thèmes chers au genre paraissent bel et bien présents. Via une esthétique probante avec des graphismes détaillés et des personnages charismatiques, ainsi que d’une bonne dose de terreur, nul doute que cette aventure en solo (aucun multi n’a pour l’instant été mentionné) semble bien partie pour marquer les esprits. A suivre désormais de très très près !