Longtemps considéré comme une véritable vitrine technologique, le premier Crysis continue de servir d'étalon pour de nombreux amateurs de FPS. Non seulement le jeu était de toute beauté, mais il proposait une liberté d'approche et une richesse de gameplay qui ont marqué toute une génération de joueurs. Malheureusement, même le plus bel étalon n'est pas à l’abri que sa progéniture soit un poulain maladif...
Si le premier Crysis a marqué les mémoires, il faut reconnaître que sa suite nous avait laissé un arrière-goût un peu plus amer. Le deuxième épisode péchait en effet par un aspect moins ouvert mais aussi parce qu'il nous donnait l'occasion d'utiliser une nanocombinaison tellement puissante qu'elle en gâchait le plaisir de jeu. Vous pensez qu'il s'agit d'un point de détail ? Attention, il ne faut pas se tromper, le véritable héros de la série n'est ni Nomad, ni Psycho, ni Alcatraz, ni Prophet, c'est bel et bien cette fameuse combinaison capable de décupler la force, la résistance et la vitesse de celui qui la porte, voire même de le rendre momentanément invisible. On nous avait promis que ce troisième épisode nous donnerait l'occasion de profiter de toutes ces capacités dans une aventure qui allierait les qualités des deux premiers opus. Les différentes présentations nous avaient mis l'eau à la bouche et on voulait croire dur comme fer que les équipes de Crytek avaient bien corrigé tous les petits défauts de Crysis 2. On ne pouvait pas être plus loin de la vérité...
Une aventure pas franchement mémorable
Un petit retour en arrière s'impose pour comprendre le pitch du jeu. Crysis 2 nous proposait de combattre une menace alien dans les rues de New York. On y incarnait Alcatraz, un soldat moribond qui se voyait confier la nanocombinaison de Prophet, le chef de l'équipe Raptor du premier opus. Les choses se compliquent lorsqu'on essaie de nous faire comprendre que la psyché de Prophet est restée dans la combinaison et que c'est finalement lui qui continue de mener la lutte contre la menace extraterrestre. Cette mésaventure nous aura au moins appris qu'il ne faut jamais porter les sous-vêtements d'un autre... C'est donc Prophet qui sauve le monde mais sa bonne action ne lui porte pas chance. En effet, au début de Crysis 3, on le retrouve une vingtaine d'années plus tard, cryogénisé et détenu par les forces du CELL. Ces derniers ont profité de cet intervalle de temps pour mettre la main sur la technologie alien afin de proposer à tous de l'électricité bon marché. Ce plan machiavélique leur a permis de décrocher le monopole de la fourniture d'énergie puis d'assommer la population sous les dettes en montant subitement leurs tarifs. C'est de cette manière que le CELL a mis le monde à sa botte, finissant même par organiser des camps de travail pour les citoyens endettés... Heureusement, une résistance s'organise, et va s'évertuer à libérer Prophet. Ce sera l'occasion pour lui de retrouver Psycho, le personnage principal de Crysis Warhead. Mais le pauvre n'est plus que l'ombre de lui-même : on lui a retiré sa combinaison et il ne semble pas au meilleur de sa forme.
Ce point de départ totalement ridicule n'est qu'une mise en bouche pour une aventure qui comprend son lot d'absurdités. Vous voilà donc parti à l'assaut des installations du CELL en compagnie de Psycho. Votre objectif est de détruire le générateur électrique situé au cœur de New York. La ville n'est désormais plus qu'un immense champ de ruines où la nature a repris ses droits. Les troupes du CELL surveillent de près leur repaire mais ce n'est pas tout, vous imaginez bien que les aliens vont finir par s'inviter à la fête. Finalement vous aurez droit à sept chapitres qui vous permettront de visiter d'étroits couloirs ou d'être largué sur quelques vastes champs de bataille désespérément vides. Ces derniers vous donneront l'occasion de vous entraîner au marathon ou d'utiliser des véhicules plutôt lourdauds et pas franchement fun à manœuvrer. Les plus curieux essaieront tout de même de remplir les différents objectifs secondaires mais ils se rendront compte que ces derniers ne constituent qu'une vaste blague destinée à remplir du vide avec du vent. Même en explorant de la sorte, il ne vous faudra pas plus de six heures de jeu pour faire le tour de cette campagne qui manque furieusement de rythme. Les plus pressés pourront même choisir d'éviter systématiquement les combats en abusant du camouflage mais leur seule récompense sera de mettre un peu moins de trois heures pour atteindre un affrontement final sans saveur.
Le cheat élevé au rang de gameplay
Comme c'était déjà le cas de ses prédécesseurs, ce Crysis 3 met bien entendu la fameuse nanocombinaison au centre de son gameplay. On retrouve par la même occasion l'un des travers de Crysis 2 : la fameuse combi moulante vous rend potentiellement invulnérable ! Son énergie remonte incroyablement vite et elle vous permet de rester camouflé bien plus longtemps en comparaison de ce qui était possible dans les premiers opus. Ajoutez à cela des lunettes de visée intégrées qui scannent les ennemis même à travers les murs et qui piratent les mines et les tourelles pour les tourner à votre avantage. Vous en voulez encore ? Vous débloquerez des modules que vous pourrez ensuite associer quatre par quatre histoire d'améliorer les différents aspects de la combinaison. Il vous sera ainsi possible de rester invisible encore plus longtemps, d'encaisser davantage de dégâts ou de pirater plus facilement les installations. Pas de doute, le personnage que l'on incarne est bel et bien surpuissant, malheureusement vos adversaires ne suivent pas. Concrètement, les phases d'action vont se dérouler toujours plus ou moins de la même façon. On commence par marquer tous les ennemis avec la visée, on passe en camouflage pour en aligner quelques-uns avec l'arc sans que leurs petits collègues ne réagissent, puis on finit par passer en mode Armure pour espérer avoir une petite bouffée d'adrénaline en faisant tout péter.
Vous l'aurez compris, les carences de l'IA tranchent radicalement avec la puissance octroyée par la combinaison et c'est finalement le plaisir de jeu qui en fait les frais. Les petits gars de Crytek nous avaient pourtant mitonné de bien jolis joujoux. L'arsenal à votre disposition est relativement conséquent puisqu'il compte non seulement des armes terriennes plus ou moins classiques, mais aussi des équipements aliens aussi divers que variés. Vous préférez allumer vos ennemis avec des décharges électriques avant de les faire cramer ? Vous trouverez ça en rayon ! Les plus perfectionnistes pourront même customiser leur matos comme dans les autres épisodes de la série. On peut changer de viseur, de canon ou même de type de munitions en un instant. Bref, il y a visiblement tout pour rendre un amateur de FPS heureux. Malheureusement, il y a un petit hic, une arme tellement puissante qu'elle vous ôtera toute envie d'aller découvrir d'autres manières de jouer : l'arc. En effet, il vous est possible d'utiliser ce dernier tout en restant camouflé et il one-shot la plupart des adversaires. Vous ne disposez certes que de 9 flèches classiques mais vous pouvez toujours récupérer celles que vous avez tirées. Les ennemis trop coriaces pour ce type de munitions feront un peu moins les malins si vous les asticotez avec des flèches électriques ou des flèches explosives.
Comment sauver le soldat Crytek ?
Il faut reconnaître que le tableau n'est pour l'instant pas très reluisant, mais heureusement, il reste logiquement à Crytek quelques atouts pour chercher à nous convaincre. On attendait ainsi Crysis 3 pour ses performances techniques, le résultat est plutôt surprenant : la version PC est effectivement à tomber par terre mais la version console est loin d'être à la hauteur de ce qu'on attendait. Cette dernière accuse des baisses de framerate tout simplement honteuses dès que la surface de jeu est un peu ouverte et alors que les graphismes affichés sont loin d'être impressionnants. Ajoutez à cela le fait que vous vous battez assez souvent dans la pénombre voire dans le noir total et vous obtenez alors une bouillie visuelle de laquelle vous aurez du mal à retirer des informations utiles. C'est le jour et la nuit avec la version PC. Certes, il vous faudra une véritable machine de guerre pour espérer le faire tourner ne serait-ce qu'en « élevé », mais le jeu en vaut la chandelle et vous profiterez alors d'effets de lumière travaillés et d'environnements particulièrement riches à la végétation aussi luxuriante que vivante. On en prend plein les yeux et on en oublierait presque que le soft n'est pas parfaitement optimisé et qu'il aurait certainement pu un peu mieux tourner sur des configurations plus modestes. Crysis 3 sauvegarde donc son statut de benchmark jouable et devrait à ce titre ravir les amateurs de hautes performances qui rêvent de transformer leur PC en avion de chasse.
L'autre élément qui vient sauver la donne est plus surprenant puisqu'il s'agit du multijoueur. Les parties sont limitées à 16 joueurs mais les huit déclinaisons proposées devraient trouver leur public. On retrouve là des modes ultra classiques à base de deathmatch, de capture d'objectif ou de conquête de territoire mais l'ensemble est assaisonné à la sauce nanocombinaison. Comprenez par là que tous les participants à ces joyeuses réunions peuvent se camoufler ou endosser une armure surpuissante... Vous imaginez bien que les affrontements virent assez vite à de joyeux bordels dans lesquels les attaques au corps-à-corps sont au moins aussi redoutables que les armes à feu. Le seul regret concerne le système d'évolution qui pénalise bien trop les nouveaux venus en proposant des armes réellement abusées aux joueurs de plus haut niveau. Sur ces bases classiques, on obtient tout de même une recette bien nerveuse qui devrait plaire à tous les joueurs avides d'action rapide. Les autres pourront toujours se tourner vers le nouveau mode Chasseur qui met en scène deux guerriers furtifs et équipés d'arc contre une ribambelle de soldats destinés à servir de proies. Ces derniers doivent tout simplement essayer de survivre deux minutes en coopérant. Certaines parties ressemblent à un simple cache-cache tristounet mais la mécanique fonctionne pas trop mal lorsque l'on joue avec des gens vraiment motivés. Finalement, le multijoueur dans son ensemble tient plutôt la route, à condition bien entendu de ne pas être allergique aux affrontements mettant en scène des joueurs invisibles.
Points forts
- Splendide à condition d'avoir une configuration musclée
- Une jolie collection d'armes
- Un multi qui allie classicisme et originalité
Points faibles
- L'un des pires scénarios jamais conçus
- Une IA catastrophique
- Un arc surpuissant
- Une campagne courte
L'arrivée de Crysis 3 prend des airs de douche froide. Le titre n'est pas foncièrement mauvais mais il croule sous les petits défauts qui viennent gâcher l'expérience de jeu. L'aventure est courte et inintéressante, l'IA des ennemis est catastrophique, les pouvoirs de la combinaison sont abusés... Bref, le résultat est bien loin d'être à la hauteur de ce qu'on nous avait fait miroiter. Heureusement, l'aspect technique est là pour sauver la version PC : à condition d'avoir une configuration musclée, vous allez véritablement en prendre plein les yeux. Vous pourrez aussi vous tourner vers le multijoueur qui se montre sympathique sans justifier à lui seul l'achat du titre.