On sait que les développeurs japonais ne sont pas forcément portés sur le multijoueur. Les jeux de combat traditionnels se débrouillent très bien lorsqu'il s'agit de faire intervenir deux, voire quatre participants, mais les choses se corsent lorsqu'il est question de rassembler plus d'une dizaine de joueurs. C'est pourtant le pari audacieux des équipes de PlatinumGames qui nous reviennent avec un titre hybride que l'on pourrait qualifier de beat'em all multijoueur. Malheureusement, le résultat n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes que pouvait susciter le projet.
Le studio PlatinumGames n'a plus vraiment grand-chose à nous prouver en matière de jeu d'action. On lui doit en effet le sanglant MadWorld, le survolté Vanquish et surtout le magistral Bayonetta. Bref, ce développeur a régulièrement accouché de titres proposant un solo diablement nerveux, mais il s'aventure désormais sur une autre voie avec Anarchy Reigns puisque ce dernier vaut surtout pour son multijoueur capable d'accueillir jusqu'à 16 participants en ligne. La véritable question est donc de savoir si le studio a réussi à négocier ce changement de cap et s'il parvient à nous proposer une expérience aussi forte qu'à l'accoutumée. Pas la peine de tourner autour du pot, le résultat n'est pas franchement engageant.
Si Anarchy Reigns est bel et bien un titre essentiellement porté sur le multi, il propose aussi un mode solo qui constitue d'ailleurs un passage obligé pour découvrir tranquillement les finesses du gameplay et pour débloquer rapidement les différents personnages. Il s'agit d'une aventure scindée en deux parties, vous aurez ainsi le choix d'incarner Jack, le héros de MadWorld qui a toujours une tronçonneuse chevillée au bras droit, ou Leo, un jeune loup du Bureau de la Sécurité Publique. Les routes de l'un et de l'autre vont forcément se croiser puisqu'ils sont à la poursuite du même gaillard, un certain Max qui était le meilleur agent du BSP il n'y a pas si longtemps que cela. Ne fouillez pas trop du côté du background, le scénario est plus qu'anecdotique et nous donne surtout l'occasion de nous moquer grassement des doublages français assez surprenants. Ce qu'il faut retenir c'est que vous serez amené à fouiller une succession d'environnements dans lesquels vous débloquerez petit à petit des missions toutes aussi inintéressantes les unes que les autres. Les plus acharnés pourront toujours chercher à décrocher les meilleurs classements pour chacune de ces missions mais honnêtement, vous en aurez très vite assez de tourner en rond dans ces arènes en combattant des hordes d'ennemis dotés d'une IA de moule marinière. C'est bien simple, on se croirait la plupart du temps dans une copie bas de gamme d'un Dynasty Warriors.
Sur le papier, la maniabilité semble pourtant assez intéressante. Les boutons de façade sont bêtement assignés à un coup faible, un coup fort, un saut et une chope. On peut se protéger ou esquiver avec la gâchette droite, mais première désillusion, les mouvements d'évitement sont affreusement lourdingues, ça se comprend lorsque l'on incarne un personnage massif, mais un peu moins lorsque l'on est dans la peau d'une donzelle censée être nerveuse. Chaque personnage dispose aussi d'une attaque spéciale, modestement nommée Arme ultime cette dernière vient puiser son énergie dans une jauge située en bas de votre barre de vie. Jack pourra alors sortir sa belle tronçonneuse, le Baron utilise ses poings enflammés et sa sulfureuse assistante Mathilda nous sort une énorme matraque pleine de pointes acérées... Ne vous tracassez pas, il suffit de donner quelques coups pour refaire rapidement le plein de la jauge concernée. Encore une fois, l'idée est bonne mais elle n'est pas suffisamment exploitée et finalement on se retrouve avec une palette de combos un peu trop limitée. Dernier point qui peut s'avérer assez lourd à la longue, la caméra un peu folle vous forcera à user et à abuser du système de lock qui n'est pas tout à fait au point. En effet, vous vous retrouverez assez souvent à changer de cible sans le vouloir et, de manière générale, cette vue réduit fortement votre vision périphérique vous rendant ainsi particulièrement vulnérable.
N'en jetez plus, à moins d'aimer taper à la chaîne sur des hordes d'ennemis sans cervelle qui se baladent à la queue leu leu, vous risquez de vous ennuyer ferme sur le solo de ce Anarchy Reigns. Ca tombe bien, le cœur du jeu reste bien entendu son multi qui propose un contenu assez conséquent. Vous aurez ainsi la possibilité d'incarner pas moins de 16 combattants différents (17 même si vous disposez du code pour débloquer la belle Bayonetta) que vous pourrez ensuite personnaliser avec l'une des 25 aptitudes pouvant être débloquées petit à petit. Tant qu'on parle de contenu, on peut signaler que le jeu propose onze modes différents et que le code proposé dans les premières éditions vient encore en ajouter deux supplémentaires. On pourrait se croire comblé mais la réalité n'est pas aussi rose qu'il n'y paraît. La Bataille royale opposant 16 joueurs de manière brutale s'avère en effet plus brouillonne que fun, en général, cela se traduit par une mêlée générale qui s'acharne sur les plus faibles et qui ne leur laisse pas le temps de respirer. Le mode Survie s'apparente au solo à la différence près qu'on est entouré de deux comparses, et les modes en équipes se terminent généralement par des pugilats peu organisés et finalement assez pauvres. Le moins que l'on puisse dire c'est que Anarchy Reigns porte bien son nom, ne mâchons pas nos mots, les parties en ligne qu'il propose s'avèrent tout simplement bordéliques. Il manque aussi un multijoueur en local pour véritablement apporter ce brin de folie dans votre salon. Finalement, on comprend pourquoi le titre est proposé à moins de trente euros : ce n'est peut-être pas un véritable naufrage mais on est bien loin du niveau de qualité auquel nous avait habitués PlatinumGames.
- Graphismes11/20
Il ne faut pas se voiler les yeux, Anarchy Reigns n'est pas à la hauteur des différents visuels qui nous avaient été présentés. Le résultat final oscille entre des décors plutôt moyens et quelques textures franchement dégueulasses.
- Jouabilité12/20
Certes, la prise en main est plutôt simple mais on aurait aimé avoir un résultat final un peu plus riche et surtout un peu plus souple. Là où Bayonetta nous éblouissait par la variété de ses combos et par l'agilité de son gameplay, il faut ici se contenter d'un panel de coups bien plus réduit et d'une maniabilité un peu trop poussive.
- Durée de vie13/20
Le solo est inconsistant et pourra se boucler en un peu moins de huit heures, mais c'est déjà bien trop et on aurait aimé pouvoir le torcher encore plus rapidement afin de passer au multijoueur. Ce dernier propose par mal de modes différents mais, à la longue, on garde surtout en tête l'aspect répétitif et bordélique des parties et il y a peu de chance que l'on accroche au concept à long terme.
- Bande son16/20
Les doublages français sont parfois franchement risibles (c'est même à se demander s'ils n'ont pas été confiés aux mêmes équipes qui ont déjà travaillé sur Binary Domain) mais vous pouvez toujours passer les voix en japonais ou en anglais. La partie musicale rattrape le coup : elle flirte avec des influences hip-hop ou jazzy pour nous proposer des morceaux qui collent toujours parfaitement à l'ambiance.
- Scénario/
Il est difficile de parler sérieusement de scénario dans le cas présent.
On ne peut pas vraiment dire que PlatinumGames ait réussi à prendre le tournant du multijoueur. Sans être une véritable catastrophe, Anarchy Reigns n'est clairement pas à la hauteur des précédents titres du studio. Sans intérêt en solo, ce beat'em all ne parvient pas vraiment à se montrer enthousiasmant en multi. On lui reprochera notamment de porter un peu trop bien son titre et de se traduire à l'écran par une action aussi illisible que bordélique.