Voilà presque dix ans que les joueurs sont dans l'attente d'un troisième épisode de la série Zone of the Enders, les deux premiers volets ayant réussi à se hisser parmi les titres les plus incontournables de la PS2. En attendant de savoir quel avenir Hideo Kojima réserve à Z.O.E., le créateur de Metal Gear Solid convie les retardataires à une petite session de rattrapage en HD.
Rappelez-vous, nous étions au début de l'année 2001 et tous les acquéreurs de PS2 étaient dans l'attente du fameux Metal Gear Solid 2 lorsque le premier Zone of the Enders vit le jour sur la console de Sony. Afin d'inciter les joueurs à tenter l'expérience Z.O.E., Konami avait pris soin d'inclure dans la boîte du jeu une très courte démo jouable de MGS2, les deux séries étant le fruit de l'imagination d'un seul et même homme : Hideo Kojima. Dix ans plus tard, l'histoire se répète plus ou moins puisque cette compilation HD de Zone of the Enders nous est livrée avec une démo de Metal Gear Rising : Revengeance qui risque, une fois encore, de booster les ventes du soft.
Si vous faites partie de ceux qui comptent se procurer Zone of the Enders HD Collection avant tout pour cette fameuse démo, sachez que celle-ci se révèle vraiment très courte et n'offre qu'un rapide aperçu de ce qui nous attend dans le prochain Metal Gear. Si, en revanche, vous étiez passé à côté des deux Z.O.E. sur PS2, vous avez de vraies bonnes raisons de lorgner du côté de cette compilation. Sachez tout de même qu'en dehors de la réalisation en HD et de l'ajout de trophées / succès, cette dernière n'apporte rien de plus aux jeux originaux, ce qui dissuadera, à raison, les possesseurs des versions PS2 de se la procurer. L'histoire de Z.O.E. se passe au 22ème siècle au beau milieu d'une guerre interstellaire. Les Enders, des colons installés sur Jupiter, sont victimes d'une attaque des populations martiennes qui cherchent à récupérer une machine de guerre ultra puissante : le Jehuty. Le destin voudra que ce soit le jeune Léo qui mette le premier la main sur le robot de combat, par hasard, se retrouvant ainsi propulsé au rang de héros, seul individu désormais capable de sauver la colonie des Enders.
Bien qu'impressionnant pour l'époque, le premier Zone of the Enders accuse aujourd'hui le poids des années et, même s'il a le mérite de poser les bases d'un gameplay qui sera optimisé dans le second volet, ses défauts se révèlent pour le moins rebutants aujourd'hui. Sa construction, surtout, nous inflige de nombreux allers-retours dans des environnements qu'il faut non seulement débarrasser de toute présence ennemie, mais aussi protéger en évitant de provoquer involontairement la destruction des bâtiments dans le feu de l'action. L'idée reste sympathique, mais le jeu peine à se renouveler. En revanche, les choix opérés en cours de partie influent véritablement sur l'évolution du scénario, le sauvetage de vies humaines et l'importance des dégâts infligés au décor entraînant plusieurs fins différentes. L'aventure n'est malheureusement pas très longue, quelques heures suffisent pour en faire le tour, et l'aspect un peu trop répétitif des combats et le manque de diversité des ennemis nuisent également à l'expérience de jeu. Seuls les affrontements contre les boss offrent des joutes vraiment tactiques et éprouvantes.
Sa suite, Zone of the Enders : The 2nd Runner, se montre déjà nettement plus efficace. Mars est à présent une colonie de la Terre et Jupiter est devenu le nouvel objet de convoitise des humains. Le fossé qui sépare les terriens des humains nés dans l'espace tourne au conflit. C'est alors que Dingo Egret découvre, au cours d'une mission de routine sur le satellite de Jupiter Callisto, une source de Metatron qui le mène à prendre le contrôle de l'Orbital Frame Jehuty et le projette au premier plan de la lutte contre Aumaan. Le duel contre Anubis et son runner Nohman semble inévitable, et les acteurs de jadis auront à nouveau un rôle à jouer dans ce combat décisif. La narration s'enchaîne très vite, avec un mélange efficace de séquences d'animation clairement typées manga, de cut-scenes fonctionnant avec le moteur du jeu à base de cel shading et de dialogues sous forme de codec. Le maniement du Jehuty est efficace, excepté la gestion des caméras parfois fastidieuse, et le mecha hérite de nouvelles techniques, comme le fait de pouvoir locker un très grand nombre de cibles avec son rayon ou encore de pouvoir saisir les éléments du décor pour se protéger ou les envoyer sur l'ennemi.
Beaucoup plus variées que dans le premier volet, les missions s'enchaînent sans aucune interruption de manière à ne pas briser le déroulement de l'histoire. On se trouve ainsi en présence de véritables scènes d'anthologie, telle cette attaque des croiseurs Bahram qui rappelle forcément la destruction des croiseurs de l'empire de Rogue Leader. Il faudra se battre contre un ennemi invisible en devinant ses mouvements grâce aux indications d'ADA, traverser un champ de mines, assurer la protection d'Ardjet, l'Orbital Frame de Ken Marinaris, ou même guider plus d'une centaine de LEV en territoire ennemi. Des moments cultes qui donnent envie que le jeu ne s'arrête jamais, et qui rendent la déception encore plus dure à digérer lorsqu'on s'aperçoit que le soft se conclut brutalement par l'inévitable duel contre Anubis dès la fin de la dixième mission. Six heures à peine suffisent pour découvrir le fin mot de l'histoire, ne laissant comme maigre consolation que la perspective d'accéder à divers extras. On pourra ainsi participer à des combats entre deux joueurs en mode Versus en débloquant l'ensemble des Orbital Frames du jeu, et compléter le soft sous cinq modes de difficulté différents. Mais si vous n'avez jamais tenté l'expérience, le moment est peut-être venu d'y remédier.
- Graphismes15/20
Bien qu'accusant déjà plus de dix ans d'âge, Z.O.E. et sa suite restent visuellement efficaces grâce à la direction artistique prise par la série, le design des méchas et des personnages et l'intrusion de séquences animées ayant tout à fait leur place dans le contexte du jeu.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est à la fois intuitif, complet et étonnant de nervosité, malgré une gestion de la caméra un peu chaotique. Dommage que seul le second volet soit en mesure de proposer des missions relativement variées.
- Durée de vie12/20
Même additionnés, les deux jeux n'offrent qu'une durée de vie très limitée mais se rattrapent en proposant quelques extras intéressants et de bonnes raisons d'y retourner.
- Bande son17/20
On regrette évidemment que Konami n'ait pas conservé les voix japonaises à l'occasion de cette compilation, car le doublage anglais se révèle beaucoup moins immersif. La série comporte quoi qu'il en soit une bande-son culte, avec un thème musical grandiose soutenu par des mélodies souvent somptueuses qui interviennent en plein coeur de l'action.
- Scénario16/20
Les deux scénarios s'enchaînent bien et la narration se fait avec une habile alternance de cut-scenes, de séquences animées et de dialogues qui ne sont pas sans rappeler les phases de codec de MGS2, mais en beaucoup moins lourd. Dans Z.O.E. 2, la signature de Kojima est d'autant plus évidente que l'histoire flirte allègrement avec les sphères de la complexité, en proposant une psychologie des personnages intéressante à travers l'intervention des figures emblématiques du premier volet.
Si la sortie de Zone of the Enders HD Collection ne consolera pas vraiment les fans qui attendent désespérément des nouvelles du troisième épisode de la série, elle a le mérite de redonner un petit coup de jeune à deux titres incontournables de la PS2. A moins que vous ne déteniez encore les softs originaux ou que vous ne soyez intéressé que par la démo de Metal Gear Rising incluse dans la boîte du jeu, cette compilation vaut le détour.