Fraîchement accueilli par les amateurs de jeux de combat en dépit des bonnes critique qu'il a reçu en mars dernier, Street Fighter X Tekken ne s'est pas vendu aussi bien que Capcom l'espérait. Il faut dire que les deux séries extrêmement populaires dont le soft se réclame ont depuis longtemps un noyau dur de fans particulièrement attachés à leurs spécificités respectives. Difficile de mettre tout le monde d'accord dans ces conditions. Pourtant, ce n'était pas la première fois que Capcom s'essayait au cross-over. SNK vs Capcom, Namco X Capcom, Marvel vs Capcom... Le genre a explosé dans les années 2000 et n'a cessé de se développer depuis. En février dernier, Ultimate Marvel vs Capcom 3 a ainsi enthousiasmé le grand public sur Vita. Nerveux, archi-complet, cet épisode à la fois accessible et technique constituait en quelque sorte l'aboutissement de la franchise.

Qui dit cross-over entre deux séries aussi connues que Street Fighter et Tekken dit casting de rêve et si l'on se réjouissait de retrouver sur consoles HD une bonne quarantaine de combattants, on sera probablement ravi d'apprendre que cette version Vita en compte 55 ! Répartis en deux camps de force égale, la plupart des personnages emblématiques de chaque franchise sont prêts à en découdre. Guile, Sagat, Cammy, Vega, Kazuya, Law, Paul, Julia, ils sont tous là et cette fois-ci, pas question de débourser le moindre centime pour pouvoir profiter de Christie, Alisa ou Blanka. Mettant systématiquement en scène 4 personnages, Street Fighter X Tekken nous permet de switcher à tout moment entre 2 combattants pour affronter une paire d'adversaires. Toutefois, il suffit qu'un seul personnage soit mis K.O. pour que l'autre camp soit déclaré vainqueur. A peine la partie lancée, un constat s'impose d'emblée : le jeu est très beau. Parfaitement modélisés dans le style comics de Street Fighter IV, les héros des deux séries sont aussi agréables à regarder que bien des animés. Contrairement à ce que l'on pouvait redouter, le nouveau design des personnages de Tekken passe très bien et on reconnaît sans peine leurs prises caractéristiques. De plus, le rendu visuel a peu souffert du portage sur Vita. En ce qui concerne le gameplay proprement dit, Capcom a également décidé de s'inspirer de l'excellent Street Fighter IV. De fait, on en retrouve les principales mécaniques agrémentées de quelques nouveautés. Il y a toujours 6 boutons, des coups spéciaux, des coups spéciaux EX et des Ultra Combos (renommés Special Arts) mais la plupart des commandes ont été simplifiées afin de convenir à un public plus large. Moins de quarts de cercle, plus de raccourcis, Street Fighter X Tekken se prend en main très facilement sans pour autant perdre en profondeur, bien au contraire.

Encore plus dynamiques que dans Street Fighter IV, les combats en 2D que Capcom nous propose aujourd'hui sont aussi tactiques que nerveux. En effet, l'ajout d'un second personnage permet au joueur de mettre en place des stratégies redoutables pour terrasser l'équipe adverse. Il peut ainsi commencer un combo avec un combattant et le terminer avec un autre (Cross Rush), effectuer des Special Arts à deux (Cross Arts) ou encore l'appeler à la rescousse quelques secondes pour rouer de coups l'adversaire (Cross Assault). Comme si ça ne suffisait pas, on peut aussi changer de personnage en pleine attaque en effectuant un Cross Cancel ou le sacrifier pour entrer en mode Pandora et tenter d'éviter une défaite au dernier moment. Alors bien sûr, les manettes traditionnelles des consoles HD sont évidemment plus confortables pour jouer que le mélange croix, boutons et écran tactile de cette version Vita mais celui-ci fonctionne plutôt bien. 6 zones tactiles entièrement paramétrables ont fait leur apparition et l'ergonomie reste correcte pour un jeu demandant autant de réactivité.

Autre nouveauté notable de Street Fighter X Tekken, les gemmes ont suscité une grosse polémique lors de leur annonce. Octroyant à nos combattants divers bonus (+10% de dégâts, coups spéciaux simplifiés, etc.) lorsque leur condition d'activation était remplie (combo d'au moins 15 coups, 3 parades réussies...), elles influent sensiblement sur le déroulement des parties. De plus, certaines gemmes rares étant disponibles uniquement en précommande ou dans de futurs DLC, de nombreux fans ont craint que les joueurs les plus riches disposeraient d'un avantage certain par rapport aux autres. En fait, il n'en est rien, les bonus de gemmes étant limités dans le temps et pas suffisamment puissants pour ruiner une partie. En fait, l'ajout de ces fameuses gemmes relève plus du gadget que d'autre chose et même si l'on se rendra volontiers dans l'interface dédiée pour tenter diverses combinaisons, elles ne nous garantiront jamais la victoire.

En ce qui concerne les modes de jeu disponibles, aucune surprise n'est malheureusement au programme cet automne. On retrouve ainsi un tutoriel assez superficiel, la traditionnelle section Entraînement, le mode Arcade scénarisé bien kitsch, un mode Versus très classique, etc. Néanmoins, il est possible d'utiliser sa Vita comme une manette additionnelle pour la version PS3 (Cross Link) et de jouer en ligne contre des adversaires de la console de son choix (cross-platform). Ca n'est pas grand-chose mais Street Fighter X Tekken étant l'un des premiers jeux à utiliser ces fonctionnalités, elles méritaient d'être citées. On aurait sans doute préféré avoir moins de lag en multijoueur online, des temps de chargement plus courts, ou encore de nouveaux défis à relever comme dans Mortal Kombat. Qu'importe, ce portage Vita reste une réussite et à moins d'être allergique à Street Fighter ou à Tekken, on aurait tort de s'en priver.