Electronic Arts a récemment organisé une nouvelle rencontre avec Dead Space 3. La démonstration que nous avons pu parcourir en coop, manette en mains, nous a clairement laissé entrevoir les limites de la direction prise par Visceral Games. On vous explique pourquoi.
Lors du dernier contact que nous avions eu avec Dead Space 3, Visceral Games avait choisi de nous présenter une séquence posée, à bord d'un vaisseau spatial abandonné dans l'espace. Malgré nos peurs initiales concernant l'orientation de ce nouvel épisode, nous étions repartis plutôt convaincus de l'expérience, envoûtés par l'ambiance soignée rappelant fortement les deux précédents volets. Quant au passage montré à l'E3, il s'était révélé vraiment agréable manette en mains et casque vissé sur les oreilles. Cette fois, c'est le phénomène inverse qui s'est produit. Si au départ, nous partions curieux à l'idée de découvrir une nouvelle séquence de l'aventure, le soufflé est vite retombé. Le studio américain avait cette fois opté pour l'option action à gogo et coopération. Le niveau exposé se situe sur la fameuse planète Tau Volantis. Visiblement sur place depuis un moment, Isaac Clarke et John Carver tentent de percer le secret des marqueurs. Et cela n'a pas l'air gagné.
Visceral Games n'a évidemment pas choisi cet extrait au hasard. Le but était ici de montrer qu'en coopérant, les joueurs auront accès à tout un pan de l'histoire complètement absent de la campagne solo. Ainsi, alors que les compères pénètrent dans une base paumée nichée au cœur de la planète enneigée Tau Volantis, Carver est subitement pris de violents maux de tête. Au moment où le duo franchit une porte en apparence anodine – bloquée pour les joueurs solitaires -, l'ami John déraille complètement. Tout ce qu'il voit, entend, touche s'avère totalement déformé. De son côté, Isaac ne rencontre pas du tout le même problème. Du coup, l'écran des deux joueurs affiche une expérience radicalement différente. D'un côté, l'aventure vire au trip psychédélique et de l'autre, rien ne se passe de manière anormale. Chamboulé psychologiquement, Carver entend régulièrement la voix de sa femme, notamment à travers les enregistrements audio. Les salles traversées prennent parfois une tournure étrange. L'ex-militaire voit des figurines de soldats géantes un peu partout. Les couleurs, généralement très ternes, explosent. Pour Isaac, rien ne change. L'ingénieur se démène à travers une base suintant la rouille et la saleté.
L'intelligence de Visceral Games a été de ne pas uniquement proposer un délire visuel. Ainsi, lorsqu'il se bat avec ses propres démons, Carver ne peut pas utiliser son arme. Il se contente de fuir les vagues formes démoniaques qui l'entourent. Pour autant, cela ne veut pas dire que ses visions l'empêchent de subir les assauts des Nécromorphes dans la dimension normale. Isaac doit donc se charger de ces derniers pour aider son équipier. Sans quoi, c'est la mort assurée. Séduisante sur le papier, cette idée de ne pas proposer une expérience similaire pour les deux joueurs fonctionne bien. Il y a un réel effort fourni par les développeurs pour encourager le public à jouer en coop. Ces passages seront en revanche facultatifs. On peut très bien les laisser de côté pour poursuivre l'histoire. Ils permettent uniquement d'approfondir le scénario, de saisir la psychologies des personnages.
Si ces missions secondaires sont réellement plaisantes, le reste de la séquence nous a laissé vraiment perplexes. Il faut dire qu'à l'exception des poussées de folie de Carver, le jeu ne proposait qu'une succession de fusillades avec les Nécromorphes. Or, ces gunfights se sont révélés très poussifs. Cela manque clairement d'impact, de dynamisme, à l'image des personnages qui restent assez peu mobiles malgré la possibilité de faire des roulades. Le feeling des armes automatiques est en prime très étrange. On ne sent pas du tout la puissance de ces dernières. On se contente donc de faire feu sur les Nécromorphes qui sont eux, très vifs, en attendant qu'ils tombent. Le bestiaire reste l'un des points forts de Dead Space 3. L'intelligence artificielle semble pour sa part au point. Les armées de twitchers et autres stalkers qui vous foncent dessus collaborent pour vous mettre en pièces. A partir du moment où vous avez éveillé leur attention, ils se jettent sur vous de tous les côtés tels des morts de faim. Pour vous défendre, il vous faudra utiliser à bon escient votre arsenal et l'améliorer avec les éléments que vous aurez récoltés. Pour récupérer les ressources utiles pour la partie crafting, les deux compères utilisent le « scavenger bot ». Il s'agit d'une sorte de radar qui fonctionne comme un détecteur de métaux. Il sonne dès qu'il se trouve à proximité d'un élément à récolter. Un petit robot se déploie ensuite pour finir le travail.
Avec Dead Space 3, ce sont un peu les montagnes russes émotionnelles. On ne sait plus trop quoi penser de ce blockbuster. Si la précédente entrevue avec le jeu nous avait redonné espoir, Visceral Games a cette fois-ci ravivé nos inquiétudes. Impossible de ne pas souligner le caractère décevant du passage choisi par le studio américain. Certes, la partie coopération et la réalisation s'annoncent soignées, tout comme l'univers, toujours très accrocheur, mais Dead Space 3 affiche aussi d'évidentes limites dès lors que le rythme s'emballe. Contrairement aux passages orientés action de l'E3 qui avaient au moins le mérite d'être épiques, le jeu enchaîne dans cette nouvelle démo les fusillades sans saveur. L'intérêt du titre dépendra donc beaucoup de la justesse du dosage action / horreur. Un point que l'on ne peut évidemment pas juger pour le moment puisqu'il nous faut pour cela parcourir en entier l'aventure.