Seule au monde sur le segment du jeu de rallye, la série WRC, déterrée en 2010 par le développeur Milestone, n'a jusqu'à présent pas transcendé les fans de boue et de frein à main. C'est donc avec la volonté farouche de corriger le tir que l'équipe italienne remet le couvert l'année du neuvième sacre de notre Sébastien Loeb national. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises !
C'est assez rare pour être signalé : en un an, Milestone a absolument tout changé dans WRC ! Du précédent épisode, il ne reste en effet plus rien, si ce n'est les licences officielles du Championnat du Monde des rallyes. Conduite, modes de jeu, interface, réalisation, multijoueur, tout a fait l'objet d'un reboot aussi brutal que nécessaire, et particulièrement étonnant au vu du petit intervalle qui sépare WRC 3 de son prédécesseur. De fait, on peut considérer ce troisième opus comme le départ d'une nouvelle série bien que Milestone persiste à proposer un pilotage à mi-chemin entre arcade et simulation et donc, se positionne volontairement le cul entre deux chaises. Prise en main immédiate, conduite permissive, difficulté ajustable et même, présence du rewind, cette fameuse fonctionnalité de "seconde chance" en cas d'erreur, qui pourrit un peu tous les jeux de courses depuis un certain GRID. Bref, WRC 3 n'est pas forcément un titre de spécialistes et se destine aux amateurs de jeux de courses en contre-la-montre.
Le profil des spéciales a particulièrement été impacté par cette petite révolution puisque Milestone, sans jouir des spéciales officielles, a fait en sorte que leur tracé soit plus crédible. Finies les lignes droites et les interminables courbes, oubliées les routes larges comme des quatre voies. Tout est plus sinueux, exigu, peut-être à l'extrême d'ailleurs avec un nombre disproportionné d'épingles à cheveux. Mais on ne va tout de même pas se plaindre de cette métamorphose qui place le pilotage au coeur du gameplay, rendant chaque coup de volant plus percutant et décisif et la conduite vraiment plus dynamique qu'auparavant. Un constat que l'on fait essentiellement en caméra cockpit (une vue gâchée par des intérieurs malheureusement bâclés) ou capot puisque la vue extérieure procure une sensation de glisse permanente plutôt désagréable, le feeling n'étant du coup plus le même et la voiture ne collant pas à la route. Quant au co-pilote, il fait partie des bonnes surprises de WRC 3, non seulement parce qu'il est clair et complet dans ses instructions mais parce qu'il est possible de régler son timing dans les options. Ce qui n'est pas gadget dans la mesure où votre approche du tracé varie considérablement selon la catégorie. Enfin, l'autre satisfaction de WRC 3, c'est l'IA, très équilibrée et dont le niveau est plus que correct, même dans un niveau de difficulté médian.
Outre les traditionnels modes rallye, spéciales et championnat, WRC 3 s'appuie sur un mode Carrière nommé Road to Glory. Pas franchement cohérent avec l'univers du rallye, celui-ci passe à côté de ce que souhaitent les fans du genre, à savoir une carrière à la V-Rally 3, avec des saisons dynamiques et des écuries dont le niveau évolue au fil des années. Ici, on se rapproche du mode Carrière bâtard et impersonnel, pas progressif pour un sou, dans lequel on enchaîne des courses simples dans l'espoir de débloquer des voitures de toutes les époques et catégories, de la Peugeot 504 à l'Impreza WRC en passant par la BX4 TC ou la R5 GT Turbo. Bref, une fois de plus, nous sortons déçus de l'expérience, malgré quelques aspects sympathiques comme la personnalisation visuelle de la voiture, que ce soit sa couleur ou les sponsors qu'elle arbore. Le côté réglages et mécanique est quant à lui survolé, avec l'installation de kits de pièces à débloquer en performant. En résumé, ce mode pourra plaire aux nostalgiques mais là encore, le nombre de voitures est un peu juste pour justifier d'y passer des dizaines d'heures. D'autant que leur modélisation est assez grossière et souffre de la comparaison avec DiRT 3.
Jusqu'à présent, le portrait que nous dressons de WRC 3 n'est pas forcément élogieux. Seulement voilà, le multijoueur fait clairement pencher la balance du bon côté puisque Milestone a une nouvelle fois mis le paquet ! Hors ligne, tous les modes sont accessible en hot seat (chacun son tour) d'une simple pression sur la gâchette pour régler de deux à quatre participants. En ligne, il est possible de jouer jusqu'à 16, que ce soit de simples spéciales ou des rallyes voire des mini-championnats de 13 spéciales. L'hôte jouit d'ailleurs de nombreux choix au moment de créer sa partie, comme la catégorie, le nombre de spéciales s'il s'agit d'un rallye, de joueurs acceptés ou l'impact des dégâts mécaniques. S'il choisit de passer par un système de votes, l'hôte permet à tous les utilisateurs de voter pour la spéciale et la super spéciale qu'ils souhaitent disputer. Le tout étant plutôt stable et très ergonomique, nous avons pris beaucoup de plaisir à parcourir le multijoueur. Surtout lorsque 16 furieux se lancent à l'assaut d'un rallye ! Vous pouvez d'ailleurs profiter des fantômes des autres participants puisque tout se fait en simultané, avec un classement en temps réel sur le côté gauche de l'écran. Bref, vous l'aurez compris, WRC est particulièrement plaisant à plusieurs, un peu moins en solo.
Carton jaune : alors qu'elle aurait pu être incluse dans le jeu de base, la Classic Mini Cooper S 1964 est vendue 2 € le jour du lancement du jeu sur PS3 et 360...
- Graphismes12/20
La réalisation n'est toujours pas le point fort de WRC. Modélisations grossières et pas toujours très fiables, intérieurs bâclés, effets d'une autre époque... Mais l'ambiance WRC est plutôt au rendez-vous, les licences aidant pas mal. Le ralenti de fin de courses et le mode photos apportent une petite touche sympathique. Notez également que cette version Xbox 360 est visuellement un peu supérieure à son homologue PS3.
- Jouabilité13/20
Le gameplay n'a plus grand-chose à voir avec celui de WRC 2 mais n'en conserve pas moins l'orientation générale : arcade, matinée de simulation. Plus dynamique, plus crédible et plus immersif, le pilotage est en tout cas meilleur à tous les étages, malgré une sensation de glisse désagréable en vue extérieure. Les voitures gagneraient également à être moins rigides.
- Durée de vie16/20
Pas facile de garnir le contenu d'un jeu estampillé WRC. Milestone le fait plutôt bien, en mettant le paquet sur le multijoueur et en proposant de conduire des voitures de toutes catégories et de toutes les époques. On regrette simplement que les spéciales soient en sous-nombre et différentes des officielles et que le mode Carrière ait emprunté une voie "underground" pas franchement adaptée à la discipline. Attention aux temps de chargement très longuets...
- Bande son16/20
Un soin tout particulier a été accordé aux moteurs, dont la moindre particularité est identifiable à l'oreille. Les menus ont eux aussi connu un sérieux coup de jeune avec des musiques actuelles bien dans le ton.
- Scénario/
WRC 3 possède autant de points communs avec WRC 2 que Sébastien Loeb avec le pilote d'une caisse à savon. En repensant totalement leur bébé, les développeurs de Milestone ont corrigé un bon paquet d'aberrations et proposent enfin un vrai jeu de rallye. Non dénué de quelques défauts flagrants, tels que son mode carrière particulièrement banal et sa réalisation médiocre, ce troisième épisode place enfin la série sur de bons rails. Mais qu'on se le dise, investir dans WRC 3 est une bonne idée à condition d'en faire une utilisation essentiellement multijoueur, un mode dans lequel il excelle.