Need for Speed fait partie de ces séries dont les itérations annuelles ne sont pas d'égale valeur. Le roulement instauré par Electronic Arts au niveau des développeurs a une conséquence directe sur la qualité du produit final. Ainsi, entre deux volets très décevants signés Black Box, Criterion Games (Burnout) avait su montrer en 2010 à travers Hot Pursuit, toute l'étendue de son savoir-faire en matière de jeu de caisse tendance arcade. Et redonner par la même occasion des couleurs à la série. Il se trouve que cette année, c'est à nouveau le studio britannique qui est à l’œuvre. A trois semaines de la sortie de Need for Speed : Most Wanted, EA nous a laissé carte blanche pour explorer celui-ci en profondeur.
Most Wanted, voilà deux mots qui devraient éveiller en chaque fan de Need for Speed quelques souvenirs plutôt agréables. A l'image de ce qui avait été fait avec Hot Pursuit il y a deux ans, Criterion Games a choisi de réutiliser le sous-titre d'un ancien volet de la série. Celui datant de 2005 en l'occurrence. Malgré quelques similitudes évidentes entre les deux productions, il s'agit plus d'un clin d'œil, d'un hommage au passé que d'un reboot ou d'un remake. Car NFS : Most Wanted version 2012 est un jeu qui s'inscrit complètement dans son époque. Celui-ci propose en effet un monde ouvert ultra-connecté au sein duquel les joueurs se livrent en permanence une compétition féroce, même dans la partie dite «solo». Les développeurs de chez Criterion sont d'ailleurs clairs à ce sujet. Ce changement d'orientation du gameplay visant à lier l'expérience des joueurs était inévitable. Pour eux, il s'agit tout simplement du début d'une nouvelle ère pour la série, à laquelle celle-ci ne pouvait échapper.
L'intérêt de la partie solo de Most Wanted repose quasiment entièrement sur la nouvelle version de l'Autolog. Au lieu de vous contraindre à passer par des menus pour avoir accès à l'aspect social du jeu, vous voyez dorénavant directement l'ensemble des informations en temps réel pendant que vous circulez dans la gigantesque cité de Fairhaven. Les données se fondent complètement dans l'environnement. Il suffit de croiser un radar pour savoir à quelle vitesse vos amis se sont faits flasher, de grimper sur un tremplin pour avoir la longueur de leurs sauts ou de vous rendre sur les lieux d'une course pour connaître leurs performances. Pour les événements qui le permettent (type radar), le classement est même instantanément actualisé. Mieux, en observant attentivement l'environnement, vous pourrez même apercevoir l'avatar de vos amis - leur photo s'ils le souhaitent - s'afficher sur les murs de la ville, là où leur record a été effectué. Vous êtes ainsi constamment sollicité et encouragé à vous dépasser pour améliorer vos performances. Le système fonctionne très bien, pour peu que vous ayez une âme de compétiteur. Le revers de la médaille, c'est qu'il faut évidemment impérativement être connecté et avoir des amis avec lesquels batailler. Sans quoi, le jeu perd quasiment toute sa saveur.
L'autolog bénéficie en prime du travail remarquable fourni par Criterion au niveau de l'interface. Accessible à tout moment via le D-pad de la manette (pour les versions Xbox 360 et PS3 s'entend), le menu baptisé easydrive permet en quelques secondes d'accéder à tout le contenu du jeu. Quelques pressions sur la croix directionnelle suffisent pour lancer une course, changer de voiture, customiser celle-ci ou même accéder au mode multijoueur. Si un ami bat l'un de vos temps, vous pouvez aussi essayer de reprendre instantanément le leadership en utilisant la flèche du bas. Vous êtes alors directement téléporté sur les lieux de l'épreuve. Très pratique et surtout, très intuitif, ce menu rend à lui seul l'expérience plus fluide.
Dans ce Need for Speed, vous pouvez évidemment collectionner les voitures affichant fièrement leurs marques (Alfa Romeo, BMW, Mercedes, Porsche...). Cette fois, c'est en fouillant la ville que vous tombez directement sur vos futures acquisitions. Pour les obtenir, pas besoin de les acheter ou de les défier, il suffit de se positionner à côté du bolide, arrêté sur le bas-côté, et d'appuyer sur un bouton. La caisse est ensuite à vous. En passant par le menu easydrive, on peut ensuite changer de véhicule à la volée. Ce qui est bien vu, c'est que l'on peut tomber dès le début d'une partie, au hasard d'une ruelle, sur une bagnole puissante. Ce système permet aux grands explorateurs d'étoffer très rapidement leur garage. Des voitures, on peut aussi en gagner grâce aux épreuves Most Wanted. Ces dernières sont au nombre de dix et se débloquent une fois un certain seuil d'xp dépassé. Elles prennent la forme d'un duel en deux parties contre une caisse donnée qui s'apparente en fait à une sorte de boss. Vous devez alors d'abord battre votre adversaire avant de le mettre en pièce grâce à un takedown. Le véhicule est ensuite à vous.
Ce qu'il faut savoir par ailleurs, c'est que chacune des voitures du jeu donne accès à cinq épreuves qui lui sont propres. Si le parcours et le principe de ces dernières diffèrent en fonction des caisses, les récompenses sont en revanche similaires. En remportant l'épreuve la plus facile, on gagne par exemple systématiquement le droit d'utiliser le boost et de meilleures pneus. Plus la difficulté augmente, plus le prix est intéressant. Globalement, l'aspect personnalisation n'est cependant pas très poussé. On se contente globalement de valider l'amélioration que l'on remporte. Une fois upgradé à fond, les bagnoles sont largement plus performantes qu'au départ, dans tous les domaines. En course, une bonne gestion des trajectoires, des dérapages et du boost permet généralement de s'en sortir avec les honneurs. Côté conduite, si chaque voiture possède ses spécificités -certaines sont plus légères, plus rapides, plus maniables que d'autres-, la prise en main est généralement rapide. On sent que Criterion maîtrise parfaitement son sujet. Avec Most Wanted, on retrouve également les takedowns. On peut ainsi mettre hors d'état de nuire un adversaire en lui rentrant dedans. La vitesse, le point d'impact et la résistance du véhicule sont des éléments pris en compte pour déterminer le vainqueur d'un duel. Lorsque votre voiture est détruite ou se crashe, le temps se ralentit pendant quelques secondes afin de vous laisser le temps de pleurer. On est loin toutefois d'une mise en scène à la Burnout.
On n'a pas encore évoqué le sujet jusqu'ici mais la police est bien sûr de la partie. Toucher l'un de leurs véhicules, rouler à contre-sens ou trop rapidement signifie généralement le début d'une course-poursuite parfois longue de plusieurs minutes. Il existe six degrés de recherche différents. A chaque palier franchi, la difficulté augmente significativement. Si au départ, de simples barrages sont formés, par la suite, des herses sont posées sur le sol afin de crever vos pneus et des véhicules blindés très résistants vous mènent la vie dure. Un passage par le garage le plus proche s'impose alors si l'on ne veut pas se faire arrêter. En course aussi, les flics peuvent venir mettre leur grain de sel. Il suffit de les croiser pour que ces derniers vous pourchassent. A l'issue de l'épreuve, il faut alors les semer. Une mécanique dont on se passerait bien au final car elle oblige à faire des kilomètres pour un événement scripté qui se déroulait en marge de votre petite vie dans la ville. Il faut dire que les transitions entre la course et le monde ouvert sont quasiment indolores. On enchaîne le tout très rapidement.
L'objectif final de ce Need for Speed : Most Wanted, c'est évidemment de figurer en tête au classement général de la compétition que vous livrez avec vos amis. Votre place dépend du nombre de speed points accumulés. Il s'agit de points d'expérience classiques. D'un simple takedown à une course remportée, chaque action effectuée, chaque victoire obtenue dans le jeu permet de gagner de l'xp. L'expérience peut être accumulée en jouant en solo ou en multi (et même aux versions Vita ou iOS). Transition parfaite puisqu'il est grand temps d'évoquer les parties à plusieurs. Il existe quatre types d'épreuves auxquelles ont peut participer avec ses amis. Aux courses individuelles ou par équipes s'ajoutent les speed tests et les challenges. Comme l'indique son nom, le speed test est une épreuve au cours de laquelle est évaluée votre aptitude à rouler le plus vite possible. On vous demande par exemple d'effectuer un saut en prenant un maximum d'élan. Les challenges, quant à eux, testent certains aspects précis du pilotage. Déraper le plus longtemps possible sur une petite surface est un exemple d'épreuve que l'on trouve dans le jeu.
Tout l'intérêt du multi repose sur les speed lists. Il s'agit tout simplement d'une liste entièrement paramétrable de cinq épreuves que les joueurs vont devoir enchaîner. Toutes les configurations sont possibles : quatre courses et un challenge ou encore deux speed tests, deux courses et une course par équipe. Des restrictions comme le type de voiture peuvent être ajoutées. Un classement est ensuite dressé en fonction des performances afin de déterminer le vainqueur. Entre chaque épreuve, Criterion a fait le choix de conserver la structure ouverte du jeu. C'est-à-dire qu'il faut rouler un certain nombre de kilomètres pour rejoindre le point de départ de l'épreuve suivante. En soi, cela ne pose aucun problème. Le souci, c'est que certains trajets sont très longs et qu'un joueur retardataire peut vous faire attendre plusieurs longues minutes. Une fois à l'arrêt, vous avez en plus tendance à prendre les nouveaux arrivants de plein fouet, ce qui n'est jamais très agréable. Autre choix étonnant : lorsque vous disputez l'épreuve speed list, vous êtes éliminé par le moindre takedown. Comprenez par là que vous pouvez attendre plusieurs minutes sans rien faire si par malheur, on vous est rentré dedans dès le départ. Enfin et c'est encore plus embêtant, les consignes, différentes pour chaque épreuve, n'apparaissent pas clairement à l'écran. On perd parfois de précieuses secondes à chercher l'information après le compte à rebours marquant le départ d'un challenge ou d'un speed test. En prime, les énoncés ne sont pas toujours très explicites. La partie multijoueur nous a donc moins convaincue que le reste du jeu. Elle accuse quelques défauts qui risquent fort d'être encore présents à la sortie de Need for Speed : Most Wanted, le 2 novembre prochain.
Avec Most Wanted, Criterion Games est une nouvelle fois en passe de nous livrer un Need for Speed de qualité. Le travail fourni autour de l'interface et de la nouvelle mouture de l'Autolog force le respect. Rarement l'esprit de compétition des joueurs aura été stimulé de manière aussi intensive et maligne. Du coup, le plaisir de parcourir la cité de Fairhaven est sans cesse renouvelé. Pour autant, au-delà de l'instabilité du frame rate (sur consoles), on note que certains soucis alourdissent considérablement l'expérience de jeu. En particulier en multi avec les takedowns ou le manque de clarté au niveau des consignes. Il est toutefois probable qu'avec le temps, les joueurs parviennent à s'habituer au fonctionnement de ce nouveau NFS et à ses quelques défauts. C'est justement ce que l'on verra lors du test.