Initialement paru en 1996 sur Saturn, Nights : Into Dreams... est encore aujourd'hui considéré comme l'une des plus grandes réussites de Sega. 16 ans plus tard, la magie de ce titre inclassable opère-t-elle toujours ?
Le moins que l'on puisse dire de Nights : Into Dreams..., c'est que son principe n'est pas facile à expliquer. Très créatif et techniquement impressionnant pour l'époque, le soft repose en effet sur des mécanismes de jeu aussi étonnants que son scénario. Dans la veine d'un Sonic, Nights : Into Dreams... nous invite à parcourir différents niveaux à toute vitesse en récoltant au passage toutes sortes de bonus. Cependant, au lieu de se cantonner à de simples plates-formes, le joueur se déplace ici dans les airs. Il peut charger très rapidement en consommant de l'énergie, effectuer diverses acrobaties ou encore saisir les créatures qu'il croise pour les projeter devant lui. Mais l'objectif n'est pas ici de franchir une ligne d'arrivée dans un temps donné, de libérer de gentils animaux, ou de combattre des monstres. Dans la peau d'un bouffon androgyne, il s'agit en fait de récupérer des orbes pour libérer un petit garçon et une petite fille de leurs cauchemars les plus sombres.
Pas évident à décrire, Nights : Into Dreams... n'est pas simple à prendre en main non plus. L'absence de tutoriel y est évidemment pour beaucoup mais son gameplay très particulier a également de quoi surprendre. D'une part, on ne sait jamais exactement où on doit aller et d'autre part, la sensibilité des contrôles est telle que l'on doit négocier le moindre virage avec une précision chirurgicale. Difficile dans ces conditions de collecter un maximum d'orbes ou d'enchaîner les nombreux anneaux disposés sur notre parcours pour regagner de l'énergie. Par ailleurs, si notre bouffon n'a pas réussi à passer au niveau suivant dans les deux minutes en faisant exploser une sorte de grosse bulle, il redevient instantanément un simple humain incapable de voler. On doit alors guider ce dernier vers le point de départ du niveau tout en évitant le rayon d'un affreux réveil synonyme de Game Over. Enfin, le joueur doit trouver par lui-même le moyen de terrasser des boss à l'aide de techniques spéciales tous les quatre niveaux. En cas d'échec, il ne lui reste plus qu'à refaire ces derniers et tenter à nouveau d'abattre le boss.
Bluffant en 1996, Nights : Into Dreams... n'a malheureusement pas bien vieilli. Tout d'abord, on s'en doute, ses graphismes piquent les yeux. Que l'on joue sur la version d'origine atrocement pixélisée en 4:3 ou sur la version remasterisée en 16:9, les textures sont moches, la 3D est basique et les décors sont piètrement modélisés. Ensuite, le scénario n'est absolument pas valorisé. Cela pouvait se comprendre en 1996 quand la taille du disque représentait une sérieuse limitation pour les développeurs. En 2012, cependant, quelques cinématiques et autres dialogues n'auraient pas été de trop pour comprendre exactement qui sont les différents protagonistes de l'histoire et pourquoi on doit aller combattre l'horrible Wizeman the Wicked aux côtés d'un bouffon volant. Dans le même ordre d'idée, si en 1996 un manuel d'instructions de 40 pages accompagnait chaque jeu, on regrette 15 ans plus tard de devoir faire d'incessants allers-retours dans le menu pause pour apprendre à jouer. Etait-il si difficile de concevoir un petit tutoriel ?
Mais le principal handicap de Nights : Into Dreams... de nos jours est clairement son principe démodé. Long à maîtriser, déroutant, basé sur le scoring pur et la mémorisation de chaque environnement, ce dernier ne conviendra vraisemblablement plus aux joueurs de cette génération. Le sentiment de liberté que le soft procurait il y a 16 ans ne fait plus autant d'effet aujourd'hui et les contrôles optimisés pour le pad analogique Saturn sont mal fichus. Alors bien sûr, quand on passé des dizaines d'heures sur la version Saturn, on ne sera pas toujours d'accord avec cette analyse. On retrouvera le hit de notre enfance et on pourra mesurer nos scores à ceux des meilleurs joueurs de la planète grâce au classement en ligne. On réécoutera avec bonheur la bande-son mythique du soft, toujours aussi envoûtante. De plus, pour contenter les fans, Sega a inclus sous forme de bonus à débloquer la fameuse zone Forest relookée aux couleurs de Noël qui avait été distribuée en quantité limitée fin décembre 1996. Il reste néanmoins vivement conseillé d'essayer le soft avant de se délester de la dizaine d'euros qu'il coûte.
- Graphismes9/20
En dépit du charme onirique qui s'en dégage, les graphismes de la version d'origine comme de la version remasterisée sont tellement dépassés qu'ils font parfois mal aux yeux, surtout si on a le malheur de revenir au sol. L'action est très fluide mais on a souvent du mal à anticiper la suite du parcours.
- Jouabilité11/20
Particulièrement rébarbatifs pour le néophyte, les mécanismes de jeu sont aussi mal expliqués que difficiles à maîtriser. La sensation de liberté qu'ils procuraient autrefois est aujourd'hui toute relative et la nécessité absolue d'apprendre par coeur les différents parcours pour avoir une chance de réaliser les meilleurs scores réservent le soft à une catégorie de joueurs très spécifique.
- Durée de vie12/20
Une fois encore Nights : Into Dreams... souffre d'une durée de vie fort limitée avec sa trentaine de parcours répartis en 7 environnements. On apprécie de pouvoir jouer à différentes versions du soft et d'avoir des bonus à débloquer mais l'affaire sera généralement pliée en une soirée.
- Bande son16/20
Contrairement aux graphismes et à la jouabilité, la bande-son n'a quasiment pas pris une ride en 15 ans. C'est dire à quel point elle approchait la perfection à l'époque où elle a été composée.
- Scénario/
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Nights : Into Dreams... a beau avoir marqué toute une époque, il ne passionnera probablement guère les foules de nos jours. Ses graphismes comme son gameplay ont mal vieilli et ne conviennent plus du tout au public actuel. A moins d'être un fan inconditionnel du soft, on évitera de le télécharger sans l'avoir essayé au préalable.