Prendre la relève du studio Bungie avec panache, développer et pérenniser la franchise Halo tout au long des dix prochaines années, tel est le défi que les équipes de 343 Industries doivent relever. Un challenge loin d'être évident car les enjeux planant autour de la série demeurent énormes et la marge d'erreur très mince. La première étape de cette longue aventure s'appelle Halo 4, un titre initiant une toute nouvelle trilogie. A moins de deux mois de la sortie du jeu, nous avons été conviés dans les locaux de 343 Industries, à Kirkland, une petite ville située non loin de Seattle, pour découvrir en long, en large et en travers ce futur blockbuster. Campagne solo, multi coopératif (Spartan Ops) et compétitif (War Games), tous les aspects d'Halo 4 ont été abordés.
2557. Halo 4 débute quatre ans, sept mois et dix jours après les événements du troisième volet. Un laps de temps relativement court qui a néanmoins suffi pour que les rapports de force s'inversent dans la galaxie. Longtemps sur la défensive, les Humains possèdent dorénavant des technologies avancées qui leur permettent de passer à l'attaque. Côté Covenant, le chaos règne. L'alliance extraterrestre n'est plus que l'ombre de la puissante faction qu'elle fut par le passé. Partant de ce contexte, la toute première mission de la campagne solo d'Halo 4 s'ouvre à bord de l'UNSC Forward unto Dawn. Malheureusement, rongée de l'intérieur par un invité surprise, la frégate semble mal en point. Alertée par des bruits suspects, l'intelligence artificielle Cortana décide de faire appel au Master Chief, alors plongé dans un profond sommeil. A son réveil, ce dernier se rend compte que le navire est envahi par des Covenants. Ce qui va vite forcer le duo à quitter les lieux. Ainsi s'ouvre la nouvelle trilogie signée 343 Industries. Cette première mission sert évidemment de tutoriel grandeur nature au jeu. Par son caractère linéaire, elle tranche littéralement avec la suite de la campagne solo mais permet de se familiariser à nouveau avec les contrôles. Elle marque évidemment aussi vos retrouvailles avec le Master Chief.
Cette introduction en douceur permet aussi à 343 Industries d'afficher au grand jour ses ambitions. L'aventure que le studio compte proposer possède ses propres spécificités. La mise en scène s'avère par exemple bien plus soignée qu'auparavant. On distingue de suite un vrai savoir-faire à ce niveau qui sert pleinement le jeu en facilitant l'immersion du joueur. Par ailleurs, le ton se fait plus sombre, collant ainsi avec une direction artistique relativement mature. Les développeurs parlent aussi d'une narration plus fine. Difficile de juger ce point pour le moment même si on sent une réelle application au niveau de l'écriture des dialogues. Le studio cherche notamment à creuser le lien singulier qui unit Cortana et le Master Chief. A une échelle plus globale, l'histoire devrait pleinement bénéficier de cette volonté d'approfondir les relations entre les personnages. La partie sonore semble pour sa part très réussie également avec notamment, un boulot assez incroyable au niveau du sound design. Pour le reste, ce début d'aventure s'appuie sur les mécaniques traditionnelles de la série.
Tous ces points forts, on les retrouve également dans la mission 3, la deuxième que nous avons pu parcourir de bout en bout. Cette fois, on renoue avec ce gameplay «sandbox» un peu plus ouvert, ce level design plus travaillé qui a fait le succès des précédents volets. Les environnements cloisonnés du Forward unto Dawn cèdent leur place à des espaces suffisamment grands pour être explorés à bord de véhicules. Volontairement, nous avons choisi de détailler le contenu de cette mission et de vous laisser découvrir seul de quoi il en retourne. En revanche, on se permettra de préciser que c'est à ce moment-là que vous croisez pour la première fois la route des Prométhéens, ces guerriers protecteurs de la civilisation Forerunner. Vous le savez peut-être déjà si vous suivez l'actualité du jeu, il s'agit là des fameux nouveaux ennemis dont 343 Industries parle à mots couverts depuis de longs mois maintenant. Ni monstres, ni robots, les Prométhéens ne ressemblent en rien aux adversaires que vous avez croisés par le passé. Ils bénéficient des technologies très avancées de leur civilisation et se montrent beaucoup plus intelligents que l'oppresseur Covenant.
Pour matérialiser cela lors des combats, 343 Industries a dû complètement retravailler l'intelligence artificielle des ennemis. Pour une fois, cette affirmation ne tient pas uniquement du slogan marketing. Cette évolution se ressent réellement dans le jeu. Les Prométhéens se déplacent rapidement, de manière fluide, se replient quand il faut et s'entraident même lorsque la situation le nécessite. Ainsi, les Watchers qu'on pourrait comparer à des sortes de petits drones volants, apportent un soutien tactique aux Kinights qui sont eux plus grands, plus résistants, mieux armés que leurs congénères. Concrètement, cela signifie que ce dernier se voit protégé par un bouclier très solide tant que son allié vole au-dessus de lui. Pire ou mieux, c'est selon, les Watchers ressuscitent les Knights tombés au combat. Évidemment, cela modifie complètement la manière dont vous devez appréhender les affrontements. Tout est plus tactique. Il faut impérativement éliminer ces Prométhéens aériens avant d'envisager une attaque frontale des autres adversaires. Une tâche peu évidente car les Watchers fuient, se cachent, renvoient les grenades - on peut d'ailleurs essayer de leur faire lâcher ces dernières sur le champ de bataille - et sont beaucoup moins évidents à shooter du fait de leur petite taille. On gaspille souvent un nombre considérable de munitions avant d'en arriver à bout. Et c'est à ce moment précis que le Knight vous tombe sur le coin du visage. Celui-ci se montre précis à distance mais il peut aussi être très efficace au corps-à-corps. Il sait également se téléporter pour couper court à une rafale d'arme automatique. Les Crawlers, des sortes de félins capables de se déplacer sur les murs sont, eux, plus faciles à tuer. Du moins, lorsqu'ils ne sont pas trop nombreux. Leur point faible au niveau du visage les rend relativement vulnérables.
Il faut noter par ailleurs qu'il existe plusieurs classes pour chaque type de Prométhéen. A chaque palier, le challenge devient ainsi plus ardu. C'est d'ailleurs là l'un des points qui nous a le plus frappé lors de notre session de jeu en solo. Halo 4 affiche une difficulté nettement accrue par rapport à ses prédécesseurs. Le jeu est dur, voire très dur par moment. Et ce, dès la mission 3 et en mode normal ! Il faut recommencer certaines séquences plusieurs fois avant de réussir à les franchir. Une preuve supplémentaire que l'IA des ennemis a bel et bien été travaillée dans le sens annoncé. Dans certaines situations, il arrive que Prométhéens et Covenants se livrent bataille. Pour avoir observer ces affrontements de loin pendant plusieurs longues minutes, nous pouvons affirmer que tout cela n'est que pure mise en scène. Sur notre version forcément non définitive du jeu, impossible de les laisser s'entretuer. En revanche, dès lors que vous ouvrez le feu sur l'un d'entre eux, tout le monde se retourne contre vous. Ce qui peut compliquer la situation car ces deux adversaires ne se battent pas de la même manière. Les Covenants vous débusquent de façon directe pendant que les Prométhéens adoptent des stratégies plus fourbes.
Côté armement, l'arrivée de nouveaux ennemis donne accès à un arsenal plus varié qu'à l'accoutumée. Visuellement, les armes affichent toutes ce petit détail qui vous permet de connaître leur nature (fusil à pompe, arme automatique...) au premier coup d'œil. Malgré tout, leur design reste original. La patte artistique s'avère d'ailleurs très séduisante. On apprécie aussi les animations lorsque les armes se rechargent. Mine de rien, cela apporte une touche de fraîcheur non négligeable à une série qui peinait un peu à se renouveler. Globalement, elles possèdent un fonctionnement relativement classique. Le Boltshot est ainsi l'équivalent d'un flingue de base, précis mais peu puissant (sauf si on charge le tir). Plus massif, le Supressor fait office de grosse mitraillette peu précise mais à la cadence de tir élevée. Beaucoup plus élancée et élégant, le Lightrifle permet un shoot efficace autant à moyenne qu'à longue distance. Mais l'arme la plus singulière rencontrée dans notre partie était sans conteste la grenade Pulse. Cette dernière explose une première fois, créant un champ circulaire magnétique autour d'elle avant d'éclater une deuxième fois brusquement, quelques secondes plus tard. La mort est alors instantanée pour celui qui se trouve piégé. Pour ce qui est des contrôles, on retrouve avec Halo 4 cette fluidité, cette accessibilité qui a permis à la série de démocratiser le FPS sur consoles. Concernant la campagne solo, 343 Industries est donc bien parti pour relever la difficile tâche qui lui incombait. A savoir succéder à Bungie.
Question multi, l'ensemble se présente aussi plutôt bien, à l'image du mode Spartan Ops. On vous rappelle que celui-ci vous permettra de jouer en coopération (à quatre) à une nouvelle campagne, découpée en plusieurs saisons (la première sera gratuite). Chaque semaine, un épisode - soit cinq missions - sera proposé en téléchargement sur le Xbox Live Arcade. Scénaristiquement relié à la campagne solo, ce mode disposera d'une histoire et de cinématiques propres. Il se concentrera sur la vie de l'escouade Majestic, une équipe voyageant à bord de l'UNSC Infinity. Lors de notre session de jeu, nous avons pu découvrir les deux premières missions du premier épisode. Elles s'avèrent très classiques dans leur déroulement. A chaque fois, des objectifs vous sont fixés comme détruire tant de tourelles ou éliminer tel ou tel ennemi. Dans notre cas, les deux maps, façon arènes fermées sur le thème grand canyon aride, se sont montrées assez vastes pour qu'on ait la possibilité de conduire divers véhicules à l'intérieur. Il existe donc une certaine liberté de mouvement. Les objectifs étant très simples, du moins au départ, les missions se terminent en une dizaine de minutes. On pourrait donc les qualifier d'encas agréables.
Bien entendu, l'aspect multijoueur compétitif – baptisé War Games – tient lui aussi une place essentielle dans Halo 4. Quelques nouveautés sont d'ailleurs à prévoir comme le mode Dominion. Il s'agit d'une sorte de mode Domination mais légèrement complexifié. En gros, une fois une zone capturée, vous pouvez rester dans celle-ci pour la fortifier. Elle sera alors plus longue et plus difficile à prendre. En continuant de l'occuper, vous réalimenterez cette fois les alentours du bâtiment en armes pour vos équipiers. De quoi pimenter les rencontres ! Le mode Régicide s'apparente lui à un match à mort classique. Exception faite que cette fois, assassiner le premier du classement, celui qu'on appelle le roi, rapporte plus de points qu'éliminer un autre joueur. La position du leader est en plus visible en permanence par tout le monde du fait d'un indicateur placé au-dessus de sa tête. Voilà qui promet une véritable chasse à l'homme. Pour sa part, le mode Infinity Slayer (anciennement Team Slayer) arbore des règles différentes des matchs à mort par équipe traditionnels d'Halo. Cette fois, vous gagnez des points pour l'équipe mais aussi pour vous. Une jauge qui vous est propre se remplit en fonction de vos actions. Une fois pleine, elle vous donne droit à des récompenses pendant le combat, comme des armes ou des améliorations (boost de dommage, de défense ou de vitesse). Notons par ailleurs que votre profil multijoueur, valable pour les modes Spartan Ops et War Games, accumule de l'expérience à chaque partie. Le jeu comportera de base cinquante niveaux plus dix supplémentaires permettant de se spécialiser dans une branche spécifique. Enfin, vous pouvez personnaliser complètement votre Spartan de la tête aux pied et créer votre propre classe hybride en modifiant votre paquetage. Ce dernier se compose d'une arme principale et secondaire, d'une grenade et de trois capacités ou améliorations liées à votre armure notamment.
Avec Halo 4, la série ne fait pas sa révolution, elle évolue. Dans le bon sens serait-il bien de préciser. Tout en restituant ce qu'attendent les fans de la franchise, 343 Industries parvient à introduire de manière subtile et en toute cohérence avec le scénario, de nouveaux éléments renouvelant significativement l'expérience de jeu. A eux seuls, les Prométhéens font franchir un nouveau cap à la campagne solo en termes de gameplay. Celle-ci bénéficie en plus d'une mise en scène, d'une écriture et d'une partie sonore de grande qualité. Avec son contenu qui s'annonce particulièrement dense pour les amateurs de multi compétitif ou coopératif, Halo 4 s'impose déjà comme un FPS ultra complet. A moins de deux mois de la sortie de leur production, 343 Industries est donc bien parti pour frapper un grand coup !