Pendant la Seconde Guerre mondiale, Staline avait formé une armée d'officiers appelés "unités militaires pénales". Ce bataillon était constitué d'hommes condamnés par la justice martiale pour crime, voire incompétence, ce qui s'avérait être un terme très large sous Staline. Afin de se réhabiliter, ils étaient envoyés dans des opérations extrêmement dangereuses, proches de missions suicides. Ce sont ces hommes que vous allez devoir incarner pendant la campagne de Condemned Heroes et ce n'est pas une sinécure.

Comme d'habitude, ce Men of War se base sur un respect scrupuleux de l'Histoire, dans les moindres détails. Outre la trame de base, vous retrouverez les armes et véhicules d'époque, impliqués dans les batailles qui auront marqué cette guerre. Condemned Heroes sera donc un voyage en terrain connu, d'autant qu'on retrouve bien évidemment la même interface (à quelques détails près) et le même gameplay qu'auparavant. Vous dirigez une escouade d'une dizaine de têtes téméraires, face à des ennemis (allemands) souvent beaucoup plus nombreux et mieux protégés. Vous devez donc mener vos hommes avec précision en faisant attention à chaque clic, car un faux mouvement peut avoir de très grosses répercussions sur la réussite de votre mission. Chaque vie compte et la perte d'un seul troufion est souvent tragique. Ainsi, chacune de vos avancées devra prendre en compte plusieurs facteurs, comme la portée des armes adverses, les arbres et rochers derrière lesquels vous pouvez vous dissimuler, ou la couverture offerte par les tirs alliés. Si par malheur une balle parvient tout de même à se loger dans votre mollet musclé, des kits de soin permettent de tenir le coup avant le prochain assaut.

Evidemment, il va falloir gérer l'inventaire de chacun de vos hommes sur le terrain. S'ils peuvent porter un nombre incroyable d'objets sur eux (des obus de tank ? Pas de problème !), certaines munitions, ou encore les grenades, viendront à manquer si vous ne fouillez pas le corps de vos victimes, voire de vos compatriotes tombés au combat. Cette attention portée à la gestion de votre inventaire est tout aussi importante lorsque vous contrôlez un véhicule, que ce soit un blindé ou un transport. Il serait idiot de tomber en panne d'essence face à un bataillon allemand n'est-ce pas ? Il faudra aussi prendre en compte le blindage de votre véhicule, qui influencera les dégâts pris par les attaques ennemies. A noter que les fans d'Histoire seront ravis de retrouver les chars allemands Tigre et Panther, ou encore le T34. Il en va de même pour les armes, bien entendu d'époque. Tout aussi sympa : la possibilité de détruire pratiquement tout le décor, surtout quand vous disposez d'engins explosifs. Ainsi, débusquer des soldats ennemis en faisant sauter leur cachette est un vrai bonheur. Toutefois, notez que ce genre de mésaventure peut aussi arriver à vos hommes.

Si jusque-là, nous dressons un tableau plutôt sobre de Condemned Heroes, il faut toutefois s'assurer que vous compreniez bien une chose : il s'agit d'un jeu extrêmement difficile. La possibilité de sauvegarder quand vous le voulez est loin d'être inutile tant vous devrez recommencer certains passages des dizaines de fois pour vous en sortir avec le plus d'hommes possible. Malheureusement, un titre hardcore n'est pas toujours une bonne chose, surtout quand une partie de vos morts semble directement causée par des facteurs indépendants de votre volonté, comme l'intelligence artificielle. Parfois, lorsque vous demanderez à un soldat d'aller à un point B, il passera par des endroits que vous n'aviez jamais imaginés, se mettant à découvert bêtement. Accessoirement, les soldats alliés contrôlés par l'IA sont parfois bien cruches, allant même jusqu'à se suicider sur les balles adverses sans raison. D'un autre côté, les ennemis ne sont parfois pas mieux lotis et ne réagiront pas toujours à ce qui se passe autour d'eux. Pourtant, l'explosion d'une grenade qui démembre trois de vos potes à cinq mètres de vous a de quoi être quelque peu alarmant. Bref, vous serez souvent témoin d'énormités à vous en faire bouffer un clavier de rage.

Plus dommageable encore : la répétitivité des missions qui vous voient régulièrement prendre des tranchées, voire les défendre, ou encore attaquer une base ennemie. Bien que nous soyons tous d'accord pour dire que la Seconde Guerre mondiale n'était pas vraiment le théâtre de l'entertainment et de l'amusement, cette redondance risque d'affaiblir votre appétit de gamer au fil des heures, malgré la présence de missions bonus. En dépit d'un sujet somme toute intéressant, Condemned Heroes peine à reproduire le succès des précédents "épisodes" de la série (Vietnam mis à part). Si les fans absolus et masochistes retrouveront avec plaisir un gameplay hardcore, certains défauts restent trop conséquents pour le commun des mortels, et les "néophytes" fans du genre devraient plutôt s'orienter vers un précédent épisode.