Les anciennes gloires du jeu vidéo continuent de nous revenir en profitant d'un travail de restauration. Que ce soit par le biais de compilations ou sous forme de téléchargements, le résultat reste le même : faire connaître à toute une génération de joueurs des titres importants ayant marqué notre microcosme. Bien entendu, le rapport somme de travail / argent amassé étant plutôt intéressant pour les éditeurs, ces derniers auraient tort de s'en priver...
Militant depuis toujours pour de l'infiltration cinématographique, Metal Gear a prouvé qu'on peut mélanger action à grand spectacle, infiltration et scénario profond. Loin d'être exempte de défauts, la saga de Kojima aura néanmoins permis de proposer une autre vision du jeu vidéo en s'affranchissant des codes mis en place tout en permettant à celui qui tient la manette de se questionner en tant que spectateur, joueur et individu. De fait, cette compilation HD, au-delà de l'opportunité financière pour Konami, constitue un formidable témoignage dans le sens où Hideo a toujours tenu à faire évoluer sa série en ne se reposant par sur ses acquis. Si l'on regrettera l'impasse sur le tout premier épisode, ou du moins le remake sorti sur GameCube, on se satisfera de deux épisodes emblématiques, tant dans les directions artistiques empruntées que dans l'aspect scénaristique.
Deux, vous avez bien lu, car Konami a cru bon de passer sous silence Metal Gear Solid Peace Walker sur Vita. On appréciera la décision, d'autant que le prix de vente est quasiment identique à celui pratiqué sur PS3 et Xbox 360. En somme, le seul moyen pour le possesseur de Vita de goûter aux joies de Peace Walker sera de l'acheter sur le PSN pour le prix peu modique de 19,99 euros, ce qui demande donc de débourser environ 50 euros pour les trois jeux. Une honte, nous sommes d'accord ! Au-delà de ces questions financières, revenons, voulez-vous, sur Metal Gear Solid 2 et Metal Gear Solid 3. Rappelons que ces deux segments restent très différents dans les directions empruntées, ceci leur valant d'ailleurs un soutien immodéré de la part des fans généralement en désaccord sur la qualité intrinsèque de ces deux jeux. Si on excepte ces «polémiques», il convient avant tout de se rappeler que chaque Metal Gear Solid se suffit à lui-même et propose une aventure différente bien que régie par des règles immuables, synonymes de dizaines d'easter eggs, de trouvailles de génie ou de mise en scène impliquée.
Que ce soit à travers une réflexion sur la génétique ou une aventure se déroulant durant les années 60, MGS 2 & 3 ont réussi à braver le temps avec une grâce insolente. Ainsi, si MGS 2 posait les bases d'un gameplay Solid(e), MGS 3 franchissait une nouvelle étape, surtout à travers sa version Subsistence proposant une gestion libre de la caméra. Une énorme avancée pour la série et le joueur. De Subsistence, Snake Eater récupérera également les deux premiers Metal Gear sortis sur MSX qu'on retrouve «bien entendu» sur cette compilation. Si on rajoute les différents modes de jeu et les missions annexes des épisodes PS2, la longévité de la compilation reste donc très bonne malgré l'absence de l'épisode PSP. Sur le plan de la réalisation par contre, on sera un peu plus dubitatif dans le sens où, comme à l'accoutumée, la seule nouveauté est synonyme de graphismes HD. Cependant, difficile de s'attarder là-dessus vu que ces écueils sont généralement communs à toutes ces collections. Ce qu'on retiendra davantage est la dimension épique des MGS proposés, qui à elle seule offre une légitimité à cette compilation. Certes, le minimum syndical est assuré, aussi bien en termes de contenu que de gameplay, mais on aurait tort de s'en priver malgré tout.
- Graphismes16/20
Dans la grande tradition des Collection HD, les graphismes des deux jeux ici présents n'ont rien de sensationnels. Néanmoins, le travail de dépoussiérage est honnête pour deux jeux PS2. Notons tout de même que MGS 2 & 3 arrivent, encore aujourd'hui, à tenir la dragée haute à quelques ténors du genre grâce à leur mise en scène inspirée, digne héritière de leurs homologues cinématographiques.
- Jouabilité15/20
Il n'est pas aisé de se faire à la jouabilité d'un Metal Gear Solid mais une fois passé le petit temps d'adaptation, on prendra un plaisir certain à survoler les trois épisodes proposés. Ceci est encore plus vrai quand on sait que la version de Snake Eater dispose du système de caméra manuel de MGS 3 Subsistence. Par contre, on notera que les développeurs ont eu l'intelligence de ne pas utiliser inutilement les capacités de la Vita, exception faite de l'écran tactile pour, notamment, accéder aux menus d'action rapide. On pourra trouver ceci un peu étrange mais dans l'absolu, cette prise de position a le mérite de ne pas parasiter le gameplay des deux jeux.
- Durée de vie15/20
Si vous optez pour un haut niveau de difficulté et que vous vous amusez à trouver la pléthore d'easter eggs présents dans chacun des épisodes, vous en aurez pour de nombreuses semaines de jeu. On regrettera néanmoins que Konami ait cru bon de ne pas inclure MGS : Peace Walker.
- Bande son17/20
La cohérence du doublage anglais d'un épisode à l'autre accentue énormément l'immersion tout comme la qualité des musiques, devant beaucoup à Harry Gregson-Williams qui s'était chargé du boulot sur MGS 2 & 3. Si le spectre de Hans Zimmer plane indubitablement au-dessus du travail de son poulain, difficile de critiquer l'aspect musical tant ce dernier apporte aux épisodes ici proposés.
- Scénario16/20
Bien que très différent d'un épisode à l'autre, le scénario d'un Metal Gear Solid représente sans conteste un de ses points forts. Il est d'ailleurs impossible de dire avec certitude quel segment s'en sort le mieux, votre sensibilité et vos centres d'intérêt jouant énormément dans cette appréciation.
Si la compilation s'avérait indispensable sur PS3 et Xbox 360, elle devient simplement intéressante sur Vita, la faute à la politique honteuse de Konami. En effet, la société japonaise a cru bon de virer Peace Walker de la compilation, sûrement pour ne pas faire d'ombre à la version dématérialisée du jeu vendu 19,99 euros sur le PSN ! En résulte un sentiment de frustration, d'autant que le prix, quasiment identique à celui des versions précitées, n'est plus vraiment légitimé. Toutefois, si le travail effectué est encore réduit à sa plus simple expression, les épisodes proposés restent emblématiques et méritent qu'on s'y attarde. En somme, Metal Gear Solid HD Collection est bel et bien une friandise, mais avec un léger parfum de trahison...