Annoncé en grande pompe par Square Enix, son éditeur, Heroes of Ruin a choisi l'Europe comme premier terrain de chasse pour tester son efficacité auprès des possesseurs de 3DS. Mettant en avant son aspect communautaire avec la possibilité de partir explorer les donjons du jeu avec trois autres mercenaires, ce hack'n slash constitue une bonne entrée en matière pour ceux qui souhaitent découvrir le genre.
Ne s'éloignant que très peu des poncifs de l'heroïc-fantasy, l'univers de Heroes of Ruin prend place dans un monde teinté de magie, de sauvagerie et de technologie. Durant tout le demi-siècle qui a suivi la grande guerre de Ruin, le sage Ataraxis protégea Nexus, la cité de la sorcellerie, seul sanctuaire d'espoir dans le monde dévasté de Veil. Jusqu'au jour où une malédiction s'abattit sur celui que l'on nomme également le seigneur Sphinx, incitant des braves à partir des quatre coins du royaume pour tenter de lui porter secours. Vous faites justement partie de ces mercenaires ayant embarqué à bord de frêles voiliers pour rallier la cité de la sorcellerie. Votre aventure commence peu après qu'un Léviathan ait fait sombrer votre navire dans les abysses, alors que vous rejoignez le rivage en compagnie de quelques survivants inconscients des épreuves qui les attendent.
Inutile de paniquer pour autant, la campagne n'a rien de bien terrifiant dans la mesure où le niveau de difficulté est calibré de manière à permettre aux plus néophytes de découvrir le dénouement de l'histoire. Concrètement, notre personnage acquiert très vite un certain nombre de talents qui le rendent réellement surpuissant, quelle que soit sa classe, ce qui fait que plus on avance dans le jeu, plus l'aventure devient une réelle promenade de santé. Il s'agit là d'un des gros points noirs du soft qui semble avoir franchi la limite à ne pas dépasser entre accessibilité et simplicité. Heureusement pour lui, le jeu se révèle suffisamment captivant pour que l'on ne décroche pas avant la fin, mais à aucun moment vous ne frémirez à l'idée de trépasser en vous aventurant un peu trop loin en terre inconnue. Les potions jaillissent de partout et ne servent pourtant que peu, surtout lorsqu'on dispose d'un personnage bénéficiant de techniques de régénération. Les pièces d'équipement se récupèrent en abondance, ce qui évite de dépenser des fortunes chez l'armurier. Après quelques heures de jeu, on s'enrichit tellement qu'on se rend compte que la limite de pièces d'or, fixée à 99.999, est insuffisante. On perd donc inutilement du temps dans l'inventaire pour ne conserver que l'essentiel, ce dernier se révélant aussi lourdingue que peu ergonomique. Dommage, car le nombre important d'items utilisables dans le jeu et le stockage limité rendent la gestion de l'équipement aussi fastidieuse qu'indispensable, et c'est un point qui aurait sans doute pu être amélioré.
Rassurez-vous, Heroes of Ruin possède aussi un grand nombre de qualités et compense notamment sa réalisation moyenne par une gestion de la 3D franchement réussie. Les effets de profondeur en 3D stéréoscopique sont vraiment bluffants et donnent un cachet particulier aux donjons qui, sans cette option, n'auraient vraiment rien d'exceptionnel. La multiplicité des pièces d'équipement permet de personnaliser régulièrement l'apparence de son héros, malgré un choix de portraits fort réduit lors de sa création. Quatre classes différentes sont proposées : le rugisseur, le pistolero, l'alchitecte et le sauvage. Le rugisseur ressemble à un imposant félin se tenant sur deux pattes et manie une énorme épée. L'histoire veut qu'il ait été exclu de sa congrégation et ait fait vœu de pénitence. Pour se racheter, le rugisseur a décidé de se battre au nom de la justice et est capable aussi bien de terrasser ses adversaires au corps-à-corps que de soigner ses compagnons. Il s'agit d'une classe polyvalente et facile à jouer. Nettement plus gigantesque et brutal, le sauvage ne fait pas dans la finesse et aime à se mettre en première ligne pour essuyer les attaques ennemies sans frémir. Banni de sa tribu, il cherche à retrouver suffisamment de pouvoir pour retourner parmi les siens. Spécialisé dans les attaques à distance, le pistolero affectionne quant à lui les armes à feu et les explosifs et se bat avec un flingue dans chaque main. Son passé reste méconnu mais mieux vaut ne pas trop chercher à entrer dans l'intimité de cet ancien criminel redoutable. Enfin, l'alchitecte est une apprentie sorcière venue d'une académie lointaine qui s'est spécialisée dans la ruse. Elle emploie des sortilèges destructeurs capables de décimer les hordes d'ennemis par groupes entiers.
Ces quatre classes de mercenaires étant parfaitement complémentaires, tout est fait pour inciter le joueur à partir batailler en groupe avec des amis en local ou en s'alliant avec d'autres joueurs online. Le jeu se révèle d'ailleurs très flexible à ce niveau-là puisqu'on peut tout à fait commencer la campagne en solo, la poursuivre en multijoueur avec des invités, avant de rejoindre la partie d'un autre joueur, puis de revenir au solo. L'hôte reste néanmoins tributaire de ses compagnons qui doivent impérativement se rassembler autour de lui pour lui permettre de valider ses quêtes. On note aussi la présence de lag sans compter le manque de lisibilité de l'action lorsque trop de sortilèges sont lancés à l'écran. Les ennemis se font plus nombreux et plus redoutables qu'en solo, mais le chat vocal est autorisé et les joueurs peuvent tout à fait s'échanger des objets via StreetPass. Des défis quotidiens seront proposés continuellement durant toute l'année suivant la sortie du soft, permettant d'acquérir suffisamment de vaillance pour obtenir diverses reliques. Cela dit, et d'une manière générale, la multiplicité des items évoquée plus haut n'est pas forcément un atout pour ce titre qui déborde d'objets peu utiles ou trop similaires, ce qui est vrai aussi au niveau des talents propres à chaque classe. Sachant qu'on ne peut assigner que trois raccourcis aux pouvoirs, on a tôt fait de repérer quels sont les plus utiles pour mettre tous les points dedans à chaque montée de niveau. Avec une durée de vie avoisinant les 8 à 10 heures, Heroes of Ruin est un soft accrocheur que l'on fait d'une traite mais sur lequel on ne revient pas forcément, même en multi. Un choix de niveaux de difficulté aurait pu relancer son intérêt sur le long terme en corsant un peu le challenge, mais l'option n'est malheureusement pas de la partie.
- Graphismes14/20
Le rendu 3D stéréoscopique est franchement bluffant et réussit à donner un cachet particulier aux environnements. Les donjons n'ont pourtant rien d'exceptionnel, ni dans leur réalisation, ni dans leur level design, et auraient gagné à être plus labyrinthiques. Les choix d'apparence sont très limités lors de la phase de création des héros, mais les pièces d'équipement permettent de les personnaliser davantage par la suite.
- Jouabilité13/20
Si le gameplay est à la fois efficace et conventionnel, le soft est surtout pénalisé par son manque cruel d'ergonomie dans les menus. La gestion de l'inventaire se révèle vite fastidieuse et finit par nuire au plaisir de jeu. Beaucoup de talents se révèlent également inutiles et le lag survient parfois lors des parties en multi. Les quatre classes de personnages sont en revanche suffisamment complémentaires pour justifier les parties à plusieurs, et suffisamment différentes pour nous donner envie de tester la campagne avec les quatre mercenaires.
- Durée de vie12/20
Si la campagne peut compter sur sa grande flexibilité (on peut passer à tout moment du solo au multi en ligne ou en local), elle se révèle trop facile et ne dépasse pas les 8 à 10 heures. Le jeu aurait gagné à proposer différents modes de difficulté et rien n'incite vraiment à y retourner, si ce n'est l'ajout quotidien de défis proposés.
- Bande son13/20
Entièrement doublé en français, Heroes of Ruin nous laisse un sentiment mitigé sur ce doublage qui se révèle extrêmement inégal au final. Qu'il s'agisse des répliques des héros ou de celles des NPC, les voix s'avèrent tantôt sympathiques, tantôt complètement loupées. C'est également valable pour les cinématiques, même si les dernières rattrapent un peu le tout. Bruitages et musiques sont plus discrets mais aussi plus convaincants dans l'ensemble.
- Scénario14/20
Le scénario est plutôt habilement mené, bien que prévisible, et même si la narration est mise en scène de façon un peu cheap, elle reste l'un des moteurs de l'aventure. Les quêtes optionnelles sont assez diversifiées, bien que très conventionnelles dans leurs objectifs.
On attendait peut-être un peu trop de la part de ce premier hack'n slash développé sur 3DS et on se retrouve finalement en présence d'un titre sympathique mais peu marquant. Trop facile, même en solo, Heroes of Ruin s'apprécie pourtant d'un bout à l'autre mais son manque de challenge rend l'expérience de jeu peu trépidante et réduite sur le long terme. Reste un multijoueur très bien pensé qui s'intègre parfaitement à la campagne mais qui ne suffit pas à rendre le soft incontournable.