Souvent considérés comme des jeux de niche, les Atelier continuent leur petit bonhomme de chemin depuis bientôt 15 ans. Alors que nos amis nippons s'apprêtent à plonger dans le chaudron d'Atelier Ayesha, nous recevons tout juste l'épisode précédent dans notre chère besace. Mais trêve de bavardages et voyons ce que nous réserve la petite Meruru.
Cela fait maintenant belle lurette que la série des Atelier a pris pour habitude de mélanger phases d'alchimie et éléments de jeux de rôle. Si Meruru se pose comme un digne héritier du genre pour le plaisir des fans, il essaie tout de même d'incorporer de nouveaux éléments qui risquent d'avoir un réel impact sur la saga. Rassurez-vous, vous allez tout de même voyager en terrain connu, surtout après avoir intégré la trame principale. Meruru est le nom de la jeune princesse que vous contrôlez, une petite ingénue qui n'a qu'un seul rêve : devenir alchimiste. Malheureusement, ce n'est que très moyennement au goût de son père, Lord Dessier, qui gère le petit royaume d'Arls. Heureusement pour Meruru, cet entêtement va la mener à passer une sorte de contrat : si elle arrive à faire évoluer le royaume grâce à l'alchimie sur une période de trois ans (son passage à l'âge adulte), elle sera autorisée à vivre son rêve.
Si on n'a pas pour habitude d'être divinement retourné par le scénario des Atelier, il faut bien avouer que celui-ci sent encore un peu trop le réchauffé. C'est d'autant plus gênant que les deux ou trois premières heures servent à mettre en place cette trame bourrée de personnages clichés et de déjà-vu. Le rythme est régulièrement cassé et les dialogues sont parfois pénibles, dans une saga qui nous a habitués à mieux dans ce domaine. L'entrée en matière n'est pas des plus agréables, et on commence à s'inquiéter sur la tournure que pourrait prendre cet épisode. Toutefois, il serait fort idiot de s'arrêter ici, puisque ce serait rater les quelques nouveautés qui font le sel d'Atelier Meruru. L'élément le plus novateur est sans doute l'intégration d'un aspect gestion. En réussissant certains objectifs, vous gagnerez des Development Points que vous pouvez utiliser pour accroître le royaume en construisant de nouvelles infrastructures. Non seulement cela vous permet d'accroître la prospérité d'Arls, mais de plus, vous gagnez de nombreux bonus, comme des réductions en magasins ou une aide à la croissance de vos compétences, par exemple.
Cela est d'autant plus important que pour réussir votre objectif final, il vous faut rameuter le plus d'habitants possible à Arls. Plus la ville s'agrandit, plus la population augmente. Mais si vous voulez vraiment que le royaume devienne le lieu où tout le monde veut résider, il va aussi falloir faire attention à votre réputation. Pour cela, vous devez très régulièrement aider vos sujets en remplissant des quêtes disponibles à la taverne. En règle générale, il vous suffit de créer des objets ou d'aller occire des monstres par-ci par-là pour remplir une mission, ce qui vous rapporte quelques piécettes en passant. De temps en temps, ce sont des NPC rencontrés lors de vos pérégrinations qui feront appel à vos services, quand vous ne recevrez pas directement les demandes dans votre boîte aux lettres ! Si ça, ce n'est pas être à l'écoute du peuple ! Cela dit, on est parfois en droit de s'étonner quand un soldat en armure demande à une jeune princesse d'aller dans une zone hostile pour tabasser de dangereux lapins pendant qu'il reste là planté comme un piquet. Bon, on va mettre ça sur le côté guilleret et enfantin du titre. Quoi qu'il arrive, pour réussir vos quêtes, il va falloir passer par deux éléments importants de gameplay : l'exploration et l'alchimie.
Commençons par ce dernier point, qui n'a d'ailleurs pas vraiment évolué. Grâce aux ingrédients dont vous disposez, vous pouvez tenter votre chance sur une recette acquise au préalable. Plus la recette est difficile, plus vous risquez l'échec, ce qui détruit tous les objets utilisés dans le processus. Oui, ça fait mal. Notez que la qualité des ingrédients aura une importance capitale dans le résultat de votre synthèse. Quand on sait que les objets que vous avez sur vous se détériorent au fil du temps, on apprécie d'autant plus la possibilité d'en placer dans un coffre qui les conserve. Toujours selon les ingrédients, les objets créés peuvent disposer de caractéristiques supplémentaires, même s'il faudra faire un choix puisque l'ajout de bonus (appelés Traits) vous coûte des Cost Points. Pour compliquer les choses, le nombre de Cost Points disponibles pour chaque création dépend aussi des items utilisés et de leur qualité. Enfin, si vous n'êtes pas un habitué de la série, sachez que l'alchimie sert également de forge puisque vous pouvez créer des armes, équipements et accessoires, à partir du moment où vous avez les bons ingrédients. Et pour trouver ces derniers, il va falloir vous lancer dans le deuxième élément important de gameplay, l'exploration.
A tout moment, il vous est possible de quitter votre ville pour gambader dans les zones alentour. Vous pouvez ainsi récupérer de nouveaux ingrédients à même le sol pour vos prochaines synthèses. En nettoyant une zone entière, il vous arrive souvent de découvrir de nouvelles portions encore plus riches en items. D'ailleurs, certains ingrédients rares ne sont accessibles qu'à un seul endroit, et ceci seulement après y avoir réussi une quête. Malheureusement, vous ne pouvez pas crapahuter tranquillement les mains dans les poches puisque les lieux que vous traversez sont peuplés de monstres belliqueux. L'occasion de découvrir un système de combats au tour par tour volontairement classique, qui intègre un système à la Final Fantasy X : une timeline à droite de l'écran vous indique dans quel ordre frapperont alliés et ennemis, et un curseur vous montre où se placera chaque personnage après sa prochaine action. Idéal pour savoir quand préparer sa défense ! Notez que si Meruru (ou tout autre alchimiste) peut utiliser des objets en plein combat, d'autres compagnons ont accès à des compétences qui nécessitent la consommation d'une barre de magie.
Ainsi, il ne faut pas s'attendre à un système de combats qui révolutionnera le genre, d'autant que les Ateliers se sont toujours appliqués (et encore plus depuis les deux derniers épisodes), à simplifier cet aspect du jeu pour que votre esprit se tourne principalement vers l'alchimie. Cela est d'autant plus remarquable qu'au final, votre pire ennemi restera le temps qui passe. A chaque fois que vous vous déplacez, ou que vous vous essayez à la création d'objets, les jours défileront, vous approchant de plus en plus de l'échéance de la quête principale. Il va donc falloir veiller à éviter les allers-retours inutiles, et surtout, à ne pas essayer des recettes trop compliquées pour votre niveau, même s'il existera toujours des petits tricheurs qui tentent des créations compliquées et qui rechargent la partie en cas d'échec. Au final, Atelier Meruru apporte assez de fraîcheur pour se démarquer de son prédécesseur, sans pour autant justifier une meilleure note, la faute à une certaine stagnation dans plusieurs éléments, à commencer par le scénario et le rythme du titre. Il n'empêche que si vous êtes fan de la saga, vous ne serez pas déçu.
- Graphismes12/20
Gust n'a pas vraiment oeuvrer pour faire d'Atelier Meruru une claque visuelle. On s'en doutait un peu. Comme d'habitude avec la série, les environnements manquent totalement de vie et d'identité, hormis la ville principale (et encore).
- Jouabilité15/20
Les petits éléments de gestion sont bienvenus pour donner un coup de fraîcheur à l'univers des Ateliers. Certes, tout comme les phases d'exploration et le système de combats, on se contente du minimum pour s'atteler à l'alchimie, qui reste le gros du gameplay.
- Durée de vie14/20
Encore une fois, tout dépend de votre propension à accepter la répétitivité du gameplay, mais aussi à réussir vos objectifs. Le New Game + n'apporte malheureusement pas grand-chose, sauf plus de temps...
- Bande son14/20
Des musiques accrocheuses certes, mais sans doute un peu répétitives à la longue. Par contre, le choix entre les voix anglaises et japonaises est un plus non négligeable.
- Scénario9/20
Et boom, la punition. Entre clichés et longueurs, Atelier Meruru en arriverait presque à nous ennuyer. L'humour est sans doute moins appréciable que dans le précédent épisode et on en arrive à soupirer dès qu'un dialogue démarre, souvent de manière intempestive d'ailleurs. Même si les fans seront ravis de retrouver de nombreux personnages de la série, on est en droit d'attendre beaucoup mieux. Soit dit en passant, tous les textes sont en anglais, ce qui peut rebuter les non anglophones.
S'il peut nous arriver de "punir" les jeux qui utilisent les mêmes recettes sans jamais tenter de les améliorer, Atelier Meruru nous surprend assez pour maintenir l'attention des fans. La gestion du Royaume d'Arls relève l'intérêt et les micro-modifications apportées ici et là suffisent à justifier son achat, que l'on ait le précédent opus ou non. Il faudra toutefois que Gust veille à ajouter une patte artistique aux décors en extérieur, et surtout, à nous pondre un script un peu plus accrocheur sur le long terme. Cet épisode reste donc une bonne pioche, même si son univers et son gameplay le réservent à nouveau à un public déjà conquis.