Les associations entre éditeurs japonais et développeurs occidentaux ont rarement donné des résultats probants. Mais s'il y a bien un mariage qui s'est révélé fructueux ces derniers temps, c'est bien celui unissant Konami à Mercury Steam. Les deux sociétés ont en effet donné naissance au très réussi Castlevania : Lords of Shadow. Du coup, le studio espagnol a gagné le droit de repartir pour un tour avec Lords of Shadow 2. Mais ce n'est pas tout puisqu'un épisode 3DS faisant le lien entre ces deux volets HD est également en cours de conception dans les locaux de ce développeur basé non loin de Madrid. Et c'est de ce volet sur portables que nous allons vous parler ci-dessous puisque nous avons eu le plaisir de l'essayer.
Castlevania : Lords of Shadow fut incontestablement l'une des belles surprises de 2010. Autant pour les joueurs que pour Konami. Au-delà des excellentes critiques, c'est surtout la performance commerciale du jeu qui a enchanté l'éditeur japonais. A tel point que deux titres estampillés Castlevania ont été mis en chantier immédiatement après la fin du développement de ce coup d'essai réussi : la suite directe, Lords of Shadow 2, prévue sur consoles HD et donc Mirror of Fate, un volet exclusif à la 3DS. Ce dernier se trouve être directement connecté aux deux autres productions du studio espagnol. D'un point de vue scénaristique, il prend en effet la suite du premier Lords of Shadow – les évènements débutent 25 ans après celui-ci – et demeure une préquelle du second. Mercury Steam a souhaité que ce jeu permette aux fans d'en apprendre plus sur la famille Belmont, d'explorer un peu plus un background d'une richesse enivrante.
Autant vous prévenir, pour évoquer l'histoire de Castlevania : Mirror of Fate, nous sommes obligés de raconter la fin de Lords of Shadow. Aussi, ceux qui fuient les spoils comme la peste doivent passer leur chemin. Maintenant ! Il y a deux ans, nous assistions à la transformation de Gabriel Belmont en un puissant vampire, Dracula. Cette fois, dans le volet 3DS, nous suivons la destinée de quatre autres membres de la famille Belmont, tous ancêtres ou descendants de Gabriel. A ce jour, nous connaissons uniquement l'identité de deux d'entre eux. Le premier se nomme Trevor Belmont. Il s'agit tout simplement du fils de Gabriel. Son désir le plus cher : venger la mort de sa mère en tuant le responsable du drame, son propre père. Le second n'est autre que l'enfant de Trevor, Simon Belmont. Si son paternel se la joue poseur avec son physique gracieux, lui demeure beaucoup plus massif. Une vraie brute épaisse. Pour le moment, c'est à peu près tout ce que l'on sait sur sa « petite » personne. Son histoire reste mystérieuse. Mercury Steam souhaite en garder sous le coude d'ici à la fin de l'année et la sortie du jeu.
Si chacun des personnages possède ses propres motivations les poussant à se lancer dans l'aventure, les quatre poursuivent un but commun. Celui d'anéantir Dracula. Pour ce faire, ils vont parcourir, à leur époque respective, le château dans lequel s'est retranché le vampire. C'est là l'une des spécificités du jeu. Plus de 90% de l'histoire se passe à l'intérieur de cette énorme structure à l'accent gothique. Cela ne signifie pas que Mercury Steam a fait une croix sur la diversité des environnements. Les sous-sols ne ressemblent en rien aux cours ouvertes sur l'extérieur, qui elles-mêmes, sont loin d'être similaires aux vastes salles luxueusement décorées, nichées au cœur du château. En revanche, on baigne en permanence dans une ambiance sombre et inquiétante. Pour créer cette atmosphère, les développeurs ont soigné la mise en scène, joué de manière intelligente avec la caméra. Visuellement, le jeu se montre très convaincant avec de jolis effets de lumière et des animations réussies. Plus globalement, on retrouve vraiment la patte du studio espagnol. La direction artistique du jeu renvoie directement à celle de Lords of Shadow. Ce qui n'est pas pour nous déplaire. On prend un plaisir certain à évoluer au cœur de ces magnifiques environnements en 3D.
Environnements en 3D mais gameplay en 2D. Mercury Steam s'adapte ainsi aux contraintes liées à la portable de Nintendo. L'absence d'un deuxième stick notamment, le circle pad pro n'ayant pas fait un malheur auprès des possesseurs de 3DS. Ce qui est d'autant plus malin que l'épisode prend ainsi la forme d'un hommage à l'histoire de la saga. La structure du jeu emprunte d'ailleurs à celle des précédents Castlevania en 2D. Si l'épopée des quatre protagonistes est contée de manière linéaire, on retrouve ce côté ouvert dans les environnements, ces embranchements dans un château qui prend parfois des allures de labyrinthe. Il ne faut pas hésiter à revenir en arrière pour utiliser une nouvelle compétence afin d'explorer des salles inédites. Par ailleurs, ce que fait chaque personnage a aussi des répercussions sur l'aventure des trois autres. Du coup, des parties du château devraient être accessibles à certaines époques et pas à d'autres. Des sortes de puzzles sont également disposés en chemin. Ils étaient relativement simples lors de notre session de jeu – tel levier ouvre telle porte –, ce qui est logique puisque nous n'avons pu jouer que les vingt premières minutes de l'aventure. Selon Mercury Steam, ils se complexifieront nettement par la suite.
Si l'exploration est indéniablement l'un des piliers du gameplay, celui-ci repose aussi sur deux autres aspects majeurs. Tout d'abord, la plate-forme. Trevor Belmont – le seul personnage que nous avons pu incarner – dispose d'une croix de combat se muant en fouet. Elle lui permet de progresser à travers le château en se suspendant à des points d'accroche disséminés un peu partout dans les niveaux. Le level design tout en verticalité offre, à ce compte-là, un terrain de jeu particulièrement adapté à ce versant du gameplay. Le dernier point essentiel sur lequel s'appuie Mirror of Fate concerne évidemment les affrontements. Le système de combats est très proche de celui que l'on a découvert avec Lords of Shadow. Pour enchaîner les coups, tout est une question de timing. En maintenant ou non les boutons (attaque directe ou de zone), on réalise différents enchaînements plus ou moins dévastateurs. Plus l'attaque est puissante, plus l'animation est longue et donc plus le joueur s'expose à une gifle de l'ennemi en retour. Ces derniers – les boss en particulier – adaptent d'ailleurs leur comportement au vôtre. Par exemple, selon la distance à laquelle se trouve votre avatar, ils varient les offensives. A noter que le tout se termine pour les plus grosses bestioles par un QTE qu'il faut impérativement réussir, sous peine de devoir recommencer la partie finale du combat.
Contre les opposants de plus faible constitution, d'autres armes peuvent se montrer efficaces. Utilisé avec le timing approprié, le contre permet d'ouvrir la garde de l'ennemi pendant une fraction de seconde. Les armes secondaires sont également utiles dans certains cas. Trevor dispose par exemple d'une sorte de boomerang se collant à ses proies avant d'exploser. Enfin, comme son aîné sur consoles HD, Mirror of Fate dispose d'un système de magie. Trevor peut se servir des pouvoirs de la lumière et des ténèbres. Cette fois, les orbes récoltés viendront automatiquement garnir les jauges du personnage. Le choix n'est plus laissé au joueur. Enfin, le système d'expérience fonctionne selon un principe classique. En tuant des ennemis, on récupère de l'XP qui sert à se procurer de nouvelles techniques. Une fois débloquées, ces dernières seront disponibles pour chacun des personnages que l'on jouera par la suite.
Sous ses airs d'hommage aux épisodes originels de la série, Castlevania : Mirror of Fate s'avère en réalité très proche de Lords of Shadow, dont il reprend la direction artistique et une bonne partie de la formule qu'il transpose intelligemment sur 3DS. Visuellement très séduisant, le jeu jouit d'une ambiance sombre envoûtante, d'un level design ingénieux et d'un gameplay soigneusement conçu. Il se pourrait donc que ce volet portable soit un mets de choix pour patienter avant l'arrivée de Lords of Shadow 2.