De par leur complexité, les simulations d'hélicoptères sont souvent mises de côté par les développeurs qui préfèrent en général se pencher sur les avions ou autres aéronefs plus prisés des joueurs. Ce n'est pas le cas du studio Eagle Dynamics, à l'origine de LockOn : célèbre simulateur d'avions de chasse, qui tente de s'imposer avec DCS : Black Shark. En passant à l'hélico, Eagle Dynamics confirme-t-il sa maîtrise de la simulation aérienne ?
C'est un peu plus de 6 ans après l'excellent LockOn (souvent considéré comme l'une des meilleures simulations aéronautiques accessibles au grand public) que le studio Eagle Dynamics propose DCS : Black Shark, premier d'une longue série de jeux annoncés, nous mettant tous aux commandes du Kamov Ka-50, un hélicoptère de combat russe toujours en service à l'heure de la rédaction de ce test. Avec cette série, la volonté du studio est de reproduire le comportement de l'hélicoptère dans ses moindres détails. Nous sommes bien dans une simulation et non pas dans un jeu arcade et cette différence se fait bien sentir dès l'entraînement : le jeu se révélera très exigeant.
Avant de commencer à incinérer la terre et l'acier à coups de munitions incendiaires, il faudra évidemment apprendre à piloter, savoir utiliser tous les systèmes d'armement, communiquer par radio avec les tours de contrôles, les équipes de maintenance au sol ainsi que les escadrilles : et la liste n'est pas exhaustive. Dès le premier entraînement, nous nous surprendrons même à sortir un bloc-notes pour y écrire la procédure de démarrage des moteurs et des systèmes de navigation qui demanderont une bonne vingtaine d'étapes, à effectuer dans un ordre précis à l'intérieur du cockpit entièrement cliquable. Vous l'aurez compris, DCS : Black Shark exige un réel investissement de la part du joueur, ne serait-ce que pour l'apprentissage du fonctionnement intégral de l'hélicoptère, qui pourra occuper une demi-douzaine d'heures de temps de jeu. Une fois prêt, le pilote pourra enfin se déployer pour prendre part à une contre-insurrection dans le Caucase Ouest, unique théâtre d'opérations du jeu et il n'oubliera pas le voyage.
On commencera alors comme simple Rookie et on visitera en premier lieu notre région d'affectation en compagnie de notre escadrille qui nous présentera le secteur en une petite heure. Ce sera l'occasion de contempler les environs et le cockpit, tous deux dotés d'un rendu de très bonne qualité. Les bruitages sont également corrects et l'on sentira le moindre changement dans le régime des moteurs. La traduction française des voix n'est cependant pas toujours très convaincante, mais suffira, car les échanges entre pilotes sont succincts.
Le pilotage de notre hélico sera craintif dans les premières heures de jeu et l'on fera profil bas quand un coéquipier nous annoncera un départ de missile sol-air. Pour une simulation, les émotions arrivent immédiatement et l'immersion est totale. A noter qu'il n'y a ici aucun niveau de difficulté réglable, juste une difficulté proche du réel. Par ailleurs, les missions se montrent de plus en plus techniques et complexes au fil du jeu. Les simples missions d'observation du début se transforment en frappes éclairs et chirurgicales sans menaces extérieures, pour finalement aboutir sur une guerre à grande échelle. Les missions sont généralement entrecoupées d'objectifs surprenants et originaux.
Après avoir fini la campagne et la majorité des missions qui vous retiendront déjà pendant une bonne soixantaine d'heures, vous pourrez aussi profiter d'une bonne rejouabilité et de l'éditeur de missions pour considérablement prolonger l'expérience. Notons aussi que le jeu est doté d'un mode multijoueur et que des petites communautés francophones souvent très amicales se sont formées autour de lui et de son homologue DCS : A10-C Warthog. Les communautés sont souvent ouvertes pour apprendre le jeu aux néophytes et leur proposer une place dans leur escadrille. On peut même parfois tomber sur de vrais vétérans instructeurs de l'armée, qui se feront un plaisir de vous enseigner comment survivre plus de quelques heures au combat.
- Graphismes15/20
Les environnements sont bien rendus, les appareils très bien modélisés, et le cockpit marque par son authenticité. Les bugs graphiques se font rares et sont rapidement corrigés par le développeur.
- Jouabilité18/20
Eagle Dynamics réalise un coup de maître avec DCS : Black Shark. L'avionique est fidèle à la réalité et le comportement de l'hélicoptère est précis et réaliste. Les commandes se révèlent coriaces, mais jouissives quand on réussit à les maîtriser. La possession d'un joystick sera nécessaire.
- Durée de vie17/20
Le jeu propose une durée de vie d'une soixantaine d'heures pour finir une bonne majorité du solo. Ce temps sera aussi longuement allongé par l'éditeur de missions et le multi disposant d'une bonne communauté.
- Bande son13/20
L'ambiance sonore produite par les armements, moteurs, pales et équipements de l'hélicoptère est convenable, mais on regrettera une version française austère.
- Scénario/
La campagne nous place dans une contre-insurrection globale, mais le jeu ne suit aucune trame scénaristique précise : les briefings sont purement pragmatiques et se résumeront au plan de vol et aux objectifs.
Premier d'une lignée qui s'annonce remarquable, DCS : Black Shark s'impose comme un simulateur d'hélicoptère militaire authentique d'une incroyable efficacité.