Le premier Steel Battalion avait su séduire les hardcore gamers grâce à son gameplay radical et sa gigantesque manette possédant près de 40 boutons. Aujourd’hui, le studio From Software remet le couvert à l’aide d’une nouvelle équipe de développeurs. Résultat : un épisode exclusif à la 360 qui tente de tirer parti du Kinect et dont la promotion est assurée par le réalisateur de Ghost in the Shell !
C'est donc Mamoru Oshii, réalisateur de Ghost in the Shell 1 et 2 mais aussi du génial Avalon, qui réalise la bande-annonce ainsi que le court-métrage servant de promotion à Steel Battalion : Heavy Armor. Pas si étonnant dans la mesure où l'univers sombre et futuriste du jeu peut aisément se glisser parmi les thèmes de prédilection du cinéaste. L'aventure se déroule ainsi en 2082 et voit tous les ordinateurs s'éteindre soudainement, à cause d'un terrible virus informatique. Le monde se retrouve plongé en quelque sorte dans une époque évoquant la Seconde Guerre mondiale, où seules les armes mécaniques ont droit de cité. Résultat : les VT (Vertical Tank), sortes de méchas contrôlés manuellement par une équipe de quatre personnes, mènent la danse. Vous incarnez donc le sergent Winfield Scott Powers, pilote émérite de VT, accompagné de ses trois coéquipiers, Parker, Rainer et Natch, au franc-parler légendaire (les dialogues sont d'ailleurs décomplexés et bardés d'insultes telles que « bande de trous du cul suceurs de cactus »). Votre mission est de défendre les USA contre des ennemis très puissants qui veulent dominer le monde, identifiés dans le jeu comme les « Orientaux » (assimilables aux Chinois à la lecture de leur nom). De l'Amérique (New York) à l'Allemagne, en passant même par la France, vous n‘aurez donc de cesse de combattre ces adversaires terriblement coriaces, en vue subjective à bord de votre VT…
Pas de jauge de vie, nulle possibilité de régénérer son énergie vitale en cours de mission et encore moins de discerner d'office les points faibles de l'ennemi… Autant dire que le réalisme est à nouveau de rigueur dans ce Steel Battalion. Et que la difficulté est particulièrement conséquente. Il faut d'ailleurs une bonne demi-heure pour se familiariser correctement avec le gameplay. Heureusement, le tutoriel est plutôt bien fait et permet d'apprendre les rudiments du soft. Ainsi, il est nécessaire d'utiliser à la fois la manette 360 et le Kinect – indispensable car il est tout simplement impossible de jouer sans. La première permet de diriger le VT, de cibler ou de tirer à la mitrailleuse lourde ou avec des missiles sur les ennemis (grâce aux gâchettes). Alors que le second sert à sélectionner toutes les options disponibles à l'intérieur du cockpit du VT. Par exemple changer de style de missiles (explosifs ou incendiaires à large rayon d'action), actionner les systèmes de secours, fermer la lucarne qui donne sur l'extérieur ou encore se lever de son siège pour s'extraire du char momentanément et regarder alentour à la jumelle. Pour cette dernière action, il faut lever la main en l'air, puis balayer l'écran de la main pour changer l'orientation de la caméra et enfin placer la main gauche juste à côté du visage pour zoomer sur le décor. Pas facile du premier coup. D'autant que la reconnaissance de mouvements du Kinect n'est parfois pas optimale. Heureusement, au fil de la démo, les mécanismes de jeu deviennent beaucoup plus automatiques. Pour autant, pas question de trop se fatiguer devant son écran. Puisqu'à l'image du héros, bien calé dans son VT, le joueur reste assis pendant près de 80% de l'aventure en n'usant que de ses bras ou mains, selon les dires des développeurs. Cela dit, si les gestes s'avèrent simples, ils restent néanmoins en nombre conséquent. Par exemple, pour démarrer le VT, il faut tendre la main pour se saisir d'un levier et le tirer en arrière. Ou pour se mettre en position de tir, il est nécessaire de mettre les paumes (ou la manette) face à la TV et de les pousser vers l'avant.
Sur le terrain, l'action se résume souvent à détruire les ennemis tout en évitant leurs attaques et en prêtant assistance aux autres VT présents dans votre escouade. Ainsi, la première scène prend la forme d'un débarquement sur une plage, comme lors de la Seconde Guerre mondiale en Normandie. La plage est noyée sous les bombardements et les ennemis – soldats, chars ou véhicules Aftrack – vous canardent depuis des blockhaus. La difficulté s'avère tout de suite très élevée. Il faut éviter les tirs adverses en se déplaçant quasiment en permanence, tout en shootant à distance les belligérants. Parmi ces derniers figure un mécha un peu plus gros et très coriace, dont le point faible réside dans les pattes. Réalisme oblige, lorsqu'on encaisse des dommages, l'écran se brise petit à petit et empêche de voir clairement l'action. Les game over sont donc nombreux avant d'arriver au bout de cette première mission. Quant à la seconde, elle mène le joueur au sein d'une ville en ruines dont il faut détruire les antennes radars. Bien entendu, il est indispensable d'abattre tous les soldats ennemis et de détruire leurs véhicules. Gare aux mines sur le sol qui peuvent anéantir votre VT en quelques secondes. Pas de doute là encore : la difficulté est de mise. Même lors de quelques séquences alternatives assez surprenantes. Comme mimer devant le Kinect l'action de ramper – sous un tapis de bombes – en se dirigeant vers un boîtier permettant de déclencher l'explosion d'un pont à coup de dynamite. Last but not least : la présence d'un mode coopératif en ligne à 4 individus intitulé Score Attack. Ce dernier propose à chaque joueur d'établir le meilleur score en détruisant un maximum d'ennemis au cours de 5 missions spéciales. Le but ultime étant de récupérer les meilleurs items pour customiser son VT. On ne peut que saluer cette initiative, même si l'on regrette l'absence d'un mode Battle. Au final, à cause de ses partis pris assez extrêmes, Steel Battalion : Heavy Armor semble naturellement réservé à un public de gamers avertis.
Tout comme le premier volet, ce nouvel épisode de Steel Battalion passe pour le jeu de niche par excellence. En effet, même s’il est pourvu d’une esthétique on ne peut plus correcte et malgré sa tentative de démocratisation en recourant au Kinect, il apparaît tout de même comme une simulation de méchas particulièrement corsée, propre à déclencher quelques belles crises de nerfs chez les non initiés. Reste à vérifier maintenant si le titre se révèle varié sur la longueur et s’il bénéficie d’une bonne durée de vie. Réponse lors du test très prochainement…