Telles des nuées de sauterelles, les compilations HD envahissent notre univers depuis quelques années. Permettant de proposer aux nouveaux venus d'anciens joyaux ayant fait la gloire de la société éditrice, ces compilations sont également là pour engranger un maximum de profits via un minimum d'efforts. L'un dans l'autre, les deux camps s'y retrouvent même si dans le cas de Silent Hill, les limitations d'un tel procédé sont évidentes.
Ainsi, notre première réaction sera de frétiller d'impatience à l'idée de pouvoir retoucher à l'immense Silent Hill 2 qui n'a nullement perdu de sa superbe en 11 ans de carrière. Certes, le visuel a vieilli de même que le gameplay mais ce ne sont que des peccadilles face à un scénario aussi intense. On touche ici un point sensible qui veut que l'épopée de James Sunderland soit la plus poignante de toute la saga et accessoirement du genre survival-horror. Psychologique, admirablement écrit et supportant diverses interprétations aussi intéressantes les unes que les autres, Silent Hill 2 n'est ni plus ni moins qu'un chef-d'œuvre du genre ici renforcé par le scénario bonus qui fut disponible sur Xbox lors de la sortie du titre. Difficile du coup de lui succéder même si Silent Hill 3 remplit parfaitement son office en étant directement lié au premier épisode de la saga.
De fait, si les deux jeux comptent parmi les meilleures productions horrifiques japonaises des années 90, aux côtés des Forbidden Siren et autres Project Zero, la compilation HD ici présente doit faire face à un énorme problème synonyme de deux épisodes pointant aux abonnés absents. S'il est en effet légitime de se demander pourquoi ces types de compilations n'intègrent pas les opus sortis sur PSone, on trouvera honteux que celle qui nous intéresse ici ait délaissé Silent Hill 4 directement lié à Silent Hill 2. D'autant plus étonnant que la compilation Metal Gear Solid, du même éditeur, comprenait trois jeux dont un sorti sur PSP. On pourra d'ailleurs se faire la même réflexion concernant le tout premier Silent Hill aidant à mieux comprendre le synopsis du troisième segment. Bref, on pensera donc tout naturellement à un immense «je m'en foutisme» de la part de l'éditeur/développeur ou plutôt de la société Hijinx responsable de ces adaptations.
Du coup, il est ironique de noter que Konami a cru faire bonne figure en rajoutant un doublage inédit à Silent Hill 2, celui-ci s'avérant totalement inutile vu que celui d'époque était d'un très bon niveau. En somme, l'intérêt de cette compilation est fortement limité malgré la qualité intrinsèque des deux jeux proposés. En effet, si on excepte un portage paresseux et les soucis énoncés plus haut, il n'en reste pas moins deux titres ayant offert leurs lettres de noblesse au genre du survival-horror. Cependant, il sera cette fois difficile pour Konami de se retrancher derrière le petit prix de vente vu la nonchalance avec laquelle le tout a été pensé. Au final, on ne pourra même pas conseiller ce produit à celles et ceux n'ayant pas eu la chance de toucher à ces deux titres dans le sens où, bien qu'ils puissent se suffire à eux-mêmes, ils n'en restent pas moins une partie d'un tout. Triste constat pour ces deux monuments horrifiques...
- Graphismes12/20
Dans la grande tradition des compilations HD, le coup de polish n'apporte pas grand-chose d'autant plus que l'intérêt de Silent Hill n'a jamais reposé sur ses graphismes. On notera cependant que Silent Hill 3 a aisément bravé l'épreuve du temps à l'inverse de Silent Hill 2 qui prend un sacré coup de vieux malgré le lissage des textures et tutti quanti.
- Jouabilité14/20
Ici aussi, aucune amélioration n'a été apportée et il faudra beaucoup de tolérance aux joueurs actuels pour profiter ou accepter un gameplay fortement ancré dans le survival-horror des années 90.
- Durée de vie15/20
Les énigmes étant bien plus ardues que celles des épisodes suivants, vous devrez vous triturer les méninges pour avancer, du moins, si vous optez pour le mode Difficile. Silent Hill 2 profitant également du scénario supplémentaire d'Inner Fear, une quinzaine d'heures sera nécessaire pour boucler l'ensemble des deux jeux. N'oublions pas non plus que chaque opus recèle plusieurs fins.
- Bande son17/20
Le style inimitable d'Akira Yamaoka plane sur ces deux épisodes et leur offre une atmosphère particulière. A l'inverse de l'ambiance étouffante, la musique officie plutôt dans des sphères éthérées où chaque riff de guitare accentue le sentiment de mal-être. Vocalement parlant, on se demande encore pourquoi Konami nous propose un nouveau doublage pour Silent Hill 2, l'original étant tout à fait acceptable.
- Scénario18/20
Fortement lié au scénario du premier Silent Hill, celui de Silent Hill 3 s'avère intéressant bien que moins profond que celui de Silent Hill 2 qui est actuellement la référence en la matière. En effet, ce dernier possède différents niveaux de lecture et permet au joueur de se forger sa propre opinion sur le pourquoi du comment.
Bien que Silent Hill 2 reste la pierre angulaire du survival-horror 11 ans après sa sortie et que Silent Hill 3 s'avère un excellent segment, il est difficile de pardonner à Konami le fait de ne pas avoir inclus Silent Hill 4 dans cette compilation d'autant que celui-ci est directement lié au deuxième épisode. Même son de cloche pour le premier opus Psone entretenant des liens très forts avec le troisième épisode mais pointant aux abonnés absents. Ainsi, au-delà des immenses qualités des deux jeux, on voit bien ici la limitation de telles compilations lorsqu'on y trouve des jeux interconnectés, basés sur leurs scénarii. De plus, hormis un doublage inédit mais surtout inutile pour Silent Hill 2, le passage à la HD s'avère des plus paresseux. Il va sans dire que cette immense saga méritait un bien meilleur traitement.