Oubliez le charme et la grandeur de l'Italie de la Renaissance. Ne pensez plus à la chaleureuse et anarchique ville de Constantinople. Enterrez dans votre esprit Ezio Auditore da Firenze, car ce n'est plus un secret depuis plusieurs semaines maintenant, Assassin's Creed III va brutalement changer vos habitudes en vous plongeant au cœur de la Révolution américaine (XVIIIe siècle) dans la peau d'un nouveau héros : Connor. Deux changements de taille qui préfigurent de l'ampleur du travail réalisé par Ubisoft. Voici, dans le détail, les informations que nous avons pu glaner sur ce blockbuster prévu pour octobre prochain.
Assassin's Creed est sans conteste l'une des séries majeures de ces cinq dernières années. On pourrait évoquer son rayonnement médiatique ou l'influence qu'elle a eue sur d'autres titres mais un nombre suffit à lui seul à démontrer la véracité de cette affirmation. Ce nombre, c'est 38 millions, soit le total (approximatif) d'exemplaires des quatre premiers épisodes vendus à travers le monde. Cela représente évidemment une rentrée d'argent importante pour l'éditeur et développeur de la série : Ubisoft. On comprend donc aisément l'enjeu qui entoure la sortie en octobre prochain d'Assassin's Creed III. Le jeu est d'autant plus attendu qu'il fait partie des épisodes que l'on peut qualifier de canoniques. Ceux qui sont censés renouveler en profondeur la série en apportant des mécaniques de gameplay, un contexte et des personnages inédits. Si Brotherhood et Revelations se sont avérés être de bons titres, ils n'étaient en effet que les prolongements d'Assassin's Creed II.
Et pour développer ce nouvel arrivant, Ubisoft n'a pas lésiné sur les moyens. A sa sortie en octobre, le jeu aura nécessité plus de trois ans de développement. La société française a tout simplement doublé ses capacités de production pour concevoir cet épisode en faisant appel à plusieurs studios en plus de celui basé à Montréal. Les équipes en charge du projet réunissent les meilleurs éléments ayant travaillé sur les différents volets de la série. Dès lors, on comprend mieux la grande confiance affichée par Ubisoft quant à la qualité d'Assassin's Creed III. Pour les développeurs, l'objectif était de réécrire les bases, de réinventer des mécaniques qui commençaient à se montrer vieillissantes. Mais avant de s'attaquer au gameplay, il leur a fallu déterminer le contexte dans lequel cet épisode allait se dérouler. De nombreuses pistes ont été étudiées - la Révolution française semble être l'une d'elles - mais le choix s'est arrêté sur la Révolution américaine. La période couverte s'étend de 1753 à 1783.
Cette décision a évidemment été mûrement réfléchie. Plusieurs raisons ont poussé les développeurs à opter pour ce contexte. A commencer par le fait qu'il s'agit - selon eux - d'une période peu exploitée par notre média. Evidemment, c'est aussi et avant tout un moyen efficace pour toucher directement le marché américain. Et ce, sans pour autant délaisser l'Europe car plusieurs pays de notre vieux continent ont été impliqués dans les événements qui ont débouché sur l'indépendance des Etats-Unis. C'est notamment le cas de la Grande-Bretagne et de la France. A l'image de ce que l'on a déjà pu vivre dans les épisodes précédents, le jeu nous fera croiser la route de figures célèbres de nationalités diverses telles que George Washington, Benjamin Franklin, Charles Lee (général britannique) ou encore La Fayette (qui est bien entendu français). La Révolution américaine a aussi permis aux développeurs d'aborder des thèmes qui leur sont chers, comme la liberté et le contrôle incarnés respectivement par les Assassins et les Templiers.
Depuis ses débuts, la série Assassin's Creed a toujours été une invitation au voyage. Assassin's Creed III vous propose cette fois de poser vos valises dans deux cités connues, hautement chargées en histoire, à savoir Boston et New York. Comme d'habitude, Ubisoft a effectué un travail de reconstitution minutieux qui devrait nous permettre de découvrir ces villes sous un angle nouveau. Nous avons notamment pu voir le personnage principal évoluer dans un quartier portuaire très vivant de Boston. L'occasion de s'imprégner un court instant de la singularité de cette cité située sur la côte est des Etats-Unis. Outre l'humidité ambiante qui était presque palpable à travers l'écran, c'est l'architecture de la ville, beaucoup plus modeste, plus classique que celle de Rome, Florence ou Constantinople, qui nous a frappés. Les maisons sont notamment assez basses. Seules les églises devraient trancher avec le reste des bâtiments. Evidemment, certains y verront là un point négatif, le terrain de jeu étant un peu moins propice à la grimpette, mais il faut admettre que cela change. Et du changement, du dépaysement, c'est bien ce que les joueurs réclamaient avec insistance depuis Assassin's Creed II.
Par ailleurs, Ubisoft nous a promis que plusieurs évènements viendraient rythmer notre aventure. Les développeurs ont notamment cité l'incendie tragique qui a ravagé New York en 1776. Non seulement vous serez amené à parcourir la ville pendant le drame, mais vous vivrez également les conséquences de celui-ci. Outre ces deux grandes cités, Assassin's Creed III compte en plus un troisième environnement particulièrement vaste que vous pourrez également parcourir librement. Il s'agit d'une gigantesque forêt. Elle a été traitée de la même manière qu'une ville. En gros, cela signifie que vous y trouverez des missions, des mini-villages accompagnés de leurs cohortes de personnages non joueurs et que vous aurez tout loisir de grimper aux arbres ou aux parois rocheuses comme on escalade la façade des maisons. Pour vous donner une indication de l'épaisseur et de la profondeur de cette forêt, celle-ci fait une fois et demie la taille de Rome. Près d'un tiers des événements d'Assassin's Creed III s'y dérouleront. Proposer ce décor naturel a constitué pour Ubisoft un réel challenge. Les développeurs ont été amenés à revoir tout le moteur de jeu (Anvil Tech Engine) pour offrir des animations plus organiques. Connor positionne ainsi ses mains et ses pieds en fonction des éléments auxquels il doit s'accrocher. Le résultat est beaucoup plus naturel, plus fluide qu'auparavant. Les mouvements sont moins génériques. Lorsque le personnage escalade une paroi rocheuse, on a vraiment l'impression qu'il s'agrippe aux excroissances, utilise des rainures pour glisser ses mains et des trous pour poser ses pieds. Les développeurs ont également tenu à nous expliquer que les combats pourraient dorénavant se tenir sur un plan incliné. Cela peut paraître anecdotique au premier abord mais le travail fourni pour parvenir à proposer ce type d'affrontements a apparemment été titanesque.
Tout ce qui a trait au climat a également nécessité de profonds aménagements du moteur. Le soleil se fera ainsi discret, laissant la pluie et le brouillard lui voler régulièrement la vedette. Les personnages réagiront différemment en fonction des conditions climatiques. On les verra notamment se planquer s'ils sentent la foudre se rapprocher d'eux. Mais en réalité, c'est surtout la neige qui perturbera le déroulement de la partie. Elle peut recouvrir l'intégralité de la carte. Pour l'avoir vu, on sait que la forêt se pare de temps à autre d'un épais manteau blanc ayant des conséquences sur les déplacements des différents protagonistes. Selon les endroits, les couches de neige peuvent être plus ou moins profondes. Connor peine donc parfois à avancer, trébuchant même par moments. Là aussi, les nouvelles animations font franchir à la série un important cap visuel. Le réalisme de chaque mouvement est saisissant.
Ubisoft s'est également échiné à rendre les environnements plus vivants que par le passé. De nouvelles techniques ont été mises au point pour parvenir au résultat escompté. Les mouvements de foule sont plus crédibles. Chaque personnage semble plus que jamais vivre sa propre existence indépendamment des autres. Alors que vous marchez paisiblement, une femme laisse tomber une pomme au sol et un homme surgit aussitôt pour la lui voler. A vous, ou non, de réagir. Les scènes de courses-poursuites se montrent assez hallucinantes avec la possibilité de passer directement dans les habitations si un PNJ ouvre par exemple sa fenêtre. Ces événements se déroulent avec une telle fluidité, un tel dynamisme, que l'on a l'impression que rien n'a été calculé en amont par les développeurs, que la ville vit par elle-même. Dans la forêt, le constat est identique. A l'exception des villages amérindiens peuplés de PNJ, ce sont les animaux (il existe une trentaine d'espèces modélisées) qui prennent la place des êtres humains. Vous pourrez par exemple croiser la route d'un ours plutôt agressif. Connor devra alors se défendre en utilisant les techniques d'assassinat classiques. Pour une question de respect de la nature, tuer proprement sa proie rapportera une récompense plus importante car il sera possible de vendre la viande de l'animal par la suite. Un système économique complet autour de la chasse sera a priori présent dans Assassin's Creed III. Révolution oblige, d'immenses batailles se tiendront dans les vastes étendues naturelles. Elles pourront inclure plus de 2000 PNJ, tous présents à l'écran. La première fois que l'on assiste à l'un de ces affrontements, le choc est immense. Les coups de feu retentissent, les corps tombent, les cris raisonnent, le sang gicle, la nature se déforme. Tout cela paraît tellement vivant... Bien sûr, Connor ne pourra pas diriger les armées tel un général, mais il devra en revanche remplir certains objectifs en intervenant au cours de batailles historiques. Celle de Bunker Hill (1775) notamment.
Venons-en au personnage principal du jeu. Pour éviter tout manichéisme déplacé, les développeurs ont pris soin de lui donner des origines multiples. Connor est en effet né d'un père anglais et d'une mère amérindienne. Il a grandi au sein de la tribu (amérindienne) Mohawk. Son regard sur le conflit est donc neutre. Mais un événement va bouleverser son existence, la destruction de son village par les forces britanniques. Suite à ce drame il ne va pas pour autant prendre part à la Révolution. Cela éveillera plutôt en lui un fort sentiment d'injustice. Contrairement à Ezio qui poursuivait une quête personnelle, Connor défend le peuple. Il reste guidé en permanence par un idéal de justice. Pour arriver à ses fins, il embrassera donc la carrière d'assassin. Un destin facilité par le fait que la tribu Mohawk était liée à la confrérie au sein de laquelle sévirent par le passé Altaïr et Ezio. Vêtu de la longue tunique blanche à capuche caractéristique des assassins, le discret et placide Connor va tenter de défendre la veuve et l'orphelin partout où il passe.
Son style de combat est plus brutal, plus animal - peut-être aussi moins élégant - que celui de ses ancêtres. Armé d'un tomahawk et d'un couteau, il n'hésite pas à fracasser le crâne de ses ennemis et à gentiment les planter si le besoin s'en fait sentir. Il dispose par ailleurs de la fameuse lame secrète mais aussi d'un arc et d'un pistolet. Bref, d'un arsenal conséquent. En bon assassin, il sait se faufiler discrètement derrière ses adversaires pour les éliminer. Mais il peut aussi les affronter sans faire de détails. Une séquence de gameplay sur un champ de bataille nous a été montrée pour expliquer les différentes manières d'aborder un combat. Plutôt que de foncer tête baissée au risque de se prendre des balles perdues, vous aurez la possibilité de vous planquer derrière des rochers, d'avancer discrètement en utilisant les corps des soldats comme boucliers. Dans le cas présent, l'objectif visé était l'assassinat d'un général britannique. Connor possède par ailleurs des techniques propres comme le double contre. Il a aussi la particularité d'être ambidextre, ce qui lui permet d'équiper des armes indifféremment dans les mains droite et gauche. Enfin, toute l'interface a aussi été revue par Ubisoft. C'est un point qui a été peu abordé mais on a pu voir que les armes se sélectionnent via une sorte de menu dépliant. Les développeurs ont affirmé qu'il y aurait de nombreuses améliorations à ce niveau. Si nous avons pu récolter beaucoup d'informations lors de cette première présentation, il reste encore pas mal de points à éclaircir. Notamment du côté des mécaniques de gameplay qui devraient être largement retravaillées. On sait par ailleurs que les phases de defense tower façon Revelations ne seront plus de la partie. Ou encore que Connor pourra toujours se faire aider par d'autres assassins. Tout ce qui est lié à le méta histoire impliquant Desmond n'a, en revanche, pas été évoqué. Ubisoft semble vouloir en garder sous le pied en vue de futures annonces.
Rarement une première présentation d'un jeu se sera montrée aussi riche. Conscient du gigantesque potentiel de son titre, Ubisoft avait décidé de nous montrer d'emblée en quoi Assassin's Creed III représente un réel tournant pour la série. Résultat : nous avons tout simplement été éblouis. Le travail fourni autour du moteur semble clairement avoir porté ses fruits en permettant aux développeurs de donner vie à leurs ambitions les plus folles. Espérons maintenant que cela rejaillisse sur les mécaniques de gameplay qui ont vraiment besoin d'être rafraîchies. Par ailleurs, le choix de l'époque et des différents environnements nous semble judicieux. L'ensemble devrait redonner un second souffle à la série. Bref, on a désormais hâte comme jamais de se plonger dans la Révolution américaine à travers le personnage de Connor.