Pour qui veut produire un jeu sur le thème de l'élection présidentielle, il y a deux optiques possibles. On peut s'armer de quelques bonnes intentions et d'un chouia d'ambition, comme l'a fait Eversim avec Elections 2012, même si le résultat n'était pas vraiment à la hauteur. Mais on peut aussi céder à la facilité en remaquillant un petit jeu casual aux couleurs de l'événement. Le plus important, de toute façon, c'est le visuel de la boîte. C'est lui qui aguichera le consommateur depuis le rayon d'un supermarché, et l'incitera à se dire : "Un jeu sur l'élection présidentielle ? Après tout, pourquoi pas, ça peut être rigolo !". Sauf que Président 2012 n'a rien de particulièrement drôle, puisqu'il s'agit d'un jeu d'objets cachés médiocre et mal réalisé, agrémenté de quelques activités annexes destinées à lui donner un semblant de consistance et à justifier son prix de vente de 15 euros.

President 2012 vous met pourtant dans la peau d'un candidat à l'élection présidentielle, à choisir parmi Nicolas, François H., François B., Marine, Jean-Luc et Eva. Votre objectif est d'engranger le plus possible d'intentions de vote en venant à bout de 20 scènes d'objets cachés. Si vous aimiez chercher Charlie quand vous étiez plus jeune, réjouissez-vous puisque chacun de ces tableaux vous invite à repérer les candidats concurrents parmi une foule particulièrement dense. Plus vite vous les trouvez et plus vous stoppez leur progression dans les sondages, sachant que vous pouvez augmenter la vôtre en dénichant certains objets plus ou moins hors contexte (drapeaux français, étoiles européennes, triple A, mais aussi... tracteurs, chevaliers et autres parchemins !). N'essayez pas de comprendre la logique de tout ça : il n'y en a aucune. Si les scènes proposées sont bel et bien tirées de la vie politique (Salon de l'Agriculture, manifestation, Parlement, débat télévisé...), elles auraient également pu représenter un match de boxe ou un concert de rock que cela n'aurait pas changé grand-chose. Il arrive même qu'elles n'aient aucun rapport avec le descriptif textuel qui les précède et qui tente vainement de préserver un semblant de continuité et de cohérence.

Si vous parvenez à compléter un tableau, vous passez au suivant, après vous être parfois acquitté d'un mini-jeu certes vu et revu (memory, taquin, mah-jong...), mais aux couleurs de l'élection présidentielle ! Vous l'aurez compris, le thème exploité fait ici figure d'habillage opportuniste, rien de plus. Ce ne serait pas si grave si les scènes d'objets cachés étaient visuellement attrayantes, mais les décors sont vilains, les candidats pour certains méconnaissables (Mélenchon ?!) et les objets ne sont pas à l'échelle, sans compter que les foules ont été créées en dupliquant plusieurs fois les mêmes badauds. Mais ce désastre visuel ne serait rien sans la musique qui l'accompagne. Imaginez une variante de la Marseillaise au format midi, qui tourne en boucle pendant les deux heures de jeu. Voilà qui donne de furieuses envies de suicide (mais vous n'avez pas envie de manquer la prochaine élection présidentielle, n'est-ce pas ?). On évoquera enfin les multiples fautes d'orthographe, mais aussi les nombreuses erreurs de syntaxe rencontrées, du type : "La fête municipale du village est un événement qu'aucun habitant ne raterait pour rien au monde" ou encore "Cliquez sur deux blocs contigus pour les inverser de place". Elles symbolisent à merveille tout le soin apporté à ce titre.