Fort du succès critique et commercial de R.C Pro-Am sorti quatre ans plus tôt, le célèbre studio Rareware récidive en 1992 (1993 en Europe) avec un deuxième épisode. Le titre conserve les mêmes idées de gameplay introduites dans le premier volet en leur donnant une dimension supplémentaire. Et surtout, il intègre enfin le mode de jeu qui manquait cruellement à son prédécesseur : le multijoueur. Seul ou contre trois amis, préparez-vous à accumuler les armes pour torpiller vos concurrents. Le jeu de courses indispensable de la NES ? Peut-être bien !
Pourquoi changer une formule qui a fait ses preuves ? Voilà l'idée qui semble avoir guidé Rareware pendant le développement de R.C. Pro-Am 2 (en réalité troisième épisode majeur de la série, après Super R.C. Pro-Am sur Gameboy). On retrouve en effet le même principe que dans le premier épisode : le jeu adopte encore une fois une perspective isométrique pour donner l'illusion de profondeur, et le but est toujours de guider sa voiture télécommandée pour qu'elle arrive parmi les trois premiers des quatre concurrents engagés. La partie s'arrête une fois que le joueur a épuisé tous ses continus. Le titre ne comporte pas de fin puisqu'une fois le dernier circuit terminé, on revient automatiquement au premier face à une intelligence artificielle plus développée.
Comme dans le premier épisode, aucun des circuits ne ressemble au précédent. On retrouve notamment les flaques d'eau et d'huile qui gênent la progression ainsi que les flèches qui boostent la vitesse quand on passe dessus. Mais suite oblige, le jeu va plus loin et propose davantage de variétés. Cette fois, certains circuits s'élèvent en hauteur, comportent des carrefours, sont coupés en deux par un cours d'eau ou bien sont enneigés. Quand on se rappelle que la diversité n'était pas le point fort du premier épisode, on ne peut qu'être ravi par cet effort des développeurs. De manière générale, les circuits se révèlent vite tortueux et on ne va pas s'en plaindre. Deux mini-jeux ont même été rajoutés, à la fin des courses 8 et 16. Si le concept est primaire (il faut appuyer le plus rapidement possible sur A et B à la suite), l'idée a le mérite d'être là. Tout cela, c'est très bien, mais le premier R.C. Pro-Am tirait sa force de sa jouabilité bien pensée, sa suite est-elle à la hauteur sur ce plan ?
La maniabilité paraît simple au premier abord : on appuie sur B pour avancer, et on se sert des touches directionnelles droite et gauche pour tourner. Le jeu conserve cette tenue de route approximative qui avait fait le succès du premier épisode. A la manière d'un jeu de rallye, on prend quelques tours de piste pour maîtriser sa voiture. Cependant, la voiture patine nettement moins que dans le premier épisode, ce qui rend le jeu plus accessible. Le titre s'inspire à nouveau de son prédécesseur pour ce qui est de l'amélioration du véhicule. On peut toujours doper la capacité du moteur ou se doter de nouveaux pneus, mais grand bouleversement : ces modifications du véhicule ne se font plus simplement en ramassant les objets sur la route. Cette fois, il faut récupérer les bourses qui jonchent les pistes afin de gagner de l'argent. Entre deux courses, on peut alors faire ses emplettes pour customiser le véhicule à notre guise. C'est aussi dans ces menus qu'on achète des armes et des munitions. Il ne reste plus qu'à appuyer sur A pour faire feu pendant la course. Plus nombreuses que dans le premier épisode, ces armes permettent notamment de récupérer l'argent des autres conducteurs, en tirant sur leur véhicule. Rareware a donc voulu pousser davantage le système d'upgrade introduit dans le premier épisode. Si l'idée est bonne et enrichit considérablement le jeu, on peut regretter la navigation relativement lente dans les menus, ainsi que l'absence de réelles descriptions quant aux améliorations qu'on achète : on se retrouve parfois dans le flou. Pourtant, l'achat des bonnes améliorations se révèle vite essentiel pour battre vos adversaires, qu'ils soient contrôlés par la machine ou par vos amis.
R.C Pro-Am 2 se charge de réparer l'une des grandes erreurs de son prédécesseur en incluant un mode multijoueur. Et comme Rareware fait rarement les choses à moitié, le studio britannique est allé jusqu'à permettre à 4 joueurs de s'affronter si l'on dispose d'un adaptateur spécial qui ajoute deux ports manettes à la NES. Entre les courses, chacun a la possibilité de modifier son véhicule comme il l'entend. A la manière d'un Mario Kart, le jeu établit un système de points attribués en fonction de la place à laquelle on arrive (qu'on joue en solo ou en multi, d'ailleurs), et le classement est réactualisé après chaque course. Attendu depuis le premier épisode, ce mode multijoueur, sobre et efficace, ne déçoit pas. On ne peut pas forcément en dire autant de la réalisation technique du titre !
En effet, on a très vite la désagréable impression que Rareware aurait pu faire plus d'efforts sur le plan des graphismes et de la bande sonore. Certes, les environnements sont un peu plus beaux (et surtout plus variés !) que dans le premier épisode, mais quatre ans plus tard, c'est un moindre mal. Alors qu'à côté, la Super NES est déjà sortie, le jeu souffre inévitablement de la comparaison avec d'autres titres. Le constat est encore plus amer en ce qui concerne l'ambiance sonore : les bruitages des véhicules et la plupart des thèmes musicaux sont les mêmes que dans le premier volet. Si ceux-ci restent de bonne facture, on aurait apprécié un peu de changement de ce côté-là. Mais ce ne sont pas ces quelques défauts qui doivent entacher la bonne prestation de R.C. Pro-Am, deuxième du nom. Plus riche et plus intéressant que le premier volet, il se distingue surtout par l'ajout bienvenu d'un mode multijoueur. Dommage que le titre, sorti en toute fin de vie de la NES, soit passé relativement inaperçu, puisqu'on est en face d'un des meilleurs jeux de courses de l'époque 8 bits.
- Graphismes16/20
Légèrement plus beau que le premier épisode, le titre corrige surtout l'un des principaux défauts de son prédécesseur en diversifiant ses circuits. Si la verdure du premier épisode finissait par lasser, cette suite offre une pléthore d'environnements différents. Sans parler des circuits, tortueux à souhait. Une réussite, tout simplement.
- Jouabilité18/20
Bien que les voitures glissent moins que dans le premier volet, on garde le même système de véhicules difficilement contrôlables qui dérapent facilement. Le jeu développe également le système de tuning et d'armes déjà inauguré dans R.C. Pro-Am 1. On pourrait reprocher au titre de paraître légèrement plus lent que son aîné, mais cela reviendrait à chercher le minuscule défaut parmi toutes les qualités dont le jeu fait preuve.
- Durée de vie16/20
Une vingtaine de circuits, deux mini-jeux, des voitures qu'on prend plaisir à améliorer... et surtout un mode multijoueur qui peut accueillir jusqu'à quatre joueurs, un fait rare sur NES, puisqu'il faut disposer d'un adaptateur spécial. Exemplaire en solo, le titre se révèle encore plus fun à plusieurs.
- Bande son12/20
On touche là le principal défaut du titre. Si les musiques sont un peu plus nombreuses que dans le premier épisode sur NES, on est agacé par le fait que Rareware n'ait même pas pris la peine d'améliorer les bruitages. L'ensemble reste néanmoins correct, mais n'est pas au niveau du reste du jeu.
- Scénario/
Avec R.C. Pro-Am 2, on tient très probablement le meilleur jeu de courses de l'époque 8 bits. Méconnu, le titre débarque malheureusement dans l'indifférence générale, à l'époque où la NES est en train de mourir. Le titre corrige pourtant la plupart des défauts de son aîné, tout en incluant de nombreuses nouveautés et en conservant cette jouabilité exemplaire qui avait fait la renommée du premier épisode. Rareware utilise toute la maîtrise acquise avec R.C. Pro-Am sur NES, et Super R.C. Pro-Am sorti sur Gameboy pour livrer le jeu le plus abouti de sa série. Un jeu qui n'aura malheureusement pas connu le succès qu'il méritait.