Après un X-Blades assez calamiteux, la chasseuse de trésors Ayumi nous revient avec ses formes avantageuses et sa peur de porter trop de vêtements. Histoire de justifier le titre Blades of Time, la demoiselle a même gagné la capacité de manipuler le temps. De là à dire que ça nous sauvera de la mouise dans laquelle elle nous embarque...
Si vous ne vous souvenez pas de X-Blades, tant mieux pour vous. Tout ce qu'il fallait retenir, c'est que l'héroïne était une jeune fille très peu vêtue, au point de se balader en string, les fesses à l'air, pour taillader les ennemis en pièces. Bien qu'elle ait depuis appris à mettre un mini (voire micro) short, vous allez vite comprendre que Blades of Time n'a pas grand-chose à proposer de plus... Toujours chasseuse de trésors comme tant d'autres avant elle, l'ingénue à la recherche du secret de Dragonland va s'emmêler dans une histoire abracadabrantesque pleine de mysticisme et de vues plongeantes sur son décolleté. Sacré programme dites donc.
Accueilli par une scène cinématique à la piètre réalisation, on n'a même pas le temps d'affronter le premier ennemi qu'on ne peut que constater le désastre : Blades of Time est visuellement repoussant. Rares sont les jeux qui mettent un tel point d'honneur à nous éblouir d'effets visuels bâclés et de décors sans queue ni tête. On frôle le ridicule d'un point de vue technique, entre les textures plates dignes d'une PS2, le manque de finesse général et les lumières complètement ratées. Mais c'est encore pire quand on s'attache à l'artistique. Le design des niveaux semble avoir été réalisé dans le but sournois de marier le plus de couleurs possible sans aucun sens du goût. Dès le premier chapitre, les parois brillent comme un arbre de Noël et oscillent entre le rouge, le jaune, l'orange et le vert. Un patchwork insaisissable aussi vomitif qu'un court-métrage anxiogène kaléidoscopique. On ne distingue même pas clairement les animations de Ayumi, ce qui a peut-être du bon vu les saccades rencontrées et la tendance qu'a cette sous-Lara Croft à dandiner du derrière.
Si encore c'était jouable... Mais là encore, on n'est pas au bout de nos surprises. La caméra est destinée à choisir des plans hasardeux et à ne jamais montrer les ennemis correctement. C'est d'autant plus drôle que lorsque vous sautez puisque vous ne voyez plus le sol. Retomber dans un précipice ? Faire une attaque dévastatrice alors qu'il n'y avait plus d'adversaires en dessous ? C'est chose courante dans Blades of Time. Remarquez, même sans ça, les combats débouchent souvent sur un bordel sans nom à cause de nombreuses tares réunies. Déjà, il y a les effets visuels particulièrement laids qui ponctuent chaque coup d'épée d'Ayumi, à tel point qu'elle semble constamment entourée d'une bouillie de pixels. Mais rien ne s'arrange quand on découvre le pouvoir de chronorégression, censé être LE point de gameplay le plus excitant du jeu. Pour résumer, vous pouvez effectuer vos mouvements habituels et combos pendant une bonne vingtaine de secondes, puis revenir dans le temps. Pendant que votre clone effectue votre première série de coups, vous pouvez faire autre chose, vous permettant ainsi de vous multiplier et d'attaquer plusieurs ennemis en même temps, d'autant que vous avez la possibilité de créer plusieurs copies de vous-même qui évolueront simultanément.
Alors oui, sur le papier, ça brille très fort et on imagine déjà les trucs de fou qu'un tel système peut permettre. Malheureusement, dans la pratique, c'est du grand n'importe quoi. Outre l'effet visuel rouge sang qui complique la différenciation de vos clones et de vos ennemis, le joyeux bordel qui résulte de vos constantes manipulations est tel qu'on ne comprend plus rien de ce qu'il se passe à l'écran. Les ennemis réagissent soit à vous, soit à vos doubles de façon erratique, et l'utilisation de finish moves, qui donne lieu à des scènes God of Waresque, semble totalement incompatible avec la possibilité d'avoir plusieurs versions de soi-même en jeu. A la limite, quand vous faites face à un seul ennemi contre lequel il faut employer des clones, ça reste intéressant, mais dès qu'il y en a plusieurs, ça vire au pugilat. De toute façon, les combos et différents pouvoirs (activables via une barre de Frénésie) mis à votre disposition sont déjà assez chaotiques pour rendre chaque combat brouillon à souhait. Notez que vous disposez aussi d'un fusil pour attaquer les ennemis à distance, mais l'impossibilité de régler la sensibilité verticale/horizontale va en gêner plus d'un. Au fait, puisqu'on y est, on ne peut pas non plus changer la configuration des touches, nous obligeant à nous coltiner celle de base qui rivalise d'illogisme.
Déjà fortement diminué par ces nombreux défauts, Blades of Time sombre dans la démence quand on se rend compte que le level design date du siècle dernier. Alors que la structure des niveaux est complètement linéaire, le titre de Konami réussit quand même à nous pondre de longs couloirs vides, comme si on allait s'attarder à regarder ces décors sans âme. Ils réussissent même à nous caser le principe du "mur magique" infranchissable toutes les deux secondes, nous obligeant à tuer tous les ennemis de la zone. Pareil pour les phases de plates-formes inutiles où on saute de corail en corail grâce à un système de lock. De temps en temps, on vous propose d'utiliser votre boussole pour trouver des coffres plus ou moins cachés... Du moins si on peut considérer comme caché un objet qui vous est clairement indiqué par une flèche. Bref, on a l'impression que l'architecture des environnements a été dessinée au hasard et qu'on vous a jeté dedans comme un rat dans un labyrinthe. Et encore, un labyrinthe possède plusieurs embranchements.
Si le solo ne vous a pas convaincu (ha ha ha), ne comptez pas sur le multi pour vous sortir de la mélasse. En effet, le mode Invasion n'est ni plus ni moins qu'un MOBA au rabais. N'est pas DOTA qui veut, ce mode n'a absolument aucun intérêt tant il se contente des principes de base sans tenter quoi que ce soit pour rendre les parties intéressantes. En fait, le seul bon point de Blades of Time semble être son prix réduit de 30 €, même si cela ne suffit pas à accepter son gameplay redondant et indigeste et sa réalisation au ras des pâquerettes. Tiens, ça nous fait penser qu'on ne vous a même pas parlé des honteux doublages français qui cumulent tout ce qu'il ne faut pas faire : absence totale de lipsync et acting forcé. A moins d'être un véritable fan de X-Blades (et encore), il serait bon de fuir cette galette...
- Graphismes6/20
Déjà techniquement à la ramasse, Blades of Time se complaît à se refuser toute personnalité visuelle. Nos rétines souffrent devant ces amas de couleurs fluo apposés sur des textures immondes. Les effets de lumières, censés faire office de cache-misère, n'arrangent rien, bien au contraire. Le pire, c'est qu'il n'est pas rare de voir disparaître de grands pans de décor si on bouge un petit peu trop la caméra, sans parler des petits freezes réguliers.
- Jouabilité8/20
Des idées, Blades of Time en avait, à commencer par la chronorégression. Malheureusement, la mise en pratique est toujours une étape difficile à passer et le titre développé par Gaijin Entertainment se plante lamentablement. Quand on se coltine les ennemis et nos clones à l'écran, on a l'impression de se retrouver dans un RTS, sans le côté stratégique. Même sans cela, les combos sont basiques et le plaisir de jeu s'efface encore plus quand il s'agit de s'empêtrer dans une phase de plates-formes.
- Durée de vie11/20
Vu l'intérêt du multi, vous aurez du mal à trouver des joueurs. Il ne reste donc que le solo, qui compte bien six heures de jeu. Pour 30 euros, on dira que c'est honnête, mais il faut aussi compter la redondance de l'action, ce qui calme sec...
- Bande son5/20
Les musiques sont tellement insipides que vous les aurez oubliées sitôt la partie terminée. Oh, et même en pleine partie tiens. Quant aux doublages, chaque scène cinématique navigue entre l'involontairement drôle et le pathétique.
- Scénario5/20
Digne d'un collégien, le scénario tient en une phrase : Une belle nana chasseuse de trésors affronte de vilaines bestioles. Voilà voilà.
Tout l'apanage de Blades of Time se résume à sa jaquette. Une demoiselle affriolante avec des katanas. Sorte de chanbara sexy sans l'ultra-violence, le titre de Konami n'a malheureusement rien d'autre à proposer. Un vilain gribouillis dont l'unique véritable bonne idée est noyée dans un flot d'aberrations visuelles, techniques et ludiques.