Parler du premier Risen, c'est évoquer à la fois un jeu de rôle développé sur PC par Piranha Bytes et un portage bâclé sur Xbox 360 signé Wizarbox. Le scénario de ce ratage s'avère malheureusement extrêmement classique. Mise en chantier tardivement, la version consoles a été conçue en seulement quelques mois par le studio français. Malgré la bonne volonté des développeurs, le fruit de leur travail souffrait de trop nombreux problèmes techniques pour que l'on puisse pleinement profiter de l'expérience. Pour Risen 2 : Dark Waters, l'éditeur Deep Silver et les développeurs allemands de Piranha Bytes ont décidé de changer de méthode. Fort logiquement, ils ont donc cette fois mis Wizarbox dans la boucle beaucoup plus tôt. Le studio a ainsi pu bosser dans de bonnes conditions. Pour un résultat que l'on nous promettait bien meilleur.
Histoire de ne pas nous mélanger les crayons, mettons tout de suite les choses au clair. Comme nos précédents aperçus le montrent, nous avons jusqu'ici été séduits par les différentes présentations de Risen 2. Sur PC, on peut même dire que le jeu nous a fait très forte impression. Mais cette fois, à un peu plus de deux mois de la sortie du titre, calée au 27 avril, nous avons été conviés à un événement pour découvrir la version Xbox 360, et uniquement celle-ci. Elle devrait d'ailleurs être quasiment identique à celle prévue sur PlayStation 3. L'objectif était de nous montrer la qualité de ce portage censé trancher avec le résultat obtenu sur le premier Risen. Cette fois, les développeurs de Wizarbox nous ont confié avoir été impliqués dans le projet dès sa genèse. Ils ont ainsi pu discuter lors de toutes les étapes avec Piranha Bytes qui développait de son côté la version PC. Voilà qui ressemble à des conditions de travail classiques.
Le passage exposé lors de la présentation se situe plusieurs heures après le début de l'aventure, qui, on le rappelle, prend place dans l'univers de la piraterie. Notre héros - bandeau sur l'oeil droit, sabre à la ceinture - se retrouve plongé au cœur d'un conflit sur une petite île perdue au milieu de l'océan. Alors qu'un capitaine (dont on ne sait rien) vous a demandé de ravitailler son navire en eau et en nourriture, vous vous retrouvez bloqué par des pirates qui en ont décidé autrement. Ce qui ne vous arrange vraiment pas car ledit capitaine possède un artefact dont vous avez besoin. Il va falloir ruser. Pour résoudre cette situation complexe, plusieurs solutions s'offrent à vous. La première d'entre elles consiste à aller rosser directement le chef de ces rebelles afin que le conflit prenne immédiatement fin. Rapide, efficace mais risqué. Deuxième option, vous pouvez aller discuter avec ce même chef afin de lui voler discrètement l'un de ses cheveux. Tout cela, dans l'optique de pratiquer un rite vaudou visant à prendre possession du corps de votre cible. Une fois l'opération réussie, il suffit alors de donner des ordres aux différents sous-fifres pour que la situation se débloque. Malin et sans danger. Troisième possibilité, en prétextant la découverte d'un trésor, vous emmenez votre proie loin de ses amis pirates avant de lui tirer subitement une balle en pleine tête au beau milieu d'une conversation. Cette solution est évidemment radicale mais elle requiert l'apprentissage d'une compétence spécifique.
Offrir aux joueurs un nombre aussi important de possibilités est évidemment une excellente idée. On ne peut qu'espérer que la suite de l'aventure soit aussi riche. A travers ce passage, nous avons pu voir que les dialogues à choix multiples étaient écrits avec soin et humour. Etant donné le contexte, cela renvoie aux différents Monkey Island, toutes proportions gardées. On sent par ailleurs que les développeurs ont prêté attention à installer une atmosphère singulière, propre à l'univers de la piraterie. Outre le paysage insulaire composé d'une végétation luxuriante, de plages et de falaises, ce sont les PNJ qui permettent au joueur de se sentir immergé dans l'aventure. Ces derniers sont de véritables clichés vivants imbibés en permanence de rhum. Ce qui occasionne des échanges souvent cocasses.
Côté gameplay, on se trouve en face d'un action-RPG qui s'efforce de proposer des combats dynamiques. La palette de mouvements disponibles est classique. Lorsque l'on utilise le sabre du personnage principal, on peut parer, esquiver et enchaîner les coups avec plus ou moins d'insistance. Il faudra d'ailleurs apprendre à timer correctement ses attaques en fonction du pattern de l'ennemi. Les énormes bestioles ont par exemple tendance à bien encaisser vos offensives. Il faudra donc y aller par petites touches afin de ne pas prendre une rouste. Nous avons par ailleurs rencontré des adversaires qui nécessitaient l'utilisation de techniques particulières. C'est le cas d'un gros crabe robuste qui squattait l'une des plages de l'île. Pour le vaincre, il fallait attendre le moment juste, à savoir lorsqu'il amorçait un mouvement pour vous attaquer, avant de balancer un coup de pied permettant de le faire basculer sur le dos. Ce qui en faisait ensuite une proie facile. Plus tard, alors que trois araignées particulièrement agressives étaient bien décidées à nous dépecer, nous avons pu tester l'efficacité de la magie vaudoue. En lançant un sort sur l'une des bêtes, elle s'est mise à attaquer ses congénères. Il existe de nombreuses options singulières donnant au jeu un charme certain. En cas de problème, il ne faudra par exemple pas hésiter à sortir la bouteille de rhum pour se soigner. On est pirate ou on ne l'est pas... En envoyant un perroquet sur son ennemi, on pourra le distraire afin de le prendre en traître. On a également la possibilité de prendre le contrôle d'un petit singe via une vue à la troisième personne, comme pour le héros. Etant donné qu'il ne peut pas se faire attaquer, il permet de partir en reconnaissance avant de se battre. Mais aussi de récupérer des objets dans les environnements. Il convient par ailleurs de signaler que l'interface a été pensée pour être pratique au pad. Une roue permet de sélectionner aisément et rapidement l'item ou l'arme que l'on souhaite (pistolet, perroquet, rhum, sabre, sorts vaudous).
Risen 2 : Dark Waters affiche vraiment de bonnes idées. Ce côté monde ouvert avec la possibilité d'explorer librement l'île (une carte permet de se repérer), d'interagir avec de nombreux PNJ, de participer à de multiples quêtes, s'avère vraiment grisant. Les temps de chargement sont en plus inexistants, y compris lorsque l'on rentre chez un PNJ. Maintenant, on se doit aussi d'aborder les points qui fâchent. Et ils sont nombreux. Comme on l'a déjà mentionné plus haut, si on nous a permis de prendre en main le jeu, c'était clairement pour nous montrer la qualité de ce portage console. Or, celui-ci souffre de nombreux problèmes techniques de diverses natures. Si on peut passer sur les gros soucis de clipping, sur l'instabilité du framerate ou la modélisation très sommaire des différents personnages, difficile de ne pas se sentir frustré lors des combats. La caméra peine à suivre l'action et se positionne particulièrement mal lorsque l'on est encerclé par plusieurs ennemis. Ce défaut, couplé à des collisions parfois étranges, gâche franchement le plaisir de jeu. D'autant que vous vous en doutez, les affrontements sont nombreux. Alors oui, il reste deux mois à Wizarbox pour peaufiner son travail. Mais cela semble bien peu dans le cas présent.
Au moment de vous livrer nos impressions, c'est malheureusement un sentiment de déception qui nous habite. On aurait vraiment aimé être conquis par cette version Xbox 360 comme on l'avait été lors de la présentation du titre sur PC. Evidemment, le tableau n'est pas totalement noir. On apprécie par exemple les efforts fournis pour proposer une interface intuitive mais aussi les dialogues et les multiples possibilités offertes pour résoudre chaque énigme ou aborder les combats. Pour autant, alors que le jeu sort dans deux mois, il subsiste de gros soucis techniques qui nous inquiètent fortement. Si sur PC, le jeu devrait réellement valoir le coup, on vous conseille vivement d'attendre le test des versions consoles avant de vous jeter dessus. D'ici là, qui sait, Wizarbox réussira peut-être à nous surprendre.