Si les noms de John Woo, Ringo Lam, Tsui Hark ou bien encore Johnnie To ne vous disent pas grand-chose, pas mal de références de Sleeping Dogs devraient vous passer un peu au-dessus. En effet, pour se démarquer de leurs petits camarades, les développeurs de United Front Games ont choisi sciemment de rendre hommage à toute une ribambelle de polars hong-kongais, genre qui n'a plus rien à prouver et ce n'est pas le cinéma américain, ayant allégrement puisé à sa source, qui dira le contraire. Ainsi, Sleeping Dogs nous contera les mésaventures d'un pauvre bougre du nom de Wei Shen qui devra infiltrer la mafia chinoise pour la démanteler de l'intérieur. Dans l'absolu, le scénario devrait se rapprocher de l'excellent Infernal Affairs et de son non moins imposant remake américain, Les Infiltrés. Pourtant, pour l'heure, difficile de se faire un avis sur ce point-là bien que les quelques cinématiques montrées n'étaient pas folichonnes, le héros manquant clairement de charisme et les situations entraperçues ayant un air de déjà-vu. Pour autant, on attendra patiemment d'en voir un peu plus pour papoter de cet aspect qui reste malgré tout prometteur, du moins dans la conception de son intrigue.

Pour tout ce qui touche au gameplay, disons que l'originalité n'est pas le maître mot de Sleeping Dogs dans le sens où on trouve à peu près tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un tel titre. Bien entendu, ceci n'est nullement péjoratif. Ce serait même plutôt rassurant bien que dans le cas qui nous intéresse, on espère tout de même que certains points seront améliorés d'ici à sa sortie fixée à l'été prochain. Ainsi, si les développeurs évoquent Batman Arkham Asylum pour le système de combat, il faut avouer qu'on est loin de ressentir une jouissance similaire entre les deux titres. Pour autant, on peut passer aisément d'un adversaire à l'autre dans Sleeping Dogs, contrer les attaques en s'appuyant sur un système identique à celui de Batman et surtout utiliser plusieurs éléments du décor pour effectuer des QTE afin de mettre KO un adversaire à l'image d'un Jason Bourne. Mais malgré cela, le tout devient redondant après deux ou trois échauffourées. La faute à des animations un peu hachées, un manque cruel de coups (coups de poings, coups de pieds et c'est à peu près tout) et un certain paradoxe entre des QTE violentes mais sans effusion de sang bien que ce détail puisse être réglé dans la version finale.

Sur la question des gunfights, le constat est un peu similaire : sympathiques sans être transcendants. En fait, ceux-ci sont parfaitement jouables, mettent à profit profusion de caches pour tirer à couvert mais ont tendance à abuser des ralentis. Bien qu'esthétiques, ces derniers deviennent alors partie intégrante de l'action et ne se posent plus comme un moyen salvateur de faire place nette (à l'inverse de ceux d'un Max Payne) mais plutôt comme des automatismes lorsqu'on arrose à tout-va. Néanmoins, le mélange reste efficace et les séquences pleines d'adrénaline. En parlant de ça, on appréciera également les courses automobiles qu'il sera possible d'effectuer par le biais de l'aventure principale ou via des quêtes annexes. S'il sera bien entendu possible de conduire tout type de véhicule rencontré moyennant un peu de car-jacking, vous devrez parfois piloter des bolides surpuissants afin d'asseoir votre statut de petit minet qui en veut. Et sur ce point, autant dire qu'on sent l'influence d'anciens membres du studio Black Box qui ont officié sur plusieurs Need for Speed. De fait, si la conduite en motos manquait un peu de souplesse, celle en voitures procurait de très bonnes sensations notamment grâce à une souplesse dans le maniement. Dérapages, boosts, tout ceci contribuait au côté arcade des courses pour une meilleure intégration dans l'aventure et sur ce point, c'était franchement réussi.

Comme vous pouvez l'imaginer, si ces phases constitueront le gros de l'aventure, le ciment qui fortifiera l'ensemble restera l'histoire et l'ensemble des missions qui la constitueront. De fait, si United Front Games n'a pas modélisé l'ensemble de la ville, quatre énormes quartiers seront à disposition. Vous pourrez alors y aller comme bon vous semble, rendre visite à divers commerçants pour acheter des fortifiants (pour subir moins de dommages), des nouilles (pour regagner de la santé), etc. En parallèle, sachez que plus le scénario évoluera, plus vous monterez en grade dans les triades. Ceci vous permettra alors d'habiter un plus bel appartement, de le meubler et d'acheter des fringues correspondant à votre statut social afin d'être aussi classe qu'un Chow Yun-Fat au sommet de sa gloire. Bref, il y a du bon dans ce Sleeping Dogs et si pas mal de points auraient besoin d'un bon coup de collier, à commencer par l'aspect graphique qui assure plutôt en extérieurs autant qu'il détonne en intérieurs, on est en droit d'attendre sereinement la version finale qui pourrait bien nous surprendre. C'est tout le mal qu'on lui souhaite !