En guise de préambule, il convient de rappeler que CDProjekt ne s'est pas précipité pour lancer le développement de la version Xbox 360 de The Witcher 2. Contrairement à la plupart de ses concurrents, le studio polonais a pris le temps de proposer d'abord aux joueurs PC une expérience solide avant de mobiliser ses troupes pour transposer l'affaire sur console. Et puisque ces développeurs basés à Varsovie ne négligent jamais leur travail, le portage de ce fantastique RPG sur la machine de Microsoft a bénéficié lui aussi d'un soin tout particulier. En témoigne sa date de sortie, calée près d'un an après celle de la version PC et les ajouts dont il profite à l'occasion de ce changement de plate-forme. A commencer par une cinématique d'ouverture totalement inédite s'étalant sur un peu plus de trois minutes, réalisée par le réputé Tomasz Baginski. Cette scène montrant l'assassinat brutal de Demavend, roi d'Aedirn, sur son propre navire, s'avère absolument sublime. Une introduction parfaite à l'expérience unique qui vous attend.

Évidemment, la première problématique sur laquelle les équipes de CDProjekt ont longtemps planché concerne les contrôles. Certes, la version PC se montrait déjà praticable au pad mais le tout s'avérait laborieux. Rendre le système de combat dynamique de The Witcher 2 pleinement jouable sur Xbox 360 n'avait donc rien d'une tâche aisée. Au contraire, nombre de studios se sont cassés les dents en s'essayant à cet exercice de conversion périlleux. Pour le coup, les développeurs polonais ont semble-t-il trouvé la bonne formule, notamment en réalisant un gros travail sur le placement de la caméra. Celle-ci ne se retrouve quasiment jamais dépassée par l'action. Elle suit habilement Geralt, même lorsque l'ami sorceleur se fend d'une pirouette du plus bel effet pour aller planter un monstre. En cas de souci, le stick droit permet de toute façon de recadrer la caméra manuellement. Classique mais cela fonctionne parfaitement lors des affrontements. Le système de ciblage est lui aussi très efficace. Le joueur peut locker facilement l'ennemi qu'il souhaite avec une gâchette ou changer d'opposant à tout moment s'il le veut. Un système parfaitement fluide jamais pris en défaut lors de notre partie.

Pour le reste, les contrôles se montrent également très naturels. Les développeurs ont repris des mécaniques ayant fonctionné dans d'autres RPG. On retrouve la possibilité de passer le jeu en pause active pour choisir le signe, l'épée ou encore la bombe à utiliser. La touche back ouvre quant à elle les menus, donnant ainsi accès à l'inventaire, à l'équipement ainsi qu'aux arbres de compétence de Geralt, à différentes fiches détaillant le background du jeu et à la map. Il faut le reconnaître, CDProjekt avait déjà en tête l'idée du portage console lorsqu'il a conçu les menus de son RPG sur PC. Ce qui a provoqué quelques remontrances méritées de la part de la communauté d'ailleurs. Aussi, on ne se montrera pas surpris que la navigation au sein des différentes sections soit aussi simple. De même, les combats dynamiques s'avèrent particulièrement adaptés à cette opération de « consolisation ». On retrouve donc ces affrontements nécessitant un certain sens du rythme. De la patience est également requise puisqu'il ne faut pas hésiter à sauter pour éviter les offensives d'un ennemi, à parer avant de balancer alternativement coups rapides et puissants. Même si tout cela réclame du doigté, nous avons quand même eu l'impression que les combats étaient encore plus pêchus qu'auparavant. Trop ? Bourrins ? Il faudra plus de temps pour en juger.

The Witcher 2 sur PC, c'était aussi une direction artistique réussie servie par une réalisation de tout premier ordre. On savait pertinemment que CDProjekt ne parviendrait pas à reproduire une telle qualité visuelle sur Xbox 360. Tout simplement parce que la machine de Microsoft n'en a pas les capacités. Sans surprise, la confirmation est venue lors de cette première présentation du jeu. Techniquement, The Witcher 2 sauce console s'avère donc nettement moins abouti que ce à quoi nous avions eu droit en mai 2011. Toutefois, mis à part un clipping un poil trop présent, quelques textures pas tout à fait exemplaires et une modélisation des visages moins propre – des détails que les développeurs ont encore le temps de peaufiner - le jeu s'est tout de même montré convaincant. Il fait d'ores et déjà clairement partie du haut du panier sur Xbox 360. La profondeur de champ est par exemple stupéfiante alors que les effets de lumière sont d'une rare beauté. La palme d'or revient aux environnements qui fourmillent de détails. Impressionnant, tout simplement, d'autant que CDProjekt a dû retoucher en profondeur son moteur - le même que celui utilisé sur PC - pour parvenir à ce résultat.

Côté contenu non plus, le studio polonais a décidé de ne pas se laisser aller. En soi, avec ses nombreux embranchements scénaristiques, ses dialogues à choix multiples, ses quêtes secondaires et sa quarantaine d'heures de jeu, The Witcher 2 offrait déjà une durée de vie intéressante sur PC. Mais visiblement, cela ne suffisait pas. Sur 360, les joueurs auront droit à la même histoire mettant en scène Geralt et une galerie de personnages tout aussi savoureux, mais agrémentée de quatre heures de jeu supplémentaires. Cela signifie concrètement l'apparition de nouveaux lieux mais aussi l'arrivée de personnages inédits. Nous avons par exemple rencontré la téméraire Brigida, petit bout de femme blonde redoutable au combat. Elle a sollicité notre aide dans une mission qui visait à l'accompagner près d'un fleuve en la défendant contre les assauts de monstres et de bandits. Si la trame principale ne s'en trouvera probablement pas changée, ces suppléments densifient le contenu d'un jeu qui n'en avait pourtant pas nécessairement besoin. A tout cela s'ajoutera en prime une grosse trentaine de minutes de cinématiques supplémentaires mais également tous les DLC distribués sur PC depuis la sortie de The Witcher 2 en mai 2011. En parallèle, pour ne pas frustrer sa base de fans, CDProjekt a prévu de donner gratuitement le nouveau contenu console aux possesseurs du jeu sur PC. Bref, tout le monde va être heureux.