Rappelez-vous ! En 2007 sortait un certain Crush sur PSP, un casse-tête original et particulièrement ardu dont le concept avait attiré quelques joueurs avides de challenge. Alors que les fans espéraient secrètement une suite, voilà que Sega propose Crush3D sur 3DS, sorti de nulle part. De nouvelles aventures pour Danny ?
Pas vraiment. Car si Danny fait son retour, toujours affublé d'un peignoir des plus chics, nous voilà plutôt devant un reboot de l'oeuvre originale. Oui oui, même les puzzle-games ont droit à leur reboot maintenant... On retrouve toutefois un pitch de départ un peu différent. Danny a pour meilleur ami un savant doux dingue qu'on appelle le Doc. Ce dernier a mis au point une machine, appelée C.R.U.S.H., capable d'envoyer un sujet dans ses propres pensées, celles-ci matérialisées en plates-formes. Le but ? Comprendre (et annihiler) des problèmes psychologiques en résolvant des énigmes dans sa tête. Et si vous croyez que c'est simple, c'est que vous ne connaissez pas encore la complexité du cerveau de Danny, qui s'y essaye comme cobaye.
En effet, les plates-formes ne sont pas bêtement alignées les unes à côté des autres, traçant ainsi un chemin vers la sortie. Que nenni ! Vous voilà dans un véritable puzzle 3D dans lequel il semble de prime abord impossible d'évoluer. Du moins, jusqu'à ce que Danny comprenne qu'il a le pouvoir de "dégonfler" l'environnement, passant ainsi de la 3D à la 2D. En aplanissant les structures qui l'entourent, Danny s'ouvre ainsi des chemins, rapprochant des blocs autrement inaccessibles. Puisqu'il est possible de tourner la caméra à 90° (dans toutes les directions) et même au-dessus du personnage, les possibilités sont nombreuses et il y a toujours une solution pour qui sait être patient. Toutefois, certains blocs ne peuvent être traversés ou utilisés qu'en 2D ou en 3D, ce qui complique souvent les choses. Rassurez-vous, si vous faites une action qui vous écrase comme une crêpe ou vous envoie dans le vide, vous êtes automatiquement replacé à l'endroit où vous étiez avant de commettre votre bourde. Alors certes, dans les premiers niveaux, vous pouvez en profiter pour tenter tout et n'importe quoi en espérant que ça passe, mais par la suite, de nouveaux éléments viennent jouer avec vos méninges et il sera vite impossible de se sortir de la situation dans laquelle vous êtes empêtré en essayant des manipulations au pif. Boule à déplacer, interrupteurs qui font apparaître des plates-formes et apparition de monstres (cauchemars), l'esprit de Danny saura vous jouer de nombreux tours.
Avec ces prémices intéressantes, on peut s'attendre à un titre fort exquis, et il est vrai que les fans du genre ont de quoi jubiler devant des heures de réflexion. Toutefois, il faut bien admettre que quelques éléments viennent perturber un cadre fort prometteur. Tout d'abord, si vous avez déjà joué à Crush sur PSP, il est inutile d'acheter Crush3D : la plupart des niveaux sont directement repris de l'original. De plus, si le premier opus n'était pas des plus jolis, il faisait tout de même l'effort de proposer des décors et une ambiance relativement particuliers, là où Crush3D est épuré de toute âme visuelle. D'ailleurs, le design du héros va dans le même sens puisque Danny doit maintenant se coltiner le charisme d'un Mii. Enfin, ce "reboot" a le même problème de durée de vie que la copie originale, en ne proposant qu'une cinquantaine de niveaux en tout et pour tout. Bien que les dernières énigmes vous donneront beaucoup de fil à retordre, les plus doués finiront le jeu rapidement et n'auront pas vraiment de raison d'y retourner, malgré les souvenirs et trophées à récupérer. En fait, on se demande vraiment ce que ce "nouveau" jeu est censé apporter ? L'utilisation de la fonction 3D de la console ? Elle est inutile et sera mise sur off dès les premières secondes. Bref, si Crush3D reste un titre plaisant au concept singulier, on regrette l'absence de prise de risque de l'éditeur qui s'est contenté de nous ressortir le jeu en lui retirant son identité, sans pour autant y apporter de vraie plus-value. Toutefois, si vous n'avez pas de PSP et n'êtes pas trop regardant sur la réalisation et le contenu, le titre développé par Zoë Mode reste une bouffée d'air frais dans le monde du puzzle-game.
Etant dans l'impossibilité de prendre nos propres screens, les images qui illustrent ce test sont fournies par l'éditeur.
- Graphismes10/20
Pourquoi avoir effacé le parti graphique de l'oeuvre originale pour cet univers aseptisé ? Si on devine que cette absence totale de personnalité sert à attirer le grand public, cette neutralité dessert un titre qui se voulait inventif.
- Jouabilité16/20
Porté par un principe ingénieux, Crush3D joue parfaitement avec les dimensions et les perspectives pour proposer un titre de réflexion complexe, d'autant que de nouveaux mécanismes viennent s'ajouter au concept de base au fur et à mesure de l'aventure. Si une fonction "astuce" peut vous sauver de temps en temps, il est préférable de se torturer les méninges pour apprécier le jeu de Sega à sa juste valeur. Attention tout de même, il s'agit d'un titre difficile qui en découragera plus d'un.
- Durée de vie11/20
Malheureusement, Crush3d ne dispose que d'une cinquantaine de niveaux, et le fait de rester bloqué comme une nouille parce qu'on a oublié de vérifier ce qu'on pouvait faire dans une ou l'autre dimension ne constitue pas vraiment une bonne durée de vie. Bien que l'on puisse refaire les niveaux pour améliorer son temps, on espérait plus d'un reboot/remake.
- Bande son15/20
Plus que de simples mélodies d'accompagnement, les thèmes voyagent dans les genres et se veulent modernes, sans pour autant trancher avec le style du jeu.
- Scénario12/20
Encore une fois, on regrettera que la trame ait été simplifiée par rapport à celle de la version PSP. Même si les dialogues possèdent leur dose d'humour et de second degré, on a beaucoup plus de mal à s'attacher à Danny.
Crush3d aurait pu être un excellent titre s'il ne souffrait pas de la comparaison avec son propre prédécesseur. Car s'il propose des énigmes corsées basées sur la perspective et le combo 2D/3D, il perd toute la personnalité du titre PSP dont il est un remake sans pour autant apporter de vraies nouveautés. Crush3D reste toutefois un casse-tête saisissant qui peut vous scotcher pendant plusieurs heures si vous accrochez à son concept tortueux. A essayer si vous n'avez pas goûté à l'original.