Après un premier volet sur GBA et un épisode orienté multijoueur sur Gamecube, Wario, Mona, Jimmy et les autres membres de l'équipe de Wario Ware sont de retour sur la console de leurs débuts. Cette fois-ci, les développeurs ont eu l'idée d'inclure un capteur de rotation dans la cartouche. Les mini-jeux se jouent donc en faisant tourner la console, un peu comme quand on se tord dans tous les sens en jouant à Mario Kart en pensant que cela aidera son véhicule à mieux prendre les virages. La différence est qu'ici, le jeu réagit vraiment aux mouvements. Sur le papier, ça semble génial mais est-ce aussi le cas en pratique ?
Pour ceux qui ne connaissent pas Wario Ware, tous les épisodes de la série reposent sur le même schéma : il faut enchaîner avec succès le maximum de mini-jeux possible. Ces derniers durent environ 5 secondes (quelques minutes pour les boss) et consistent à effectuer une action simple et souvent stupide résumée en une indication. Chaque personnage dispose de son propre thème (rétro, réflexion, etc.) et de son petit scénario qui introduit la partie via une petite scénette. Au début d'une série, les épreuves s'enchaînent aléatoirement à allure normale, puis la vitesse augmente de plus en plus, ainsi que la difficulté car chacune possède 3 variantes, de la plus basique à la plus corsée. Pour finir Wario Ware Twisted, il faut donc compléter les séries de jeux soumises par les 11 protagonistes de base. Le défi ultime consiste par ailleurs à finir un nombre de fois donné chacun des 226 mini-jeux dans leur trois niveaux de difficulté qui se succèdent en boucle, de 5 fois pour les plus difficiles à 20 fois pour les plus faciles.
Pour son second passage sur GBA, Wario chamboule la jouabilité et se manipule désormais avec le détecteur de rotation inclus dans la cartouche. Seules Kat et Ana proposent des jeux jouables exclusivement avec le bouton A, histoire de varier un peu les plaisirs. Les jeux de Mona et de Jimmy n'utilisent que le capteur, ceux de Spitz et Dribble cumulent le capteur et le bouton A, Orbulon reste spécialisé dans les jeux remue-méninges, 9-Volts reste fidèle aux jeux rétro, le Dr. Crygor inverse la gravité et Wario instaure une limite de temps pour finir sa série. Avec toutes ces catégories, les 226 mini-jeux sont extrêmement variés et procurent autant de plaisir que dans les autres épisodes. Peut-être même plus car le capteur de mouvement fonctionne à merveille et fait preuve d'une précision sans faille. Jouer en faisant pivoter sa console procure plus de plaisir qu'on ne l'aurait imaginé car tout devient extrêmement instinctif et répond au doigt et à l'œil.
Wario Ware Twisted conserve l'esthétique minimaliste des épisodes précédents, ainsi que l'absurdité ambiante propre à la série. Les mini-jeux possèdent chacun leur propre style graphique et leur propre mini-musique, qui ne favorisent en rien la concentration de par l'hilarité qu'ils provoquent. De plus, les animations calquent les mouvements de la console avec une fluidité qui mérite les honneurs. Côté réalisation générale, nous avons donc ici un rendu simple mais d'une efficacité redoutable qui incite même parfois à l'échec car les conséquences d'une action ratée peuvent déclencher des fous rires hystériques. On regrette seulement que les mouvements de la console empêchent de bien voir ce qui se passe à l'écran dans les mini-jeux qui requièrent des mouvements amples ou brusques. Mais comme ils reviennent en boucle, on finit par les connaître par cœur et ce manque de visibilité ne gêne finalement que lors des premières rencontres.
Après chaque affrontement contre un boss, une machine à jouets nous offre l'un de ses trésors qui vient compléter la collection de souvenirs. On y retrouve des jouets inutiles comme les figurines des personnages qui se contorsionnent ou roulent sans aucun but, de curieux instruments de musique, et bien d'autres objets virtuels plus ou moins sans intérêt. En moyenne, on reste une minute sur chacun d'eux avant de constater l'inutilité de la chose et de passer au suivant. Seuls les jeux bonus présentent un véritable intérêt. Ceux-ci sont au nombre de 21, contre seulement 8 dans Wario Ware Inc., et consistent à établir un score record dans des disciplines très variées allant de la couture au saut de moutons, en passant par la lutte de sumo contre des oreillers volants. Mention spéciale pour Mewtroid, un jeu où un chat mal dessiné doit tirer sur des hommes-insectes tout aussi moches, accompagné par la musique de Metroid, un délice ! Avec un coffre à souvenirs bien rempli, la possibilité d'établir des records dans les 15 séries et les succès à obtenir pour chaque mini-jeu, Wario Ware offre de quoi tuer l'ennui pendant une bonne poignée d'heures.
En résumé, Wario Ware Twisted reprend donc tous les éléments qui ont fait le succès du premier épisode GBA et s'offre en prime une durée de vie optimisée, une quantité impressionnante de bonus et une jouabilité entièrement repensée basée sur les mouvements de la console. Malheureusement, sa sortie au Japon a précédé de deux mois celle de l'épisode DS, ce qui a contraint Nintendo of America à le sortir deux mois après Touched. Il faut dire que comme ce dernier accompagnait la sortie de la Nintendo DS, il aurait été commercialement risqué de lui faire de la concurrence avec un autre jeu de la même licence. En Europe, Nintendo ne s'est d'ailleurs même pas donné la peine de sortir le titre, jugeant sans doute qu'il était déjà trop tard. C'est terriblement dommage car si certains aspects comme les graphismes et la durée de vie restent perfectibles, il ne fait aucun doute que nous sommes en présence d'un excellent épisode de la série loufoque de Nintendo.
- Graphismes12/20
L'esthétique dépouillée du jeu colle parfaitement à son ambiance déjantée et chaque mini-jeu propose une ambiance différente. La GBA est capable de bien mieux mais pour un titre pareil, il est inutile d'en demander plus.
- Jouabilité17/20
Le détecteur de mouvements fonctionne parfaitement et on se régale en relevant les nombreux défis de Wario Ware. En revanche, dans certains jeux, il est difficile de suivre ce qui se passe à l'écran tout en agitant la console, mais ce n'est pas bien gênant.
- Durée de vie13/20
Quelques heures suffisent pour relever les défis proposés par tous les personnages. Cependant, une fois les crédits passés, il est difficile de résister à la tentation d'établir des records pour chaque série. Les plus accros passeront également quelques heures sur les 21 jeux bonus.
- Bande son15/20
Avec une musique débile par mini-jeu et une multitude de bruitages insolites, nos oreilles n'ont pas de quoi s'ennuyer. L'ambiance sonore provoque à elle seule quelques crises de fou rire.
- Scénario10/20
Chaque personnage s'accompagne de son scénario qui sert de prétexte à sa série de mini-jeux. Ça ne vole jamais bien haut mais l'intérêt est ailleurs.
Cet épisode très mouvementé prouve que la série de l'ami Wario peut décidément s'adapter à tous les styles de jouabilité. Avec 226 mini-jeux, 15 personnages, 21 jeux bonus et une bonne centaine de jouets idiots, Wario Ware Twisted s'impose comme l'un des épisodes les plus réussis de la série.