Blackwater, "célèbre" compagnie militaire privée, prête sa licence à un jeu vidéo. Voilà qui est sans doute une première, ce qui ne va certainement pas sauver ce piètre rail-shooter des abysses qu'il n'aurait jamais dû quitter.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Blackwater; plus récemment connu sous le nom de Xe, société militaire privée qui s'est notamment faite médiatiser pour son enthousiasme un peu trop prononcé lors de ses missions d'escortes. Et bien ce sont ses hommes qui sont les héros de ce rail-shooter, et non, on ne va pas se lancer dans un débat sur la question, on préfère vous le laisser. Franchement, il y a déjà bien assez de choses à dire sur la bête sans aller causer de morale. Shooter sur rail donc, le titre de Zombie Studio se charge pour vous des déplacements, vous laissant vous concentrer sur la visée et votre positionnement, à couvert ou le nez pointé face à l'ennemi. La super grosse fonctionnalité qui tue et que le jeu revendique avec une fierté toute relative, c'est sa compatibilité Kinect. Et si on parle de fierté relative, c'est tout simplement parce que même les développeurs ont finalement décidé qu'il valait mieux prévoir la possibilité de jouer au pad, probablement afin d'éviter de subir des poursuites en justice.
Pour faire bref, jouer avec le capteur de mouvements est une pure torture. Pour tirer, Zombie Studio n'est pas allé chercher 12h à 14h et vous propose donc bêtement de tendre le bras en direction de votre cible. Et là, surprise, il faut attendre qu'un petit cercle jaune se remplisse, ce qui prend une demi-seconde, pour que le coup parte. Bon, soit, pourquoi pas. Seulement il y a un hic : la reconnaissance est si peu précise que vous verrez fréquemment le curseur se mettre à gigoter ou trembloter ce qui "déverrouillera la cible". La moitié des coups partent n'importe où et faire preuve d'un minimum de précision devient un rêve inaccessible, un peu comme si vous tentiez de toucher la lune. Celle qui est dans le ciel. Pire, si vous voulez lancer une grenade, il faudra viser avec un bras puis lever l'autre et faire un mouvement de lancer. Bon courage pour arriver à cibler un point précis, le jeu n'en faisant qu'à sa tête. Pourtant, les différentes mouvements sont sur le papier séduisants. Ainsi, on doit accomplir des actions, comme mettre un coup de pied dans une porte en balançant un vrai coup de pied, sauter un obstacle en sautant au-dessus de son chat etc. Alors sur le papier c'est bien, en pratique, ça ne marche pas. Même votre position à l'écran devient un problème. A chaque tableau, on peut se tourner à droite ou à gauche et s'accroupir, il suffit pour cela de le faire devant le capteur. Mais si vous n'avez pas un fichu hangar en guise de salon, laissez tomber. Le simple fait d'aller se mettre à couvert sur un côté vous place carrément à l'autre bout de la pièce et si vous manquez de recul, lire l'écran devient difficile. Contrôles foireux, visée foireuse, curseur d'une lenteur affolante, le résultat est sans appel : on passe son temps à crever comme une buse et on y laisse des cheveux.
Du coup, on oublie cet incroyable exercice de torture et on passe au pad. Et là, surprise, c'est pas mieux. Enfin si, on vise plus juste et surtout on tire dans le dixième de seconde. Seulement la gestion des couvertures reste calamiteuse, le curseur de visée est toujours aussi lent et en plus on tombe dans une sorte de dimension parallèle de la difficulté. Comme l'IA a clairement été calibrée pour les mouvements lents et imprécis qui découlent de l'usage de Kinect, quand on joue au pad, le jeu se change en un véritable champ de tir sur cible. Les ennemis ne bougent pas, les zones d'impacts font trois leur taille et on réalise un véritable massacre, en tout cas à partir du moment où on commence à maîtriser le stick droit et la gestion hasardeuse du positionnement de l'avatar. C'est d'un ennui que vous n'imaginez même pas. D'ailleurs ne le faites pas vous risqueriez de vous faire du mal. Seulement il reste encore un problème auquel personne n'avait pensé, un trait de génie. Puisque Blackwater est un rail-shooter, c'est le jeu qui décide quand vous allez bouger. Nous sommes tous d'accord ? Bien. Alors si quelqu'un peut nous expliquer pourquoi il lui arrive de nous coller dans la position la plus débile qui soit, ce serait sympa. Non parce que courir à découvert et s'en prendre plein la tronche car une fois qu'on a de nouveau le contrôle, il faut 3 secondes pour se protéger... ça énerve. Surtout quand ça nous conduit à la mort et que, ô surprise, Zombie Studio n'a jamais entendu parler des checkpoints. Et Bam, on reprend tout depuis le début parce que LE JEU nous a tué. Avouez que vous l'aviez pas vu venir celle-là.
Et ce ne sont là qu'une poignée des étonnantes qualités du produit qui en plus d'être au mieux à peine jouable, au pire totalement ingérable et ennuyeux jusqu'à la dépression pousse le vice jusqu'à être laid. Le design est générique, la technique est misérable et même la bande-son n'hésite pas une seconde à recycler certains dialogues. Chez Zombie, on va jusqu'au bout de la blague. Et histoire de clouer le cercueil, la campagne dure à peine 4 heures. Et le premier qui dit qu'on peut toujours rejouer pour améliorer son score, je le force à le faire !
- Graphismes6/20
Le design est infect, au point d'en devenir amusant, on apprécie particulièrement l'un des mercenaires poseurs qui aime à laisser sa main sur sa hanche. Comme Adamo, mais avec en plus un moteur 3D très vilain et des textures en accord avec le ton général : moches.
- Jouabilité3/20
Prévu pour être un jeu Kinect, Blackwater est sans doute un, voire le, pire ratage de l'accessoire. La reconnaissance marche quand elle veut et même quand c'est le cas, les mécaniques sont complètement foireuses. Se rabattre sur un pad règle en partie le problème, mais révèle à quel point le jeu est creux. Dans tous les cas, c'est un massacre qui n'a qu'un seul point positif : ça peut faire rire.
- Durée de vie6/20
Malgré des morts fréquentes, souvent provoquées par la mauvaise conception des mécaniques, Blackwater est très court et on voit le bout de la campagne en à peine 4 heures de jeu. S'il est possible de refaire un tour pour booster son classement en ligne, on voit mal qui irait s'infliger une chose pareille.
- Bande son4/20
Là on se fiche carrément du joueur. Certains dialogues, notamment lors des passages d'un personnage à l'autre, son répétés ad nauseam et l'ensemble des doublages sont catastrophiques. Quant aux musiques, elle sont anecdotiques au point de pourvoir prétendre figurer en tête de playlist du hall d'entrée d'un centre commercial.
- Scénario/
Quoi de mieux pour résumer cette traumatisante expérience que de constater que Blackwater est mauvais au point qu'on en oublie totalement qu'il s'agit tout de même de l'adaptation de la "franchise" d'une société militaire privée à la réputation plus que sulfureuse ? Injouable tel qu'il a été pensé - avec Kinect - ce rail-shooter dévoile toute son absence de fun lorsqu'on le pratique au pad. A éviter à moins d'avoir un sens de l'humour féroce et une télé blindée.