Mondialement réputé pour son travail en tant que producteur sur Resident Evil 4, Hiroyuki Kobayashi s'est vu confier la tâche de développer une toute nouvelle franchise : Dragon's Dogma. C'est d'ailleurs lui en personne qui s'est récemment chargé d'assurer la présentation du jeu à la presse. Une manière de montrer l'importance que revêt ce titre pour Capcom, qui semble avoir beaucoup investi financièrement dans l'affaire. La présence du producteur japonais n'était en tout cas pas de trop pour nous expliquer les spécificités de cet Action-RPG pas aussi classique qu'il n'en a l'air. Au programme : création poussée de personnages, monde ouvert, univers médiéval fantastique et combats en équipe dynamiques.
Tout en cherchant à insuffler à son titre un vent de fraîcheur susceptible d'attirer le public, Capcom a bien entendu cherché à respecter les codes du jeu de rôle. Aussi, la partie débutera par l'inévitable création de personnages. Visiblement, la société japonaise accorde énormément d'importance à cette phase qui conditionne le déroulement de l'aventure, aussi bien au niveau des quêtes que des combats. Les joueurs auront le choix entre opter pour des modèles préconçus ou personnaliser à fond leur avatar. Outre le sexe, la voix, la musculature, la couleur de la peau, la taille, les cheveux, il sera aussi possible de choisir le caractère de son personnage qui ira de timide à héroïque mais aussi son degré de féminité ou de masculinité. Pour résumer, selon Hiroyuki Kobayashi, on pourra passer des heures dans l'atelier de création car le résultat a toutes les chances d'être très proche de ce que l'on avait imaginé au départ. Au regard de toutes les possibilités exposées, on le croit volontiers.
Mais si l'outil de personnalisation est si poussé, c'est aussi parce qu'on devra y avoir recours plusieurs fois au cours du jeu. L'une des grandes particularités de Dragon's Dogma vient du fait que l'aventure sera parcourue en équipe. Très vite, vous serez rejoint dans votre quête par trois équipiers appelés pawns (ou pions). Les rôles dans cette team seront bien distincts. Vous aurez à vos côtés un pion principal dont vous pourrez une nouvelle fois personnaliser l'apparence et déterminer la classe. Sa personnalité et par extension ses aptitudes au combat seront pour leur part fonction des réponses que vous fournirez à un questionnaire. Les deux autres membres de votre équipe seront, eux, des pions secondaires. Cette fois, pour choisir leur profil, on sautera la case création pour passer par le Live ou le PSN. En fait, vous importerez tout simplement les personnages créés par d'autres joueurs alors que ces derniers pourront à leur tour se servir de votre pawn principal dans leur équipe. De quoi permettre votre création d'engranger de l'expérience.
Une fois cet aspect création passé en revue, Hiroyuki Kobayashi a décidé de réellement nous montrer à quoi ressemblerait le cœur de l'aventure. Enfin une infime partie de celle-ci bien sûr car Dragon's Dogma propose un monde très vaste avec des environnements que l'on nous a promis variés (forêts, vallées, montagnes...). Chaque lieu que l'on voit à l'horizon pourrait d'ailleurs être visité tôt ou tard par le joueur. Difficile toutefois de s'assurer de la véracité de ces propos sachant que l'on n'a pas eu la manette entre les mains et qu'il faudra de nombreuses heures pour commencer à se faire une idée à propos de cette supposée variété. Toujours est-il que le producteur japonais a tenu à nous faire partager une tranche de vie dans un village. L'occasion de voir de nombreux PNJ (entièrement doublés) vaquer à leurs occupations. En apparence, cette petite bourgade nous a semblé très vivante. L'immersion est d'autant plus grande que le cycle jour/nuit est entièrement géré par le jeu et que cela impacte directement le comportement des personnes que vous croisez. Observer, c'est bien mais agir, c'est quand même mieux. Mais avant de partir vadrouiller dans les contrées de Dragon's Dogma, il faut bien sûr passer par la case objectif. Comme d'habitude, les points d'exclamation verts au dessus des personnages indiquent que ces derniers ont des quêtes à vous confier. Evidemment, il est possible d'en récolter plusieurs puis de déterminer laquelle on souhaite remplir. Avant de se lancer dans les combats, il faut savoir aussi que l'on pourra poser des marques au sol puis se téléporter à l'endroit où on les a laissées grâce à des pierres magiques, disponibles en nombre limité. Un système qui a été mis en place pour éviter au joueur de marcher/courir 50 minutes avant de rallier sa destination.
Bien que disposant d'un monde ouvert, Dragon's Dogma reste avant tout un jeu orienté action. Les développeurs ont clairement voulu proposer des combats dynamiques, un peu à la manière d'un beat'em all. Ainsi, lorsqu'il faut se battre, vos équipiers ne se contentent pas de filer trois coups d'épée vaguement dirigés vers l'ennemi. Non, ils bougent sans cesse pour esquiver les offensives adverses et balancent attaque sur attaque, déclenchant un déluge d'effets spéciaux. Vous avez d'ailleurs la possibilité de leur donner des ordres, en dépit du fait qu'ils semblent réagir avec beaucoup de logique. Si d'aventure le combat tourne mal, vous possédez aussi la capacité de tous les ressusciter pour une raison que l'on ignore mais qui sera expliquée par le scénario. Quant à vous, il vous faudra être réactif car vos équipiers pourront vous appeler s'ils ont besoin d'aide ou pour vous signaler un adversaire à achever. Dans ce cas, vous pourrez décocher vos flèches ou frapper comme un sourd avec vos armes blanches. Les combats apparaissent donc extrêmement rythmés. On sent toute l'expérience des développeurs et notamment de Hideaki Itsuno qui a œuvré sur Devil May Cry. Il faut donc courir en permanence, sauter sur vos adversaires, leur asséner des coups et utiliser la magie pour les anéantir. Attention toutefois car une jauge d'endurance vous rappellera à l'ordre en cas de dépense d'énergie excessive. Vous ne pourrez alors plus rien faire, si ce n'est compter sur vos équipiers pour vous sauver. Parmi les autres détails à noter, on a notamment pu voir le personnage principal s'enflammer littéralement pour attaquer un ennemi. La force de ses offensives s'en trouvaient décuplées mais sa vie diminuait en revanche énormément à chaque coup porté.
C'est pendant ces affrontements que l'on se rend compte de la conséquence des choix effectués au préalable. Par exemple, plus l'équipement est lourd et plus le personnage sera lent. C'est important car il faudra être vif pour abattre un dragon ou grimper sur un monstre. Un peu comme dans un Shadow of the Colossus, votre avatar aura en effet la capacité de s'agripper aux ennemis les plus imposants puis d'escalader leur corps afin de transpercer leurs points faibles. On imagine déjà certaines scènes homériques à dos de griffon ou de dragon justement. La scène jouée lors de la démonstration montrait le personnage principal en train de monter sur un golem pour frapper des zones lumineuses (points faibles) mises en évidence par des attaques magiques. Malgré la taille moyenne de la bestiole, le combat nous a d'ores et déjà donné envie de prendre la manette. Le bestiaire semble par ailleurs avoir été particulièrement soigné, aussi bien au niveau du design que de la variété des ennemis.
Ce qui impressionne vraiment avec Dragon's Dogma, c'est ce souffle épique qui se dégage de l'aventure. On a réellement l'impression que les équipes de développement sont en train de se démener pour proposer des séquences mémorables aux joueurs. Cela paraît bien parti ! Visuellement, le jeu semble plutôt bien s'en tirer grâce à l'utilisation d'une version améliorée du MT Framework, le moteur maison de Capcom. Les effets de lumière sont particulièrement impressionnants et les animations parfaitement déliées. Il reste bien quelques textures suspectes mais rien d'anormal à ce stade du développement. Côté direction artistique, on sent clairement l'influence de l'occident dans le travail de la firme nipponne. L'univers dépeint par Dragon's Dogma aurait sa place dans de nombreux jeux européens ou américains. Toutefois, il conserve une touche japonaise que l'on ne saurait attribuer à un détail en particulier. Ce qui confère au final une véritable identité à l'ensemble.
Difficile de ne pas être emballé par l'aventure épique que les équipes de développement de Capcom sont en train de soigneusement préparer. On a hâte de prendre la manette et de partir chasser le dragon avec sa petite équipe. Maintenant, il faut rester conscient que nous n'avons vu qu'une infime portion d'un jeu qui se veut extrêmement dense. L'impression est donc très positive mais il manque énormément d'éléments pour que l'on soit à même de porter un jugement plus significatif. On ne sait par exemple rien de la narration, du système de progression, de la taille réelle du monde et des quêtes annexes qu'il sera possible d'accomplir. Cette présentation a en tout cas stimulé notre curiosité à propos de ce titre ambitieux qui devrait arriver dès début 2012 sur PS3 et Xbox 360.