Si le terme de MMO RTS de l'intro vous a laissé un poil perplexe, disons simplement que Dawn of Fantasy est un jeu de stratégie dans lequel on développera progressivement son empire et sa capitale au sein d'un univers persistant. Un peu de Stronghold sur les bords, une pincée d'Age of Empires Online, des bouts de jeu de rôle jetés au milieu, voilà en gros la recette rafraîchissante d'un titre pour lequel l'expression " à la croisée des chemins " semble avoir été tout spécialement inventée. Dawn of Fantasy nous entraîne en effet dans un univers meurtri par les guerres incessantes entre trois races qui ne s'aiment pas et qui ne fonctionnent absolument pas de la même manière une fois la souris en main.

Nés de la foudre et destinés à périr dans les flammes, les orques comptent sur leur force brute et leur incroyable férocité pour s'emparer des ressources des autres. Dotées d'une puissante infanterie, les tribus Orques développent une économie primitive basée sur la chasse et le pillage. Leurs unités de base sont les Travailleurs, dont la fonction consiste à récolter les ressources naturelles du jeu (bois, pierre, or) ainsi qu'à construire les différentes structures dont a besoin la horde. Des structures qui pourront d'ailleurs être construites n'importe où sur votre territoire principal, ce qui constitue là une particularité de cette race. Les Maraudeurs se font quant à eux une joie de partir étriper la faune locale afin de ramener de la nourriture à leurs congénères. Travailleurs et Maraudeurs constituent l'épine dorsale des armées Orques et peuvent d'ailleurs être convertis en unités combattantes plus élaborées dès lors qu'on disposera des bâtiments nécessaires. A cette solide base militaire, les joueurs qui opteront pour les Orques pourront en outre joindre des Gobelins, des Wargs et des Ogres, disposant tous d'une utilité bien particulière sur le champ de bataille.

Viennent ensuite les Hommes, dont le fonctionnement apparaît tout de suite plus classique. Avec une économie reposant sur l'agriculture et l'élevage, dans la plus pure veine des peuples médiévaux, les joueurs humains devront faire bon usage de leurs paysans pour s'occuper des fermes et veiller au bon fonctionnement des différents points de dépôt de ressources : charrettes, moulins ou hôtel de ville. A l'inverse des Orques, les hommes peuvent ainsi disposer de ressources constantes, même si leur économie sera bien sûr ralentie pendant l'hiver. Le développement des humains est toutefois limité, leurs bâtiments ne pouvant inexplicablement être construits que sur des emplacements désignés, emplacements qui deviendront plus nombreux en fonction des améliorations que vous apporterez à votre hôtel de ville. En outre, les humains disposent de nombreuses améliorations technologiques qui leur permettront de s'adapter à toutes les situations. Leurs armées enfin, reposent sur des cohortes d'hommes d'armes, des chevaliers en armure et quelques machines de guerre.

Les elfes enfin, disposent d'une économie stable qui ne nécessite pas d'expansion territoriale. Les grands bonshommes et leurs oreilles pointues produisent en effet toutes les ressources dans les bâtiments situés dans leur capitale grâce à leur maîtrise de la magie. Race défensive par excellence dotée de puissantes structures et des meilleurs archers du jeu, les elfes séduiront les joueurs sédentaires qui devront toutefois être conscients que la puissance elfique ne se révélera vraiment qu'après de nombreuses heures de jeu. Les présentations étant terminées, voyons donc maintenant comment tous ces joyeux drilles évoluent dans le monde Mythador. Au-delà de son solo/tutorial et de son excellent mode Kingdoms Wars dans lequel on mène une campagne de siège contre l'IA et où toutes les mécaniques de jeu sont accélérées, Dawn of Fantasy vit surtout pour son mode Online Kingdom. Celui-ci permet aux joueurs de choisir leur race ainsi que l'une des 9 régions où sera bâtie leur capitale puis de développer cette dernière, en sachant qu'elle continuera à vivre même lorsque vous ne serez pas en train de jouer ! En un certain sens, le soft évoque d'ailleurs certains jeux Web dans lesquels on lancera la construction d'un bâtiment pour ne finalement voir le résultat qu'une dizaine d'heures plus tard. Jouer à Dawn of Fantasy suppose donc une implication sur la longueur. N'imaginez pas faire de votre capitale une gigantesque ville en quelques heures, non, pour vous développer, envisagez plutôt la chose en termes de semaines ! Un aspect qui paraîtra sans doute rébarbatif à certains mais qui procure en fait un immense sentiment de satisfaction. On a l'impression de vivre avec ses ouailles et d'ériger peu à peu son empire, à force de patience et de planification méticuleuse.

Mais ce n'est pas là le seul intérêt de Dawn of Fantasy ! Ainsi, après avoir construit des bâtiments de base et avoir mis en place les prémisses d'une économie, le joueur s'engage dans une longue quête qui se déroulera au fil des missions que lui confieront ses conseillers. C'est par l'intermédiaire de ces derniers que vous apprendrez à utiliser vos premières unités et effectuerez vos premières quêtes. Celles-ci prennent en fait la forme de missions classiques de STR et auront d'abord pour cadre votre capitale persistante. Mais par la suite, vous serez sommé par vos conseillers de quitter votre terre natale pour remplir d'autres quêtes, former des armées, mener le siège de citadelles voisines, vendre ou acheter des denrées, bâtir des camps pour les unités en stationnement, ou entraîner vos troupes dans des places fortes alliées. Remplir des missions vous permettra d'obtenir des ressources, des unités, mais aussi des points d'influence, indispensables pour continuer à développer votre capitale et construire les bâtiments les plus évolués. Le système permet d'éviter dans une certaine mesure que chaque joueur reste cloîtré chez lui...

Tout cela passe par l'intermédiaire d'une carte générale du monde sur laquelle vous déplacerez vos armées. Evidemment, vous tomberez parfois sur les troupes d'autres joueurs (généralement de même niveau) présentes dans les régions que vous explorerez ce qui aura pour effet de déclencher de sympathiques batailles. L'occasion de voir que pris comme un STR pur et dur, Dawn of Fantasy tient franchement bien la route. Et là encore, on prend en pleine tronche le génie du concept : au fur et à mesure de ses connexions, on finit par s'attacher à ses unités, on les voit gagner de l'expérience, on se rappelle avoir vu telle ou telle unité s'illustrer lors d'une bataille ardue et l'on pleure à chaudes larmes quand elle se fait massacrer.

Hélas, tout n'est pas rose au royaume de Mythador, et si le développement de votre capitale est passionnant, il faudra néanmoins passer outre une interface archaïque, des contrôles bien lourds (vous forçant parfois à redonner le même ordre à une unité pour être obéi) et des graphismes franchement repoussants. Voilà, Dawn of Fantasy, c'est un concept génial, avec une multitude de bonnes idées, comme les prix fluctuants des denrées alimentaires qui montent pendant l'hiver et diminuent le reste de l'année, mais c'est aussi un titre dont les origines lointaines (avec un développement débuté en 2003 !) impliquent de trop nombreuses errances et problèmes grossiers. En outre, et même si les soucis du genre tendent à se raréfier au fil des mises à jour, il n'est pas rare de voir des batailles en PvP planter au bout de 10 minutes. Sur le moment, on peste, on rage, puis on se prend à y revenir, et on découvre alors que les développeurs ont ajouté quelques nouvelles unités pour Halloween et recouvert votre capitale de neige. Bref, Dawn of Fantasy vit, et malgré ses innombrables défauts, on continue à se battre pour son peuple virtuel.

Alors, certes, on pourra aussi pester contre cette boutique in-game qui permet d'obtenir des points d'influence supplémentaires, des ressources et de nouvelles unités, mais le système de matchmaking de Dawn of Fantasy évite généralement de faire s'affronter des joueurs de niveaux trop différents. Difficile dans cet espace restreint de décrire comme il se doit les multiples possibilités offertes par le jeu, aussi les lignes précédentes avaient surtout pour but de vous mettre dans l'ambiance. Dawn of Fantasy n'est pas un jeu aisé à appréhender, ce n'est pas non plus un titre qui se révèle immédiatement gratifiant, mais il n'en reste pas moins un des gros coups de cœur de l'humble auteur de ces lignes pour cette belle année 2011. Nous ne pouvons donc que vous conseiller de lui donner sa chance et d'aller au-delà de sa plastique peu engageante. Peut-être finirez-vous par vous gausser de vos ennemis, bien à l'abri derrière des murailles que vous aurez passé des mois à ériger à la force de votre souris.