Les comics sont décidément une intarissable source d'inspiration pour les développeurs de jeux vidéo. Après Thor, Green Lantern, Captain America et en attendant Batman, c'est au tour de Spider-Man de s'inviter sur nos consoles de jeu. Le Tisseur saute sur l'occasion pour se payer un petit voyage temporel et pour faire la rencontre de son alter ego futuriste, Spider-Man 2099. Les deux bougres devront en effet s'entraider pour restaurer le cours du temps. Malheureusement ce partenariat n'est pas aussi percutant qu'on pouvait l'espérer.
Les jeux tirés de la licence Spider-Man se suivent mais ne se ressemblent pas forcément, on a ainsi eu droit au meilleur comme au pire depuis que le Tisseur a fait sa toile sur nos consoles. Les petits gars du studio Beenox à qui l'on doit ce nouvel épisode s'étaient déjà illustrés en nous pondant un Spider-Man Dimensions fort sympathique l'année dernière. Le principe était plutôt audacieux puisqu'il s'agissait de contrôler tour à tour quatre Spider-Man différents évoluant dans des univers parallèles : le bon vieux Spidey classique, Spider-Man 2099 issu du futur, Spider-Man Ultimate utilisant la fameuse combinaison symbiotique et Spider-Man Noir venant d'un passé alternatif. Beenox recycle plus ou moins le concept avec son nouvel opus à la différence près que les deux dernières versions du héros sont passées à la trappe. Cette sévère coupe est censée se faire au profit d'une nouvelle approche scénaristique qui se veut plus cohérente.
Vous vous demandez comment notre Spider-Man classique peut faire équipe avec un autre héros situé près d'un siècle dans le futur ? Rien de plus simple, en 2099 un scientifique travaillant pour Alchemax crée un portail temporel lui permettant de revenir dans les années 1970 pour changer le cours du temps. Spider-Man 2099 compte bien réparer les choses et s'injecte donc un échantillon de l'ADN de Peter Parker afin de pouvoir entrer en contact télépathique avec ce dernier. On incarne alternativement les deux héros bien qu'ils soient dans deux époques différentes. Ces deux monte-en-l'air en collants vont même régulièrement s'entraider : les actions de celui qui se trouve dans le passé vont avoir un impact sur l'environnement immédiat de celui qui est dans le futur. Il s'agit par exemple de modifier les plans d'un bâtiment pour faire apparaître une issue ou de détruire un prototype pour faire disparaître un méchant robot tueur... Le scénario est vraiment tiré par les cheveux mais le concept paraît sympathique sur le papier, il semble en tous cas avoir un vrai potentiel vidéoludique. Malheureusement ce qui semble être une bonne idée est ici surexploité encore et toujours de la même façon et ne donne pas lieu à un gameplay original.
Les équipes de Beenox ont conservé une gestion des déplacements et un système de combat relativement similaires à ceux du précédent épisode. Les mouvements des deux Spider-Man sont toujours aussi fluides et nerveux mais la caméra est trop souvent capricieuse et on regrette au passage que les seuls lieux visités soient les couloirs trop souvent exigus du bâtiment d'Alchemax. On aurait aimé voir Spidey s'épanouir dans de vastes niveaux ouverts en tissant sa toile entre les buildings de New York... Lors des affrontements, il est bien entendu toujours possible de refiler des coups ou d'utiliser la toile, mais la prise en main à la Wiimote s'adapte très mal à l'exercice. Le gameplay varie assez peu d'un héros à l'autre, la plus grosse différence tient au fait qu'Amazing Spider-Man est capable d'utiliser son endurance pour être intouchable tandis qu'elle permet à Spider-Man 2099 de créer un double holographique qui fonctionne comme un leurre. L'aspect incroyablement répétitif de ces combats finira par vous taper sur le système. Pour résumer, la prise en main mal adaptée à la Wiimote, les phases de gameplay redondantes et le fait de naviguer toujours dans les mêmes environnements vous donneront rapidement l'impression de tourner en rond.
Histoire de ne rien arranger, vous aurez affaire encore et encore aux mêmes types d'ennemis, ils se montreront juste de plus en plus nombreux au fil de votre progression. Il est bien entendu possible d'améliorer les capacités de ses deux personnages avec les orbes et les araignées radioactives glanés ici ou là, mais cet aspect évolutif n'est pas vraiment très inspiré. On retrouve d'ailleurs plus ou moins le même système de défis que dans le précédent épisode : vous pourrez remplir des objectifs prédéterminés tout au long de la campagne et débloquer ainsi petit à petit la fameuse Toile des Défis, mais désormais cette interface vous permet aussi de recommencer un défi de manière indépendante. Ceci vous permettra d'accéder aux différents bonus dédiés aux fans du Tisseur. Ces petites récompenses sont d'ailleurs relativement maigres et pas mal de références ne parleront qu'aux véritables connaisseurs du comics. On remarque au passage que les développeurs de Beenox ont glissé tout au long du jeu quelques rares dialogues qui feront certainement sourire les amateurs de l'univers Marvel. De manière générale on regrette que le fan-service ne soit pas tout à fait au rendez-vous. On aurait par exemple aimé croiser un peu plus d'adversaires issus des comics, on a du mal à se contenter de brèves rencontres qui n'ont ni queue ni tête avec notamment un Anti-Venom lobotomisé et une Chatte Noire défraîchie... Au final on se retrouve avec un jeu qui comporte certes quelques qualités, mais qui manque surtout cruellement d'ambition.
- Graphismes9/20
Cette version Wii est clairement décevante d'un point de vue technique. Elle court après une chimère en essayant de proposer le même contenu que ses consœurs HD : le level design est bel et bien identique mais les concessions faites au niveau des graphismes laissent des marques... Vous pouvez toutefois compter sur des cinématiques bien réalisées pour relever un peu le niveau.
- Jouabilité9/20
La prise en main à la Wiimote est tout simplement exécrable : les contrôles ne sont pas du tout adaptés à l'ergonomie de la manette de la Wii. Ajoutez à cela des caméras capricieuses, un manque de diversité des ennemis et un terrain de jeu très étroit, et vous obtenez un gameplay catastrophique.
- Durée de vie10/20
Comptez environ sept heures pour voir le bout de l'aventure... C'est court et pourtant vous aurez le temps de visiter chacun des environnements deux ou trois fois. Bref l'aspect extrêmement répétitif du titre ne manquera pas de vous donner l'impression de tourner en rond.
- Bande son14/20
Les doublages français sont plutôt corrects et le tout est soutenu par des musiques qui collent assez bien à l'atmosphère du jeu.
- Scénario10/20
L'idée de jouer simultanément sur deux périodes paraissait bonne sur le papier mais elle s'avère finalement très mal exploitée d'une point de vue scénaristique. Les héros eux-mêmes se permettent régulièrement de se moquer des nombreuses incohérences engendrées par la situation mais l'humour ne suffira pas à vous faire avaler la pilule.
En misant sur une coopération à travers deux époques, Spider-Man : Aux Frontières du Temps semblait bel et bien partir sur de bonnes bases. Malheureusement, ni le gameplay, ni la réalisation de cette version Wii ne suivent. Dans ces conditions, on a du mal à pardonner à ce titre son aspect répétitif et son manque d'ambition.