Calquée sur un rythme régulier d'une sortie tous les deux ans, la série Forza Motorsport accouche d'un quatrième volet. Placé sous le signe de la continuité mais pas dénué d'exotisme (compatibilité Kinect), cet opus a toutes les cartes en main pour devenir la simulation auto de référence sur consoles, après le couac Gran Turismo et face à une concurrence insipide. Alors, Forza 4 est-il le meilleur jeu de courses de l'année ?
Forza Motorsport 4 assume la totalité de son héritage et, malgré Kinect, il n'est pas l'épisode qui révolutionnera la franchise, simplement parce que Turn 10, le développeur, ne le souhaite pas et n'a rien fait pour. Des menus toujours très classe et épurés à la prise en main, hyper-adaptable, on retrouve cette élégance et cette accessibilité qui font tout le sel de la série depuis ses débuts sur Xbox première du nom. Ainsi, le plébiscite des fans de Forza est déjà acquis et entre la déception GT 5 et le foisonnement de titres hybrides (PGR 4, GRID, NFS Shift...), celui des autres devrait logiquement suivre. En effet, sur consoles, aucun jeu de courses n'offre autant de garanties en termes de réalisme, de plaisir de conduite et d'exhaustivité. Si l'on n'atteint pas la crédibilité d'un GTR sur PC et si tout est fait pour rassembler puristes et néophytes, le résultat n'en demeure pas moins probant, en partie grâce à un gameplay classique mais grisant, et à un contenu tout simplement pharaonique. Si le nombre de voitures impressionne déjà (500 voitures, ce qui reste tout de même très inférieur à Gran Turismo 5), c'est surtout l'écran courses qui stupéfie. Bien qu'il soit compliqué d'évaluer avec précision sa durée de vie, attendez-vous à presque 100 heures de jeu !
Le mode Carrière de Forza Motorsport 4 est composé d'une succession de courses d'un côté, adoptant un style assez linéaire et progressif, et d'un tableau d'épreuves uniques de l'autre, immensément riche et avouons-le, un peu désordonné. La première partie vous occupera facilement entre 10 et 15h avant que la seconde ne prenne la suite durablement. Ainsi, là où d'autres titres se contenteraient de la première phase déjà passionnante et diversifiée, Forza 4 noie le joueur sous une multitude d'événements dédiés à des motorisations spécifiques, l'obligeant à conduire toutes sortes d'autos issues de 80 constructeurs différents, balayant toutes les époques de ces 60 dernières années et même au-delà. Bien sûr, une foule de bolides actuels est au rendez-vous : X5 M, Z4 sDrive, Veyron 16.4 Super Sport, CTS-V Coupe, 599 GTO, FF, ix20, Sesto Elemento, SLS AMG et bien d'autres encore... Le garage est donc de grande qualité, on regrette simplement que l'Autovista, qui permet de se déplacer librement autour d'une voiture à l'arrêt et de s'installer au volant, comme dans une concession auto, n'est utilisable que pour un certain nombre de véhicules à déverrouiller. Une forme de discrimination au profit des modèles les plus prestigieux, alors qu'une bonne vieille Toyota Aygo mérite tout autant notre admiration, de près comme de loin ! Notez que l'Autovista fonctionne aussi bien avec une manette Xbox 360 qu'avec Kinect, vos mains vous permettant alors d'actionner l'ouverture des portes, du capot ou du coffre. Amusant.
Dix divisions, de plus en plus rapides et sportives et de moins en moins concentrées sur des modèles de série vous attendent dans la catégorie World Tour du mode Carrière. Au fil des classes, le nombre de courses augmente mais chaque épreuve est indépendante des autres et les formules "championnat" se font assez rares et souvent limitées à un petit nombre de manches. Si le fonctionnement est assez convenu, Forza 4 tient une grande partie de son intérêt dans l'enrobage du mode en question. Car tout en étant relativement linéaire, la progression pourra être très différente d'un joueur à l'autre, en témoigneront vos garages, peu probablement garnis des mêmes récompenses à quatre roues. A chaque étape de son ascension vers les sommets, le joueur se voit en effet proposer trois épreuves distinctes. Si la rétribution pécuniaire de base ne changera pas selon son choix, le petit bonus lui, ne sera pas le même. Ainsi, lorsqu'il est annoncé, celui-ci peut être un gain d'expérience ou de niveau ou des ristournes sur des pièces constructeurs. Il vous incombe donc, selon l'évolution de votre profil, d'opter pour l'épreuve de votre choix, sachant que les modèles acceptés seront différents d'une course à l'autre, d'où l'importance de posséder un garage le plus éclectique possible. Dans tous les cas, il est toujours possible de passer par la case "améliorations" pour installer les pièces adéquates afin de mettre à niveau l'un de vos modèles.
Comme dans les précédents volets, les magasins ont une importance primordiale. Dans la mesure où les voitures indispensables à la progression vous sont gracieusement offertes à chaque niveau atteint, c'est dans ces lieux que vous dépenserez les milliers de crédits accumulés. Des crédits qui augmentent plus rapidement si vous daignez désactiver un maximum d'aides à la conduite (aide au freinage et à la direction, contrôle de stabilité et de traction, boîte de vitesse, suggestion de la trajectoire, dégâts, carburant, usure des pneus et option "rembobiner") et si vous enchaînez dépassements et virages parfaits sans bobo durant les courses. Bref, le magasin a pour fonction de booster les caractéristiques de vos voitures, que ce soit d'un bloc ou pièce par pièce. Si son exhaustivité n'est pas à prouver, il faut bien avouer que le temps passé à installer des pièces isolées est infime. Dans la plupart des cas, vous aurez besoin d'une voiture au plus haut de ses capacités dans la catégorie qui est la sienne, le magasin vous proposera alors de l'améliorer "à bloc" à votre place, ce qui vous fera gagner un temps considérable. D'autant qu'il faut avouer qu'à l'aide du bonus fidélité (chaque course remportée vous donne droit à des réductions chez le constructeur concerné), les prix pratiqués deviennent rapidement très attractifs, jusqu'à ce que vous ayez carrément accès aux pièces à l'œil ! Les réglages mécaniques répondent à une autre logique : complets mais pas nécessairement influents sur la partie. En parallèle, Forza 4 n'oublie pas les amoureux de customisation visuelle avec un paquet de décalcos, de vinyles et de peintures, de quoi prendre ensuite de jolies photos dans le mode prévu à cet effet.
In-game, Forza Motorsport 4 est un exemple d'équilibre. Quelle que soit la configuration pour laquelle vous optez (assistée ou non), l'expérience vous conviendra naturellement. Le titre excelle, réglé en arcade ou en simulation mais sa vocation première étant d'être réaliste, on ne saurait que trop vous conseiller de viser haut et de supprimer un maximum d'aides à la conduite. Paramétré tel quel, il est remarquable en tous points à un détail près et de grande importance, l'IA. A elle seule, celle-ci réussit à plomber certaines courses par sa rigidité et sa forte propension à ignorer vos trajectoires quitte à jouer les stock-cars. On ne compte plus les accrochages illégitimes, provoqués par des portes inexplicablement fermées ou quelques changements brutaux de trajectoires sans aucune logique. En ce sens, le jeu de Turn 10 a quelques années de retard, d'autant que ce problème pourrissait déjà Forza 3. Aussi, on regrette que l'intelligence artificielle ait toujours tendance à piler à proximité de courbes qui ne le nécessitent absolument pas, occasionnant des contacts idiots si vous prenez l'aspiration. Dans ces conditions, il est impossible de faire confiance à l'IA et s'obstiner à suivre la trajectoire idéale n'est pas vraiment sécurisant. Toutefois, si le tableau que l'on peint de celle-ci est bien noir, rassurez-vous, cela ne fait pas pour autant de Forza 4 un titre instable. Malgré cela, la physique des voitures, leur comportement et le plaisir de conduite sont autant de forces qui en font un titre fameux à bien des égards.
Le gameplay est donc irréprochable, les sensations étant grosso modo les mêmes que dans Forza 3, que ce soit au niveau des transferts de masse ou des distinctions entre tractions et propulsions, principalement en vue intérieure. Les cockpits ayant été soigneusement modélisés, l'immersion est totale et si vous disposez de Kinect, vous pouvez regarder n'importe où à l'intérieur de la voiture, dans le rétroviseur ou à l'horizon des virages en tournant simplement la tête. Bien sûr, il vous est toujours possible de pousser l'expérience encore plus loin en utilisant un volant, dont le CSR Elite que nous avons essayé et qui est compatible, et pourquoi pas, d'activer l'option multi-écrans qui permet de jouer sur trois écrans pour jouir d'un angle de vision nettement plus large. C'est une habitude dans la série Forza, le quatrième opus étant sans doute le plus personnalisable de l'histoire de la franchise, que ce soit en termes de difficulté, de gameplay ou de périphériques de jeu. Il y en a pour tout le monde et chacun y trouvera son compte, à moins d'être allergique à toute forme de simulation. De plus, les anti-triches qui font par exemple défaut à Gran Turismo 5, sont nombreuses et intelligemment intégrées. Couper un virage est impossible dans la mesure où la voiture est nettement ralentie, alors que les écarts au-delà des vibreurs eux, ne sont logiquement pas sanctionnés. En revanche, que penser de la fonction qui permet de rembobiner à sa guise afin de rectifier une erreur ? Tout en étant désactivable, l'option fait office d'intrus dans une simulation. Autre option farfelue, le "recrutement", qui permet de laisser l'IA jouer à votre place, vos crédits étant moindres le cas échéant.
Le multijoueur n'oublie de son côté personne puisque écran splitté et jeu en ligne sont au rendez-vous. Le premier permet à deux joueurs de s'affronter sur la même machine tandis que le second est en mesure d'accueillir jusqu'à 16 joueurs online, soit deux fois plus que dans Forza 3. En tant qu'hôte, l'utilisateur a le choix du mode de jeu parmi 12 différents dont certains très originaux comme l'Elimination, le Lièvre et la Tortue, le Chat et la Souris, le Drift ou encore les courses par étapes pour ne citer qu'eux. Les possibilités sont réellement impressionnantes et n'importe quelle course classique peut présenter un énorme intérêt. Mais le plus intéressant reste le mode Club qui donne le droit de créer un groupe pour vous et vos amis, ce qui vous permet de partager des voitures entre membres dans le garage du club et de défier des membres ou même d'autres clubs. Et si vous le souhaitez, une salle des ventes permet d'acheter et de vendre n'importe quelle voiture à d'autres joueurs en ligne, l'occasion de gonfler vos crédits ou d'investir dans un bolide bien précis à moindre coût, à moins que les enchères ne vous dépassent. Le fonctionnement à la Ebay avec enchères et achat immédiat donne un intérêt tout particulier à ce commerce en ligne. Décidément, Forza 4 est riche à bien des égards !
- Graphismes16/20
Forza 4 est un véritable hommage aux belles carrosseries. Grâce à un soin tout particulier accordé à la gestion des lumières et des reflets sur les voitures, chaque modèle est incroyablement mise en valeur, principalement dans l'Autovista. In-game, le titre est un peu moins impressionnant car inégal, sur les détails ou les arrière-plans, mais demeure un jeu visuellement très agréable. De son côté, la modélisation des dégâts fait merveille, le moindre contact provoquant une rayure localisée. Impressionnant.
- Jouabilité17/20
S'il pouvait s'appuyer sur une IA à hauteur de ses ambitions, Forza 4 serait une référence absolue du genre, tous supports confondus. Malheureusement, le comportement de celle-ci est le défaut qui l'empêche d'atteindre l'excellence. En effet, difficile de faire d'autres reproches au jeu de Turn 10, dans le vrai à tous les niveaux, vraiment grisant une fois pris en main, et surtout, paramétrable à souhait. Tous les joueurs sont conviés à apprécier cette conduite réaliste et tout en mouvement, même les possesseurs de Kinect qui jouiront d'un head tracking assez sympa.
- Durée de vie19/20
Le contenu du mode Carrière est juste effrayant ! Des dizaines et des dizaines d'heures sont nécessaires pour en venir à bout et peu de joueurs devraient pouvoir se targuer d'atteindre le très enviable score des 100% tant il y a à faire dans Forza 4 ! Et le "pire", c'est qu'il y a autant à voir en multijoueur en ligne...
- Bande son16/20
Forza 4 est dans la moyenne des très bonnes simulations auto en termes d'ambiance sonore. Moteurs crédibles, musiques discrètes, cockpit hyper immersif.
- Scénario/
Forza Motorsport 4 est le digne successeur de son aîné. En reprenant le même gameplay, il assure aux joueurs Xbox 360 une expérience de conduite crédible et immersive, au volant de 500 voitures magistralement modélisées. Même si nous nous attendions à un contenu riche, l'étendue du mode Carrière est réellement bluffante, promettant pas loin de 100 heures de jeu intensif. En ce sens, on ne peut qu'être déçu de devoir composer avec une IA au comportement aussi douteux et inadapté. Heureusement, le mode multijoueur permet de se mesurer à des humains et pourquoi pas, de les recruter afin de fonder un club de pilotes chevronnés !