Propulsé sur le devant de la scène par un trailer mémorable, Dead Island aura fait naître bien des attentes. Engoncé entre Dead Rising et Left for Dead, le titre de Techland semblait devoir assumer son côté kitsch et gore tout en offrant un gigantesque terrain de jeu aux joueurs... On vous rassure, en l'état, c'est exactement le cas. Si vous avez donc le blues de vos vacances passées, il se pourrait bien que vous ayez trouvé votre prochaine destination.
Dead Island, c'est l'histoire d'un groupe de personnes qui n'a vraiment pas de chance. Imaginez un instant. Vous vous dorez la pilule sur une île lointaine, le soleil brille, la brise chaude vient vous caresser le visage et le cocktail légèrement alcoolisé n'attend que vos lèvres purpurines. Et là, paf, un gars avec la moitié du visage en moins déboule et vous croque l'avant-bras. Welcome to Dead Island ! Si, dans l'absolu, on peut voir dans le scénario une sorte de version zombifiée de L'Ile Fantastique, tempérons tout de même nos ardeurs. En effet, bien que l'ambiance sonne comme celle de plusieurs films de séries B, elle n'en reste pas moins au centre du jeu en amenant progressivement de plus en plus de survivants que vous allez rencontrer. Vous, c'est-à-dire l'un des quatre personnages que vous pourrez incarner, allez donc devoir leur faire un brin de causette et éventuellement leur venir en aide en acceptant des quêtes qu'ils vous offriront. Si tout ceci a le mérite de faire avancer l'histoire, ce sera également un bon moyen pour engranger de l'expérience et ainsi faire évoluer son avatar, mais nous y reviendrons un peu plus tard. Pour l'heure, intéressons-nous au découpage de l'aventure.
Comme je le précisais en préambule, vous aurez à votre disposition une immense zone d'exploration. Sur ce point, les développeurs ne se sont pas moqués de nous vu que l'île sur laquelle on crapahute comprend de vastes zones connectées par des routes. Ainsi, dès le départ, vous aurez accès à un monde ouvert dans lequel vous aurez le loisir d'évoluer librement. Cependant, au gré des missions, vous serez amené à visiter une ville, située sur l'île, qui elle-même représentera un nouvel environnement à découvrir. Excellente chose d'autant qu'en fonction des endroits, l'atmosphère évoluera en délaissant parfois le côté paradisiaque de la côte synonyme d'hôtels luxueux, de piscines mais aussi de plages de sable fin. Bref, entre des égouts nauséeux, des favelas et des bunkers étouffants, vous aurez de nombreuses raisons de fustiger le tour operator qui vous a vanté les mérites de cette semaine de vacances pas comme les autres. A ce sujet, notez que si vous pouvez bien entendu vous déplacer à pied, il sera ensuite possible de conduire des véhicules ou d'utiliser des cartes des abris de fortune pour vous téléporter d'un point à l'autre. C'est d'ailleurs dans lesdits abris que vous trouverez le gros des survivants qui vous confieront des missions. On touche ici au point le plus important de Dead Island.
De fait, si vous êtes obligé d'accepter les quêtes principales pour évoluer au sein de l'histoire, vous trouverez très souvent des quêtes annexes ou des survivants sur le bas-côté de la route qu'il faudra aider. Tout ceci aura alors plusieurs utilités. En tout premier lieu, vous gagnerez de l'EXP qui vous fera monter de niveau. Indispensable puisqu'à chaque passage de level, vous pourrez choisir une capacité parmi un arbre de compétences : plus d'efficacité en combat rapproché, crochetage de coffres, regain de santé lorsque vous êtes saoul, ce sera à vous de choisir. La deuxième utilité de ces quêtes sera synonyme de mods. Kezako ? Eh bien, il s'agira tout simplement de plans qui vous permettront de customiser vos armes de fortune. Eh oui, dans Dead Island, les armes à feu seront peu nombreuses et vous devrez la plupart du temps utiliser le bric-à-brac qui vous tombera sous la main. Pagaie, clé à molette, portemanteau, tout fera l'affaire. Bien moins ambitieux et décalé qu'un Dead Rising, Dead Island n'en reprendra pas moins l'idée des ateliers qui vous serviront à réparer ou améliorer vos armes moyennant finances. Néanmoins, pour ce faire, vous devrez au préalable dénicher tout un tas d'items allant du ruban adhésif aux déodorants en passant par du jus de citron. On regrettera quand même que certains objets anodins soient si difficiles à trouver et qu'après plusieurs heures de jeu, on ne puisse pas encore utiliser certains mods.
Quoi qu'il en soit, signalons qu'en passant par un menu radial, vous pourrez changer rapidement d'arme en pleine action. Cependant, vous aurez tôt fait d'aller dans l'inventaire pour choisir au préalable les armes auxquelles vous aurez accès. Souvenez-vous quand même qu'en ramassant une arme, celle que vous avez entre les mains tombera automatiquement. Faites donc très attention à ça dans le sens où si vous mourez, l'arme lâchée disparaîtrait. Profitons-en pour préciser que chaque résurrection de votre part vous coûtera de l'argent. En conséquence, vous serez invité à ramasser toutes les liasses de bifetons qui traînent d'autant qu'ils vous serviront à acheter des cannettes énergisantes dans des distributeurs. Et dieu sait que vous en aurez besoin puisque face à cinq ou six macchabées, vous aurez vite fait de passer de vie à trépas. N'hésitez donc pas à utiliser l'esquive ou le coup de pied pour les repousser, les faire tomber et dans la foulée les achever. A ce titre, retenez également que vous pourrez profiter de deux types de maniabilité : normale ou analogique. Si la première parle d'elle-même, la seconde vous proposera de frapper en effectuant des rotations du stick afin de mimer votre mouvement. Marrant mais dans les faits, le tout manque de précision.
Toutefois, la solution la plus simple pour profiter pleinement du jeu sera de trouver trois compagnons d'infortune par le biais du online. Attention par contre car dans ce cas, vous serez tributaire de votre avancée. Ainsi, si vous êtes par exemple à l'Acte II du Chapitre 4, vous ne pourrez rejoindre que des parties similaires. Si cela a le mérite d'éviter toute forme de spoil, l'idée est quand même très frustrante surtout lorsque vous trouvez des centaines de joueurs mais que vous ne pouvez les rejoindre. Pour autant, si le jeu s'avère déjà très solide en solo, à l'inverse d'un Left for Dead, il prend une toute autre dimension en multi d'autant qu'il est possible d'échanger des objets avec ses compadrés. De plus, chaque personnage possédant des compétences spécifiques (spécialiste des armes à feu, du lancer de couteaux, crochetage...), vous aurez tôt fait de composer une équipe équilibrée bien plus réactive et efficace. Ce ne sera pas un mal puisque le niveau des zombies évoluera en parallèle du votre. En somme, arrivé à un niveau 10 ou 11, il sera déjà très ardu de faire face à quatre ou cinq morceaux de barbaque ambulants du même niveau tant ils se montrent rapides et teigneux.
Du coup, exception faite de grosses traces d'aliasing, de temps de chargements un peu longuets, d'un certain déséquilibre dans les armes, on ne voit pas ce qui pourrait vous empêcher de sauter sur l'occasion. Techland s'est en effet fendu d'un très bon titre quelque peu redondant dans son principe mais très bien pensé dans sa construction. Ironiquement, on pourra même trouver que le jeu se rapproche bien plus d'un Resident Evil que ne le fit Resident Evil 5 tout en offrant de vraies montées d'adrénaline. Moins fourni qu'un Dead Rising en termes de customisation d'armes et moins pêchu qu'un Left for Dead 2 en multi, Dead Island n'en reste pas moins un produit fort bien pensé à la croisée des chemins de ses illustres modèles. Honnêtement, de la part d'un jeu trouvant ses origines dans nombre de nanars filmiques, nous n'en attendions pas tant.
- Graphismes15/20
Si les quatre personnages jouables manquent de charisme, les personnes qu'on est amené à rencontrer sont de leur côté un peu stéréotypées. Pour autant, le tout ayant un petit côté «b-movie» assumé, on se satisfera de cet état de fait. De plus, tout en puisant son inspiration à droite et à gauche, le bestiaire s'avère assez conséquent avec ses vacanciers zombifiés, ses locaux décharnés et des créatures plus puissantes qu'on dirait, issues d'un croisement entre Resident Evil et Left for Dead. Notons tout de même que si les décors sont agréables à l'oeil, pas mal de clipping et de tearing viennent un peu rompre le charme de l'ensemble.
- Jouabilité15/20
Profitant d'un système d'expérience synonyme de compétences à débloquer, Dead Island s'en sort admirablement bien de ce point de vue-là. De plus, à l'instar d'un Dead Rising, il sera possible de créer ses propres armes une fois obtenu des mods à l'issue des quêtes. Les ateliers étant plus ou moins bien positionnés, on ne sera donc jamais pris au dépourvu. Pour autant, on regrettera un vrai déséquilibre entre les différents types d'armes. Enfin, les combats s'avèrent sympathiques même si le coup de pied se montre parfois un peu trop puissant. Nonobstant, retenez qu'une fois entouré de zombies, vous aurez tôt fait d'utiliser l'esquive ou de switcher rapidement entre vos armes par le biais d'un menu radial. Notons enfin deux types de maniabilité (normal ou analogique), le second vous permettant de «miner» vos mouvements en effectuant des rotations de stick. Peu instinctif, le tout se révèle de plus moyennement précis.
- Durée de vie16/20
Sur ce point, Dead Island étonne. En effet, le terrain de jeu s'avère vaste et les quêtes, principales et secondaires, sont extrêmement nombreuses. Vous en aurez donc pour votre argent d'autant qu'il est possible d'y jouer en solo, mais aussi en multi avec trois autres petits aventuriers. La difficulté, elle, est bien gérée et profite d'un système de résurrection moyennant une partie de votre pactole.
- Bande son15/20
Les doublages américains sont à l'image des personnages et donnent parfois (souvent) dans le cliché avec un grand «c». Toutefois, le tout sied plutôt bien à l'ambiance d'autant que les râles de zombies fonçant sur vous suffiront à vous faire sursauter. Mentionnons également l'excellente bande-son profitant de thèmes disparates, tantôt posés et mélancoliques, tantôt furieux ou évoquant par moments les riffs de guitare de Diablo.
- Scénario9/20
Le scénario, ou plutôt l'absence de scénario, constitue sans doute le plus gros point faible du jeu. Si le pitch de départ est quelconque (une île, une invasion de zombies, quelques survivants qui tentent de fuir), les cinématiques s'avèrent peu nombreuses et moyennement travaillées. De plus, quelques scènes censées être poignantes tombent à l'eau... sans mauvais jeu de mots.
Reprenant des idées à Dead Rising, Left for Dead ou bien encore Resident Evil, Dead Island se présentait de lui-même comme un melting-pot auréolé d'une ambiance bien kitchoune héritière de multiples films de séries B. Eh bien, c'est tout à fait ça même si ceci constitue indéniablement autant de points positifs. Ainsi, grâce à son atmosphère délectable, son système de jeu bien pensé et la possibilité d'y jouer en multi., le titre de Techland aura tôt fait de vous hypnotiser. Du moment que ça ne débouche pas sur une morsure, on aurait donc tort de s'en priver.