Dernier né d'une série qui a accompagné la sortie de la PS3 en 2007, Resistance 3 nous invite bien évidemment à poursuivre le combat désespéré des humains contre les répugnantes Chimères. Cela dit, pour ce nouveau volet, Insomniac Games s'est attaché les services d'un nouveau héros, a tenté de jouer sur la sensibilité exacerbée de l'amateur de FPS et a troqué les grosses batailles traditionnelles du multijoueur pour des escarmouches plus classiques. Or, comme le résultat de ces maniements est maintenant accessible à tous, nous vous proposons bien sûr d'examiner tout cela en détail en notre compagnie, histoire de voir si cela vaut toujours le coup de rejoindre la résistance.
Ainsi donc, nous revoilà enfin dans le terrible univers alternatif concocté avec amour par Insomniac Games. Cette fois, le jeu nous entraîne en 1957, soit 4 ans après l'invasion des Etats-Unis par l'engeance chimèrienne. Nathan Hale, héros infecté des premiers volets, n'est plus là pour voir que son "sacrifice" n'a pas empêché ses concitoyens de se faire joyeusement massacrer. Les survivants se terrent dans les restes de leur société, formant des communautés qui tentent tant bien que mal d'exister en se réfugiant, selon le cas, dans la religion ou la violence. C'est dans ce contexte qu'on se retrouve dans les bottes crasseuses de Joseph Capelli, ancien membre du SRPA remercié sans ménagement en raison de sa contribution plus ou moins volontaire au décès de Hale. Après avoir erré pendant plusieurs années dans un monde en ruines, rencontré une douce et jolie femme qui lui donne un fils, Joe va malheureusement devoir reprendre les armes.
Nous n'entrerons pas davantage dans les détails dans le cadre de ce test, mais sachez que Joe sera amené à quitter son refuge en Oklahoma et à laisser sa petite famille derrière lui pour se diriger vers New York, un endroit où beaucoup de choses peuvent encore se jouer pour l'humanité. Son voyage lui fera croiser la route de nombreuses Chimères (qu'elles soient armées et organisées ou livrées à elles-mêmes), mais aussi d'autres survivants, dont certains ne lui voudront pas que du bien. Pour le coup, ce nouveau Resistance apporte une meilleure justification de son titre que ses aînés. En effet, l'atmosphère de guerre ouverte des autres opus HD laisse ici place à une ambiance bien différente. On sent bien que l'on évolue en territoire conquis par l'ennemi. Les affrontements font ainsi plus souvent office d'escarmouches que de batailles rangées et l'on se bat davantage pour survivre que pour la gloire.
Malgré cela, le manque de charisme du héros et la platitude de la mise en scène (en dépit de cinématiques techniquement réussies) font que l'on ne se prend tout simplement pas au jeu. Difficile en effet d'éprouver de la sympathie pour un Joe sans saveur qui ne semble d'ailleurs s'exprimer que par le biais de répliques déjà entendues 1.000 fois dans n'importe quel blockbuster américain. En outre, Insomniac n'a manifestement pas semblé très inspiré pour développer son histoire et use de ficelles assez grossières tout au long du solo. On aura donc du mal à s'impliquer pendant les 8 heures de jeu nécessaires à terminer les 20 chapitres. Il faut toutefois reconnaître que les différents décors traversés sont assez variés même si l'Oklahoma, St. Louis, la Pennsylvanie et New York ne vous écraseront pas leur beauté ou leur gigantisme comme c'était parfois le cas dans les précédents Resistance. Au-delà d'un sympathique et inattendu détour au trois-quart de l'aventure et d'une balade en bateau rigolote mais un peu longuette, on se contentera donc souvent d'errer dans des villes dévastées et des passages souterrains pas propres.
Heureusement, Joe n'est pas là pour faire du tourisme et s'amusera surtout à éviscérer de la Chimère avec un arsenal déjà partiellement connu, mais qui reste néanmoins aussi efficace que plaisant à utiliser. A ce titre, on note d'ailleurs qu'on peut de nouveau porter toutes les armes dénichées sur le champ de bataille et qu'il n'est plus question de se contenter d'un duo de pétoires comme dans le deuxième volet. On profitera ainsi d'une douzaine de guns qui ont tous le bon goût de proposer un tir secondaire ! Magnum aux balles explosives, foreur aux projectiles capables de traverser les murs, fusils de sniper, blaster électrique qui balance un module susceptible de capturer et de vaporiser tous les ennemis passant à sa portée, lance-roquettes surpuissant, fusil cryo qui gèle sa victime et la fait exploser en provoquant une onde de choc, canon à tumeur qui infecte votre proie, tout est là pour rendre chaque frag divertissant. Et comme si ça ne suffisait pas, sachez de plus vos armes s'améliorent au fur et à mesure de vos utilisations. Ainsi, si vous sollicitez régulièrement votre fusil à pompe, celui-ci prendra des niveaux et se dotera de balles enflammées !
En somme, l'armement constitue indubitablement le plus gros point fort de Resistance 3, et ce même si quelques-unes vous sembleront manquer un peu de patate. En outre, on appréciera le fait que les petits gars d'Insomniac ont assez bien dosé la distribution des munitions, si bien qu'il vous faut parfois économiser un peu et utiliser ce que vous avez sous la main avec intelligence et un petit sens tactique pour ne pas vous retrouver en slip par la suite. Dans le même ordre d'idée, on salue l'abandon du système de santé qui remonte automatiquement au profit du bon vieux mécanisme des fioles de vie à récupérer. Dommage que la structure des niveaux ne vous incitent pas nécessairement à ruser. Linéaires et basiques, à deux ou trois mini exceptions près, les missions reposent généralement sur des successions de couloirs à peine dissimulés ainsi que des scripts artificiels et prévisibles. Ajoutons à cela un bestiaire assez limité (des Chimères de base, des sauteuses, des invisibles, des explosives, des grosses costaudes et des zombifiées) et une IA à peine descente et on l'obtient des gunfights corrects, sans plus. Heureusement que quelques boss viennent varier les plaisirs.
Bref, vous l'avez compris, Resistance 3 n'est pas de ces FPS qui disposent d'un solo inoubliable. Honnête, occasionnellement rigolo, le jeu paraît un petit peu trop lambda et générique. Malgré ses défauts, on lui préférera sans doute la campagne du 2, plus rythmée, plus grandiose et marquée par une intensité grandissante. Alors certes, on aura tout de même la possibilité de traverser le jeu à deux en coopération (en écran partagé ou online), mais cela ne changera rien à la nature foncièrement limitée de l'ensemble. Du coup, une fois le solo plié, on se tournera volontiers vers le multijoueur pour tenter d'avaler un peu plus facilement cette petite déception. Cela dit, pour accéder à ce dernier, sachez que vous devrez toutefois disposer d'un Pass Online présent sous la forme d'un coupon à usage unique dans la boîte du jeu. Ceux qui passent par le marché de l'occasion pour obtenir leurs jeux devront donc acheter un nouveau pass sur le PSN avant de plonger dans la tourmente...
En ce qui concerne le multi, il faut tout d'abord savoir que Resistance 3 n'offre plus maintenant que des parties à 16 joueurs en lieu et place du gros bazar des deux précédents opus. Il s'agit là d'une volonté assumée de la part des développeurs désireux de rendre les combats plus compréhensibles, plus nerveux et plus techniques. On découvre ainsi 8 modes de jeux qui là encore, ne font pas dans l'originalité : match à mort en solo ou en équipe, capture de drapeau, contrôle de zones, destruction et défense d'objectifs et des variantes sympatoches. Dans tous les cas, Chimères et soldats humains se mettront joyeusement sur la tronche sans qu'aucune différence de gameplay entre les deux espèces se fasse sentir. Le jeu repose en outre sur un système de killstreaks popularisé par Call of Duty : si vous parvenez à tuer plusieurs adversaires d'affilée sans vous faire dégommer, vous obtiendrez alors des bonus tels qu'un bouclier ou l'invisibilité. Resistance 3 aligne également un système d'armes à débloquer et d'atouts (des capacités spéciales) qui lui assureront donc sans doute une bonne durée de vie. Assez dynamiques en dépit d'occasionnels soucis de lag, nos parties nous ont clairement fait comprendre qu'il y avait de quoi s'amuser dans Resistance 3, du moins si l'on ne vient pas là pour chercher quelque chose de frais et d'original. Le tout s'avère donc efficace et compense dans une certaine mesure la déception que représente le solo.
- Graphismes15/20
On retrouve ici une version remise au goût du jour du moteur ayant déjà officié sur les deux précédents volets. Le résultat apparaît donc correct mais ne vous fera pas grimper aux rideaux. On tolérera donc moins bien qu'avant les animations un peu grossières, les textures moyennes et les effets parfois très cheap de certaines armes ou explosions. Reste un design toujours très soigné et des environnements bien variés, quoique moins impressionnants que dans Resistance 2.
- Jouabilité14/20
Resistance 3 nous offre une campagne bien linéaire et convenue dans laquelle on aura tout de même plaisir à exploser des tripotées de Chimères grâce à un arsenal toujours aussi jouissif. Le soft, malgré un rythme assez lent, se prend rapidement en main et permet donc de se plonger au coeur des combats sans le moindre souci. On lui reprochera encore une fois une IA très perfectible et un usage parfois un peu maladroit des scripts, mais dans l'ensemble, le soft d'Insomiac tient la route.
- Durée de vie15/20
Comme celle de son aîné, la campagne de Resistance 2 s'inscrit dans la moyenne de ce qui se fait actuellement et vous demandera entre 8 et 10 heures avant de rendre l'âme selon votre niveau et la difficulté choisie. Très prévisible et linéaire, cette dernière n'incitera pas forcément les joueurs à y revenir même si la présence d'un mode coop pourra constituer un argument valable pour s'y coller une seconde fois. Du côté du multijoueur pur et dur, le bébé baveux d'Insomniac Games a tout ce qu'il faut là où il faut et se contente souvent de copier ce qui se fait ailleurs. Du coup, ce n'est pas original pour un sou, mais ça marche plutôt pas mal.
- Bande son14/20
Les cris gutturaux des Chimères ainsi que les bruitages sont tous de bonne facture. On appréciera comme il se doit les différentes musiques qui collent plutôt bien à chaque situation. En ce qui concerne les doublages, on se retrouve avec un travail tout à fait correct et donc des personnages assez vivants. Mention spéciale à la voix chaude du professeur Malikov.
- Scénario13/20
On sent très nettement la volonté des scénaristes de donner encore un peu plus de profondeur à l'univers de Resistance. L'atmosphère y est ainsi plus lourde et moins clinique que dans les précédents volets. Hélas, les efforts consentis pour donner vie à un personnage attachant et doté d'une véritable personnalité tombent complètement à plat, les ficelles utilisées pour y parvenir étant trop grosses et trop usées par le cinéma américain. Quant à la quête de Joe elle-même, elle réserve son lot de petites trouvailles, sans que l'on soit jamais bluffé ou même surpris.
A jeu lambda, note lambda ! Attention, 14 n'est pas une mauvaise note et Resistance 3 n'est pas un mauvais jeu, mais il n'est pas suffisamment réussi pour s'extirper de la masse de FPS du même genre non plus. Plat, convenu, générique, sans âme, le bougre oublie même en chemin la dimension grand spectacle de son aîné au profit d'une histoire et d'une ambiance qui ne risquent pourtant pas d'emballer les foules. Reste un gameplay honnête, soutenu par un arsenal toujours aussi jouissif, ainsi qu'un multijoueur solide car inspiré en très grande partie par ce qui marche ailleurs.