On critique souvent les éditeurs pour leur manque de prise de risque. La plupart des suites se contentent en effet de capitaliser sur le succès d'une série pour nous proposer de nouveaux épisodes qui sentent un peu le réchauffé. Ce n'est visiblement pas la politique de Capcom en ce qui concerne Devil May Cry. La licence s'offre en effet un reboot qui chamboule totalement les habitudes des fans de la série.
Vous pensiez connaître la série des Devil May Cry ? Il faudra pourtant endosser de nouveau le rôle du néophyte avec l'arrivée du prochain épisode en 2012. Le jeu sobrement intitulé DmC constitue en effet un nouveau départ pour la licence. Vous pouvez donc d'ores et déjà oublier la mythologie et les intrigues qu'avaient mis en place les quatre précédents opus. La mode est visiblement aux reboots : Prince of Persia n'en finit plus de repartir sur de nouvelles bases, la belle Lara Croft s'est refait une jeunesse, Mortal Kombat a remis les compteurs à zéro, Medal of Honor a essayé de se faire passer pour une jeune recrue... Ces licences s'en tirent avec plus ou moins de panache mais les fans accueillent généralement assez bien ce type de remise à plat. Devil May Cry est sans doute l'exception qui confirme la règle : dès l'annonce du jeu, le projet a dû faire face aux foudres de la communauté. L'objet de leur grogne ne tenait ni au gameplay dont on ne savait pas grand chose, ni au scénario qui restait lui aussi énigmatique, c'est tout simplement le nouveau look de Dante qui avait du mal à passer.
Il faut reconnaître que le lifting qu'ont opéré les équipes de Ninja Theory sur Dante est assez radical : on avait un rockeur aux charmes gothiques et on se retrouve aujourd'hui avec un adolescent à mi-chemin entre le mouvement punk et un look emo. Ce changement a de quoi surprendre, mais, à moins d'avoir projeté un peu trop de fantasmes inavouables sur l'ancien Dante, il faut reconnaître que ce jeune loup n'est pas tout à fait dénué de classe. L'univers dans lequel il évolue à lui aussi toutes les raisons d'étonner les fans de la première heure : ce Dante new-gen se ballade en effet dans une ville plus tristounette, mais celle-ci prend des couleurs flamboyantes lorsqu'il est happé dans une dimension parallèle démoniaque. Les passants ne sont alors plus que des silhouettes fantomatiques, les caméras de sécurité deviennent organiques se dotent d'un œil globuleux plutôt écœurant et les ennemis fusent de toutes parts. La cohabitation de deux dimensions n'appartient pas vraiment aux canons de l'univers de Devil May Cry tel qu'on le connaissait, il fait plutôt penser à celui de Bayonetta. Il sera pourtant visiblement au centre de cet épisode. Les deux univers ne sont pas totalement hermétiques l'un à l'autre, et une mystérieuse jeune fille se permettra même de vous guider tout en restant dans le plan dimensionnel le plus banal qui soit. On sait peu de choses sur le scénario de cet opus mais les développeurs nous ont quand même assurés que les habitués des précédents épisodes retrouveront quelques têtes connues...
Si cette fameuse dimension démoniaque apportera un peu de couleurs dans votre vie, elle n'en sera pas moins redoutable. Les décors eux-mêmes peuvent subir de dangereuses distorsions et attenter à votre intégrité physique : d'immenses crevasses se créent sous vos pas, les murs se rapprochent brutalement pour essayer de vous écraser, le sol tangue comme si vous étiez sur le pont d'un bateau... Histoire de rendre les choses un peu plus pimentées, vous aurez aussi la visite de créatures vraiment étranges, des sortes de mannequins sans âme et équipés d'un énorme hachoir sur leur bras droit. Vous vous en doutez, Dante dispose bien entendu des moyens de les recevoir : il joue de la gâchette quand ses ennemis ne sont pas au corps-à-corps et sort son épée pour les accueillir lorsqu'il s'en est rapproché. L'arsenal de Dante ne s'arrête pas là et nous réserve même une nouvelle surprise : il dispose d'armes spécifiques qui sont liées soit à sa nature démoniaque (jusque là tout va bien), soit à sa nature angélique. Non, vous ne rêvez pas, Dante entretiendra bien un lien privilégié avec ces volatiles flanqués de harpes et de trompettes. Les développeurs ne se sont pas étendus sur la question mais nous avons effectivement pu vérifier que le gaillard se servait d'une hache rougeoyante (et donc forcément maléfique) et d'une faux aux lueurs bleutées qui lui avait certainement été léguée par un ange...
Encore une fois, les fans les plus intransigeants crieront certainement à l'hérésie et pourtant cette belle panoplie d'armes nous a semblé plutôt pratique. En effet, il suffit d'actionner l'une ou l'autre gâchette pour sortir l'équipement lié au côté démoniaque ou au côté angélique. Le tout se fait donc de manière très fluide lors des combats et vous pouvez facilement enchaîner des combos qui utilisent tout votre arsenal. Cette description ne serait pas complète sans la mention d'un grappin qui permet aussi bien de se déplacer en jouant les Indiana Jones, que de saisir les ennemis pour les attirer de force ou pour les rejoindre dans les airs. Ce nouvel outil fait furieusement penser au Devil Bringer de Nero et les habitués de la série sauront vite l'exploiter. De manière générale le gameplay de ce DmC nous a paru nerveux et plutôt jouissif : les combos monstrueux seront toujours au rendez-vous. Cerise sur le gâteau, nous avons eu droit à un aperçu du nouveau Devil Trigger de Dante. Ce dernier prend alors une allure un peu plus familière puisque ses cheveux se teintent en blanc et que sa veste tourne au rouge. Mais le plus important, c'est que cette technique lui permet d'envoyer balader tous les ennemis dans les airs et de figer le temps. Il ne lui reste plus qu'à utiliser son grappin pour réaliser des combos dévastateurs sur les pauvres bougres qui ne peuvent plus réagir.
Ceux qui étaient amoureux de l'ancien look de Dante resteront peut-être inconsolables et appellent déjà certainement au boycott de cet épisode. C'est dommage car ils se priveront vraisemblablement d'un bon beat'em all qui n'est finalement pas si éloigné de ses prédécesseurs. DmC nous promet en effet des combats nerveux et bourrés de combos impressionnants, et c'est finalement le plus important.