Les développeurs français de Bet on Soldier et Speedball 2 sur PC sont de retour sur le devant de la scène vidéoludique avec un beat'em all se déroulant au temps des croisades. Au programme : un background historique teinté de fantastique mais surtout des combats violents ainsi qu’un mode coopératif que nous avons eu l’occasion d’essayer…
France, Syrie ou encore Turquie : l'action de The Cursed Crusade embarque le joueur dans plusieurs destinations plus ou moins exotiques au fil de 36 niveaux disséminés au sein de 5 gros chapitres. A cela, rien de très surprenant dans la mesure où le jeu se base sur les croisades et les pèlerinages armés organisés par le Pape dès le XIème siècle. Une croisade en particulier, la quatrième, celle qui a été détournée de son but initial par les Vénitiens et qui a abouti à la prise de Constantinople en 1202, sert précisément de toile de fond à l'aventure. D'ailleurs, le grand méchant du jeu n'est autre que Boniface de Montferrat, un des principaux chefs responsables de cette dramatique croisade. Face à lui et à sa horde de sbires maléfiques, les développeurs ont choisi de créer, dans une optique de coopération, deux personnages possédant un look et une touche européenne bienvenus. Le premier est Esteban, un voleur âgé d'une quarantaine d'années, qui, en réalité, sert un peu de faire-valoir au second protagoniste, le vrai héros du jeu : Denz de Bayle. Ce dernier est un chevalier de l'ordre des Templiers qui a été maudit pour une raison encore inconnue et qui a hérité d'un pouvoir nommé Malédiction. Concrètement, en appuyant sur une touche, le joueur téléporte tous les personnages à l'écran en Enfer, Denz pouvant ensuite assassiner plus facilement ses ennemis qui se retrouvent alors quasiment incapables de se défendre. Le pouvoir de Malédiction dure le temps que la jauge qui lui est dédiée se vide complètement. Bien entendu, il est possible de la remplir à nouveau, simplement en alignant les cadavres…
Pour trucider son prochain, le joueur n'a d'ailleurs que l'embarras du choix. Ainsi, le jeu contient environ 130 armes divisées grosso modo en deux catégories. Il y a d'abord celles qui permettent de broyer et briser les armures, telles que les masses d'arme. Ensuite, il y a celles qui sont plus efficaces pour trancher ou percer la chair, comme les épées à une ou deux mains (il en existe 20 modèles aux looks différents mais aux dégâts similaires). Ou encore les lances capables de tuer un ennemi immédiatement en l'embrochant. Sans oublier deux armes de tirs : l'arbalète très efficace et l'arc qui tire en cloche. A noter que les développeurs ont pris le parti de refuser la carte du gore à tous prix afin de se focaliser davantage sur la maîtrise technique des armes. Pas d'inquiétude toutefois : même s'il n'y a jamais de geysers intenses de sang, il y a tout de même des décapitations et démembrements plutôt bien troussés, sorte de Finish automatiques qui concluent les enchaînements les plus puissants. A ce titre, le joueur a la possibilité de débloquer un total d'environ 90 combos. Il suffit de les acheter à l'issue des niveaux à l'aide des " points de victoire " qui récompensent la manière de combattre du joueur (nombre de victimes et de combos…). Bonne nouvelle : les affrontements demeurent très accessibles à n'importe quel novice de la baston. Ainsi, outre deux touches dédiées respectivement à une attaque horizontale et verticale, le joueur peut sélectionner ses armes (une dans chaque main) de manière assez intuitive grâce à la croix directionnelle et à un petit menu qui se superpose à l'écran. De plus, quelques QTE rythment les combats lorsque les plus gros ennemis contrent les attaques du joueur. Lame contre lame, il faut alors bourriner rapidement une touche puis en presser une dernière afin de prendre l'avantage sur l'ennemi. Pour que le jeu n'apparaisse pas trop répétitif et facile, les développeurs ont heureusement inclus quelques petites subtilités destinées aux pros de la baston…
Ainsi, il est possible de recourir à deux types de coups, simplement en pressant sur une touche, pour pimenter un peu les affrontements. D'abord, le traditionnel Guard Breaker permet, d'un coup de pied, de casser la garde de son ennemi et ensuite de lui infliger des combos. Ensuite, il est possible d'user d'un Deflecting Counter, à savoir une parade qui dévie la lame de l'adversaire et le désarçonne pendant une poignée de secondes. Concrètement, il faut appuyer sur le bouton de Garde au moment où le belligérant brille légèrement d'une couleur bleue. A cela s'ajoute des attaques contextuelles, lancer un tonneau ou une caisse, ou encore pousser automatiquement un ennemi dans un puits à proximité. Elles nécessitent de bien se positionner dans le décor. Mais ce n'est pas toujours évident dans la mesure où Denz et Esteban affichent une certaine inertie dans leur déplacement, ce qui les empêche de s'arrêter pile à l'endroit désiré. Cela dit, tout n'est qu'une question d'habitude et, après plusieurs essais, la manipulation se réussit assez facilement. Last but not least, outre une série d'éléments bonus à découvrir (âmes à libérer, coffres et crucifix sanglants à trouver), le joueur est capable de booster les cinq caractéristiques de son personnage. Ces dernières sont : Force, Malédiction (histoire de faire durer plus longtemps ce pouvoir), Maîtrise des armes (pour apprendre plus vite des combos), Port des armures (afin que l'armure parte moins vite en morceaux) et enfin Constitution (pour être plus résistant aux attaques et subir moins de dommages). Ces données sont importantes pour bien équilibrer son personnage, surtout lors du mode coopératif…
La coopération à deux joueurs, online ou en écran splitté horizontal ou vertical, est justement censée être un des points forts de The Cursed Crusade. L'histoire peut d'ailleurs être jouée à deux, chacun dans la peau d'un personnage (Denz et Esteban). Sur le terrain, pour progresser, il est donc nécessaire de s'entraider. Alors qu'en solo, Esteban est géré par l'IA et vient automatiquement prêter main forte à Denz, dans le mode coopératif les deux joueurs sont dans l'obligation de se réunir pour franchir les différents obstacles, comme un gros chariot à pousser en même temps ou la nécessité de se faire la courte échelle. Classique mais sympa. De même, en combat, l'un peut ceinturer un adversaire afin que l'autre puisse l'achever. Problème : il n'est pas possible de locker un ennemi et la caméra fait parfois des siennes, au point qu'il faille d'ailleurs la réorienter régulièrement. Ce ne serait pas vraiment gênant si le champ de vision n'était pas aussi réduit en split-screen vertical. Si bien qu'il faut surveiller constamment ses arrières, pour ne pas être surpris par un ennemi. De plus, sur la version à laquelle nous avons joué, le framerate se montrait plutôt déficient et entraînait parfois quelques saccades dans l'action (mais les développeurs nous promettent que tout cela disparaitra avant la sortie du jeu en octobre). Heureusement, les combos sortent plutôt bien et s'avèrent même assez spectaculaires dès lors que vous couplez certaines armes . Bénéficiant d'un doublage – au choix – anglais ou français (avec notamment les voix françaises de Russel Crowe et Edward Norton), The Cursed Crusade offre également aux amateurs de scénario à rebondissements près de deux heures de cinématiques, pour une durée de vie totale estimée à une dizaine d'heures. Il reste finalement à espérer que les développeurs aient le temps de corriger les petits défauts à temps, car le jeu possède tout de même un petit potentiel sympathique.
Pas facile pour The Cursed Crusade de trouver sa place, écartelé entre Dante’s Inferno (sans l’action frénétique) et Assassin’s Creed (sans le brio technique). Et pourtant, le bébé des français de Kylotonn possède déjà pour l’heure un certain charme lié à des partis pris autant ludiques qu’esthétiques. Les ambitions restent évidemment très modestes mais on sent tout de même une véritable sincérité derrière ce titre. Croisons donc les doigts pour que le jeu concrétise tout cela et réserve également quelques bonnes surprises lors de la sortie de la version finale en octobre.