Fort du succès de Flatout, Bugbear a été choisi par Namco Bandai pour créer un nouvel épisode de Ridge Racer. L'éditeur a laissé une grande liberté au studio, l'autorisant à développer sa propre vision de la série. Le résultat, que nous avons pu apprécier manette en mains chez les sympathiques Finlandais, est effectivement assez différent de ce à quoi Ridge Racer nous avait habitué. Mais le risque de décevoir certains fans est compensé par l'opportunité de fédérer une grande communauté d'accros à la vitesse.
Avant même le début de la présentation, notre premier contact avec le jeu se fait dans les couloirs des locaux de Bugbear situés au coeur d'Helsinki. Les murs sont tapissés de photos de référence et de documents de production. Un des papiers arbore cette définition : "unbounded : having no limit". Ne pas avoir de limite. Nous voilà prévenus sur la signification du titre. Une autre affiche déclame le slogan du soft, composé de ces trois termes : "Drive, Destroy, Dominate". Si le premier se passe de commentaire (après tout, nous ne sommes pas là pour planter des fraisiers), les deux suivants méritent de plus amples explications. Mais avant de voir en détails le gameplay de Ridge Racer Unbounded, attardons-nous d'abord sur son atmosphère qui se veut bien particulière.
De l'aveu du directeur artistique de Bugbear, ce nouvel opus de Ridge Racer prend une orientation plus sombre qu'à l'accoutumée. Le but du studio était de créer une ville (Shatter Bay, de son petit nom) qui soit intimidante, presque effrayante. Plutôt que de s'inspirer de cités lumineuses bordées de palmiers, comme Los Angeles ou Miami, les architectes de Shatter Bay ont pioché des idées dans des villes plus industrielles, plus sombres. Les références mentionnées sont New York, Chicago ou encore la riante Detroit... Du côté de la fiction, ce sont les derniers films de Christopher Nolan, Le Chevalier Noir et Inception, qui ont été cités en exemple. Quant à l'égérie des "unbounded" c'est en quelque sorte la jumelle maléfique de Reiko Nagase. Mais tout ça c'est sur le papier. Une fois la manette en mains, il faut avouer que cette volonté de créer une atmosphère sombre ne saute pas aux yeux. N'imaginez pas foncer dans des ruelles crasseuses à la Gotham City, où de la fumée sortirait des bouches d'égout pour s'élever le long d'immeubles noirs coiffés de gargouilles. D'autant qu'aucun cycle nocturne n'est prévu, pas plus que de la pluie ou d'autres effets météorologiques. C'est dommage, l'idée était pourtant bonne et aurait pu conférer au titre une identité visuelle plus marquée. En l'état, il n'est pas vraiment évident de distinguer Ridge Racer Unbounded d'autres jeux de courses urbaines, d'un strict point de vue graphique en tout cas.
Pour ce qui est du gameplay en revanche, le soft propose une recette originale bien que des similitudes existent avec d'autres titres, de Burnout à Split/Second, en passant évidemment par Flatout. Le jeu est basé sur un mécanisme simple : une jauge de "puissance destructrice", qui augmente en explosant à peu près tout ce qui se trouve sur votre passage. Cela va des pauvres voitures innocentes du trafic routier aux divers éléments du décor. Même les piliers en béton des tunnels peuvent être défoncés ! Mine de rien ça bouleverse les habitudes, puisqu'on se retrouve à devoir foncer dans ce qu'on avait pris l'habitude d'éviter soigneusement. Seuls quelques éléments vraiment gros comme les immeubles, pourront stopper votre élan. Et encore : une fois votre jauge pleine vous pourrez l'utiliser pour détruire certaines portions du circuit, ouvrant ainsi des raccourcis bien pratiques. Si vous préférez, la jauge peut aussi servir à réaliser un takedown sur un adversaire. Bref, Ridge Racer Unbounded est une ode à la destruction. Les affrontements sont furieux (l'IA est assez agressive), et il est jouissif de foncer dans un centre commercial, de tout péter au passage, et de finir de remplir la jauge juste à temps pour faire une sortie fracassante à travers la façade dans une pluie de débris...
Il faut dire que le moteur physique est plutôt impressionnant. Selon les développeurs, seules quelques grosses destructions (comme un pan entier d'autoroute) sont gérées par des animations. Tout le reste est calculé en temps réel, gage de réactions en chaîne imprévisibles. Et ça en fait du calcul, vu que les morceaux de verre, de métal ou de béton volent de partout... Ridge Racer Unbounded est un rêve pour les fournisseurs de mobilier urbain (et un cauchemar pour les personnes en charge du budget de Shatter Bay...). La destruction des voitures n'est pas en reste. Elles sont composées d'une cinquantaine de parties différentes, qui ne manqueront pas de se détacher au fil des chocs. Notez bien que ceci est surtout esthétique : vous irez toujours vite et droit au volant d'une carcasse ambulante. Seule la jauge de vie baisse jusqu'au choc de trop, et c'est l'explosion suivie d'une réapparition à neuf. Le jeu offre un fun immédiat grâce à cette orientation résolument arcade. Il reste tout de même quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes : les dérapages, essence de la série Ridge Racer, sont toujours de la partie. Bien utiliser le bouton drift est primordial pour gagner quelques précieux dixièmes dans les courbes les plus prononcées et augmente la puissance destructrice.
Pour ce qui est du contenu, Ridge Racer Unbounded proposera une vingtaine de voitures fictives, réparties dans diverses catégories (sport, muscle car, supercar...). Bugbear annonce le retour de quelques véhicules favoris de la série ainsi que "des surprises". La carrière dans laquelle vous devrez vous faire un nom chez les "unbounded"qui écument la ville devrait offrir entre 6 et 10 heures de jeu, avec les classiques courses à tours multiples (d'un point A à un point B, etc.) Mais aussi des challenges et des événements basés sur la destruction, où finir premier ne sera donc pas forcément l'objectif principal pour gagner. La durée de vie sera évidemment prolongée grâce au mode multi (12 joueurs annoncés). Mais ce qui pourrait assurer au jeu une longue existence en ligne, c'est l'éditeur de circuits. Bugbear a effectivement développé un outil qui permet aux joueurs de créer leurs propres tracés ! La version présentée était déjà parfaitement fonctionnelle, et à la manette s'il-vous-plaît. Concrètement, l'éditeur se présente comme une grille vue de dessus, sur laquelle il suffit de placer des blocs (un bloc contient une portion de route droite ou courbe entourée de son décor). Ceux-ci sont rangés en fonction du type d'environnement (quartier résidentiel, centre ville, zone portuaire...), certains permettant de faire la transition en douceur. Il existe environ 80 blocs différents, sans compter ceux à vocation purement ornementale. Attention, il ne s'agit pas de créer une ville ouverte où circuler librement mais seulement de nouveaux circuits. Et tout cela se fait à une échelle relativement grande : il n'est pas question de placer à la main chaque arbre ou lampadaire. Malgré ces réserves, l'éditeur est convaincant et devrait assurer au jeu une bonne communauté de créateurs.
Prévu pour un vague "2012", Ridge Racer Unbounded s'annonce pour l'instant comme un solide jeu de courses arcade faisant la part belle à la destruction. Foncer dans un environnement urbain en cassant tout sur son passage au coude-à-coude avec une douzaine de bolides s'avère plutôt jouissif. On regrette juste que le titre ne possède pas une identité visuelle plus marquée, malgré la volonté affichée de faire "plus sombre". Mais le fun est bien présent, et l'éditeur de circuits achève de nous convaincre qu'il faut surveiller le nouveau bébé de Bugbear de près.