AQ Interactive profite des spécificités de la Nintendo 3DS pour nous offrir un concept original de plates-formes/réflexion. En effet, l'utilisation du gyroscope est un élément central de ce petit Cubic Ninja. Malheureusement, quand on rate l'intérêt principal de son jeu, le résultat est désastreux.
Depuis son annonce, beaucoup de joueurs étaient intrigués par les screens de Cubic Ninja. En effet, avec un concept simple et singulier ainsi qu'un héros tout mignon aux faux airs de Super Meat Boy, on pouvait s'attendre à un petit jeu sympa et accrocheur. L'idée de déplacer son personnage avec le gyroscope peut causer des frayeurs, mais on se dit que si c'est bien réalisé, ça peut valoir le coup. On passera rapidement outre le scénario bidon qui nous envoie à la recherche d'une princesse pour se lancer directement dans la partie, le bandeau serré sur le front.
Vous voilà donc jeté dans un niveau en vue de côté, les bras ballants dans les airs. En inclinant votre Nintendo 3DS dans chacune des directions, le personnage suivra le mouvement, le but étant d'atteindre la sortie du niveau. Dès le démarrage de la partie, la première impression est tout sauf bonne. L'inertie est telle qu'il faut anticiper chacun de vos déplacements d'une bonne seconde, ce qui fait drôlement tâche dans un titre qui demande des réflexes et de la précision. Mais ce qui choque le plus, c'est l'amplitude d'inclinaison nécessaire pour que votre cube daigne bouger son royal fessier. Si vous comptiez y jouer affalé sur votre canapé, autant dire que vous pouvez faire une croix dessus. Le pire, c'est que plus vous vous obstinerez à vouloir maîtriser le ninja, plus vous vous rendrez compte que vous ne contrôlez rien du tout. Cela s'avère bien catastrophique quand on voit le nombre de pièges qui vous tendent les bras. Vous arrivez à gagner de la vitesse ? Vlan, vous atterrissez dans des pics mortels impossibles à prévoir, surtout avec l'inertie du bonhomme. Et encore là, nous ne vous avons pas encore parlé de la profondeur.
Car oui, et c'est bien là le gag, sachez qu'en plus des mouvements en 2D déjà chaotiques, vous allez devoir gérer la profondeur en vous éloignant ou vous rapprochant du quatrième mur afin d'éviter des obstacles. Là où cela devient drôle, c'est que pour réaliser cet exploit, il faudra carrément incliner la console au dessus de vous, écran vers le bas, comme si vous vouliez que le personnage sorte de la machine pour vous tomber sur la tête. Allez-y maintenant, essayez de jouer qu'on rigole. Le pire, c'est qu'il est quasiment impossible de jouer avec la profondeur sans que votre cube se déplace aussi en hauteur. En gros, le mouvement que vous faites pour qu'il vienne se coller à l'écran démarre de la même façon que celui qui lui demande de descendre. Dire que le gameplay est maladroit est insuffisant. En fait, il est carrément insupportable et gâche constamment le plaisir de jeu. Et pourtant, Cubic Ninja avait eu la bonne idée de proposer une alternative.
Via un court passage dans le menu option, il vous est possible de changer les commandes pour passer au pad analogique. Sauvé ?! Non, pas vraiment. S'il est beaucoup plus simple de se déplacer sans se faire un torticolis ou pousser mémé dans ses pots de fleurs, ça ne soigne pas la trop grande inertie de notre compagnon qui rend le soft toujours aussi désagréable à jouer. Il faut dire qu'entre les bumpers et les souffleries, tout est fait pour accentuer la pénibilité de la jouabilité. De plus, ne pas jouer au gyroscope enlève carrément tout l'intérêt initial, nous laissant avec un titre qui aurait pu sortir à 0,99 euros sur iPhone. Et si la maniabilité au pad permet de bénéficier de l'effet 3D cher à la console, celui-ci est sans doute le plus anecdotique jamais vu, à tel point que l'on voit à peine la différence. Tout aussi insignifiante est la présence de quelques capacités activables après avoir trouvé des bonus difficiles à atteindre. C'est sympa, mais ça ne change pratiquement rien au problème.
Bien évidemment, quand un jeu avec un concept novateur rate d'entrée son gameplay, il n'y a pas de miracles. Cubic Ninja a beau avoir un éditeur de niveaux dont les créations peuvent s'échanger entre amis, le contenu ne pèse pas lourd dans la balance, d'autant qu'il ne faut pas plus d'une matinée pour finir les levels fournis avec le jeu. Reste le mode Contre-La-Montre pour les plus téméraires, le Mode Survie qui se contente de nous refaire jouer à l'infini pour tenir sans mourir le plus longtemps possible ou encore les personnages à débloquer, possédant chacun des caractéristiques propres. Au final, Si on ne peut pas reprocher à Cubic Ninja d'avoir tenté l'originalité, on ne peut qu'être attristé devant une jouabilité aussi souffreteuse au gyroscope et aussi inintéressante au pad. Une bien mauvaise expérience qui, nous l'espérons, ne refroidira pas les développeurs dans l'idée de s'atteler à de nouveaux concepts.
Les images qui illustrent ce test sont fournies par l'éditeur.
- Graphismes8/20
Le passé nous a déjà prouvé que l'on pouvait faire de bien jolies choses avec des décors cubiques. Malheureusement, Cubic Ninja n'a visiblement pas eu les bons professeurs et il ne faut pas espérer une goutte de vie ou d'art dans la centaine de niveaux disponible. Accessoirement, les personnages n'ont strictement aucun charisme.
- Jouabilité5/20
Cela aurait dû être le côté sympa de Cubic Ninja, c'est en fait son plus gros défaut. La maniabilité au gyroscope est contraignante de bout en bout et certaines actions sont même très mal pensées. Si c'est plus simple au pad circulaire, ça casse aussi tout l'intérêt du jeu.
- Durée de vie8/20
Trois heures sont largement suffisantes pour faire les cinq mondes initiaux de Cubic Ninja. Ensuite, il faudra se les refaire en Contre-La-Montre pour entretenir la flamme tant bien que mal ou faire de nouveaux niveaux soi-même.
- Bande son9/20
Ce ne sont pas les sqwiiirks de votre personnage qui sublimeront les musiques plates qui vous accompagnent.
- Scénario/
Ce n'est pas Cubic Ninja qui donnera ses lettres de noblesse au gyroscope de la Nintendo 3DS. Tel un éléphant sur une patinoire, on se cogne contre tous les bords à cause d'une inertie pénible, d'une maniabilité foireuse et d'un effet de profondeur complètement loupé. Et même après avoir raté l'essentiel, la durée de vie et la réalisation se révèlent tout aussi médiocres. N'est pas ninja qui veut...