Le moins que l'on puisse dire, c'est que les amateurs de jeux vidéo portant sur le Rugby à XV n'ont pas été gâtés ces dernières années. Depuis 2007 et la sortie de Rugby 08, ils n'ont tout simplement rien eu à se mettre sous la dent. Près de quatre ans de disette qui vont donc prendre fin au mois d'août prochain avec l'arrivée sur consoles HD de Rugby World Cup 2011. Le développeur du jeu n'est d'ailleurs pas un novice. HB Studios a en effet œuvré près d'une décennie durant pour le compte d'Electronic Arts, notamment sur la série des Rugby, qui ne s'est jamais montrée totalement convaincante. C'est d'ailleurs là l'une des raisons pour lesquelles le géant américain a cessé toute relation avec le monde de l'Ovalie. Pour autant, cela n'a pas freiné 505 Games qui s'occupera donc de l'édition de la nouvelle production du studio HB, le jeu officiel de la coupe du monde de Rugby.

Fort logiquement, l'intérêt du titre repose principalement sur la possibilité de vivre le tournoi dans son intégralité, du match d'ouverture jusqu'à la finale. Les joueurs pourront toutefois décider d'aborder la compétition en respectant scrupuleusement le tirage au sort déjà effectué par les instances internationales du Rugby ou au contraire, de commencer avec des équipes réparties aléatoirement dans les quatre poules que compte l'épreuve. Côté contenu, HB Studios propose également de participer à des matchs amicaux, de prendre part à des tournées (en Europe, dans l'hémisphère Sud...) avec son équipe nationale favorite, de se livrer à des affrontements (en un contre un online ou à quatre offline). Il s'agit aussi d'utiliser un éditeur assez complet pour retoucher les noms et le physique des joueurs. Malheureusement, ce dernier sera particulièrement utile car HB Studios n'est pas parvenu à acheter l'ensemble des licences des équipes nationales. Si la France et l'Angleterre auront droit aux vrais noms des joueurs, à une reproduction assez fidèle de la morphologie de ces derniers et aux maillots officiels, ce n'est pas le cas pour la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Ce qui fait un peu tache pour le jeu officiel de la coupe du monde. Maintenant, il ne faut pas oublier qu'HB Studios est un développeur indépendant et que le système d'attribution des licences dans le monde du Rugby est complexe et coûteux. Il faut en effet négocier avec chaque fédération individuellement. Et pour le coup, Rugby World Cup 2011 a un concurrent direct qui vous permettra, lui, de jouer les All Blacks et les Wallabies en exclusivité : Rugby Challenge. Sur la forme, c'est embêtant donc, mais l'éditeur permettra, au prix d'un effort certain, de remédier à tout cela. Toujours pour ce qui est des licences, le même problème s'est posé au niveau des stades. Si l'enceinte de Twickenham est bien présente, celle du Stade de France ne figure pas dans le jeu.

Evidemment, tous ces problèmes de droit n'ont pas empêché le studio canadien d'intégrer à son titre un stade pour la sélection tricolore, très semblable à celui trônant à Saint-Denis, ainsi que des équipes néo-zélandaise et australienne fictives. On reconnaît d'ailleurs le style de jeu de ces deux formations, tout en rapidité et en vélocité pour les premiers, axé sur la puissance de leur pack pour les seconds. Pour en finir avec la partie contenu, sachez que l'on peut endosser le maillot des 20 sélections présentes à la Coupe du Monde mais qu'aucun club n'est jouable. Pas de Top 14 donc, ni de H Cup. Toute cette problématique de fidélité traduit en tout cas une véritable volonté de se rapprocher de la réalité. Au cours des matchs, Rugby World Cup 2011 proposera bien sûr toutes les règles habituelles de ce sport prisé dans le Sud de notre beau pays. Il sera ainsi possible de jouer à la main ou au pied, d'enfoncer la mêlée adverse avec ses avants, de former des mauls pour gagner lentement du terrain, de scorer sur des pénalités, des essais ou des drops, de plaquer comme il faut le porteur du ballon ou d'essayer de piéger l'équipe d'en face grâce à des touches vicieuses. Un côté réel qui tranche un peu avec l'orientation du gameplay, bâti sur les cendres du système de jeu de Rugby 08. HB Studios a en effet choisi de rendre l'action encore plus fluide qu'à l'accoutumée. Du coup, lorsque le ballon n'est pas au sol, il virevolte de main en main grâce à des passes qui s'effectuent rapidement, y compris après contact. Dans la même optique, lorsque votre joueur est plaqué, il est possible de ressortir dans la foulée le cuir pour continuer à mettre la pression sur les adversaires. Ce qui, au final, donne un petit côté arcade à l'ensemble. Les attaques se résument d'ailleurs assez souvent à une succession de passes vers les ailes pour faire courir les joueurs les plus rapides vers les 22 mètres adverses. Ces derniers pourront effectuer quelques feintes lors des uns contre uns grâce au stick droit. Les phases de pick and go se font donc assez rares, ce qui est en soi une bonne nouvelle, ces dernières ayant tendance à vraiment ralentir le rythme des matchs. En revanche, les actions demeuraient du coup un peu trop stéréotypées malgré l'importance bien restituée du jeu au pied. On pourra aussi mettre ça sur le compte d'un manque d'expérience de la part des journalistes, qui se contentaient de réutiliser ad nauseam les tactiques en apparence les plus efficaces. A suivre donc.

Lors des quelques matchs que nous avons pu effectuer, nous avons aussi remarqué que bien défendre demandait au joueur d'être rigoureux et toujours attentif à l'action. Les plaquages s'effectuant automatiquement au contact, il fallait toujours veiller à être bien positionné pour ne pas être dépassé par un ailier rapide. La présence d'un bouton permettant de locker l'adversaire ayant le ballon était à ce compte-là d'une grande aide. Etre capable de stopper les offensives adverses réclamera donc du temps et un sens aigu du placement. Parmi les options défensives intéressantes, les développeurs ont cherché à offrir aux joueurs la possibilité de récupérer fréquemment le ballon après un plaquage. En martelant A (ou croix sur PS3), il était ainsi possible de déterminer avec quelle puissance les avants allaient essayer de bousculer les adversaires pour récupérer le précieux sésame (ou de le garder si l'on est en attaque). Une option qu'il fallait utiliser avec modération car en cas de poussée trop violente, une pénalité pouvait tout à fait être sifflée par l'arbitre dont les décisions se sont avérées très intelligentes. Justement, pour marquer trois points suite à une faute de l'adversaire, les joueurs devront faire attention au vent tout en dosant convenablement la puissance et la précision de leur coup de pied grâce à une jauge. Pas une mince affaire, surtout avec les buteurs ayant les statistiques les plus faibles. Le Rugby étant un sport tactique, on aura aussi la possibilité de déterminer sa stratégie grâce au pad de la manette. Celle-ci aura un impact important sur l'issue des rencontres les plus serrées. Et elles devraient être nombreuses, même en solo, car HB Studios a veillé à ce que le niveau de difficulté le plus élevé représente un réel challenge.

Graphiquement, HB Studios a probablement fait le maximum mais on est assez loin des cadors de la simulation sportive. Si sur les plans d'ensemble du stade et sur la vie en tribune, Rugby World Cup 2011 s'en tire vraiment bien, c'est lorsque la caméra se rapproche de la pelouse que le jeu tire la langue. La modélisation des joueurs est assez sommaire, notamment au niveau des visages. Plus embêtant, sur la version de démonstration, les animations étaient vraiment très raides et pas toujours déliées. Sur les touches par exemple, on constate systématiquement un manque de fluidité dans le mouvement des joueurs. De même, les rugbymen partent dans des courses très rectilignes, y compris lors des changements de trajectoires. On a également constaté un léger manque de vie autour du ballon lorsque celui-ci se trouve au sol. L'immersion s'en trouve parfois un peu cassée mais le spectacle sera tout de même au rendez-vous, en particulier grâce aux plaquages qui s'avèrent très spectaculaires. Visuellement, le constat est donc un peu décevant mais pas non plus catastrophique... Enfin, un mot sur les commentaires. Ils seront assurés par Eric Bayle et Philippe Sella comme pour Rugby 08. Pas de révolution à ce niveau donc, mais la confirmation d'un duo qui fonctionne plutôt bien.