Pour Red Faction : Armageddon, le studio Volition change une nouvelle fois son approche, sans doute dans l'idée de ne pas lasser les joueurs en leur offrant un peu de diversité. Un choix pas foncièrement mauvais mais qui laissera peut-être sur leur faim les fans de l'épisode précédent.
D'abord FPS linéaire à deux reprises avant de devenir un shooter à la troisième personne en environnement ouvert (et un spin-off STR !), Red Faction change une nouvelle fois de visage pour devenir un shooter à la troisième personne linéaire. Le résultat est un mélange des environnements étriqués et diablement sombres de Dead Space et des créatures hyper nerveuses de Starship Troopers. Comment diable en est-on arrivé là. Eh bien tout commence deux générations après l'épisode Guerrilla, en compagnie de Darius Mason, petit-fils du héros de l'opus précédent. Sur Mars, une bande d'illuminés menés par un certain Adam Hale mène la vie dure aux locaux, jusqu'au jour maudit où ils mettent la main sur les terraformeurs, rendant à la planète rouge son aspect désertique et inhospitalière. Des conditions climatiques qui poussent les habitants à se réfugier sous terre, dans un vaste réseau de galeries qui va soudainement se retrouver infesté de créatures baveuses et extrêmement peu amicales. Et bien évidemment, comme tout héros de jeu d'action qui se respecte, vous n'avez pas une once de chance et finirez seul en compagnie de ces saletés.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le contraste avec l'épisode précédent est violent. Oubliez les vastes étendues ouvertes de Guerrilla remplacées ici par de longs couloirs débouchant régulièrement sur des zones aménagées un peu plus vastes. Du coup, on fait forcément face à un gameplay un peu plus classique, influencé d'une certaine façon par Dead Space. Les environnements sont en effet très, mais vraiment très sombres et dirigistes. Mais à la différence du jeu d'Electronic Arts, les bestioles hostiles sont d'une nervosité qui n'aurait pas à rougir face à un essaim d'abeilles un jour d'orage. Et non contentes de sauter partout à toute vitesse, quand elles ne se téléportent pas carrément, elles sont foutrement nombreuses ces saletés ! A tel point que lors des fréquentes séances de "nettoyage de zone", on se retrouve à faire feu en permanence, se frayant un chemin à travers leurs rangs comme on le ferait avec une faux à travers un champ. Si ce n'est qu'il faut aussi se tourner dans tous les sens et lever le nez pour dégommer les malotrus qui vous bombardent depuis le plafond. Ca fait mal de le dire, mais on en vient à bénir l'assistance à la visée.
Très honnêtement, ce qui constitue l'essentiel de l'action repose sur une mécanique simple et que l'on a déjà vue et revue à plus d'une reprise. Ce qui peut s'avérer relativement décevant après la bonne surprise que fut Guerrilla. Pour autant, la chose reste efficace et profite malgré tout de quelques éléments qui ajoutent un peu de goût à la sauce. A commencer par le fameux moteur GeoMod et sa traditionnelle gestion de la destruction des décors. On a beau évoluer dans des galeries souterraines, elles n'en sont pas moins garnies de bâtiments, coursives et autres bidules du genre qui finissent dans un état lamentable après que vous ayez joyeusement tout fait péter en tentant de survivre contre un boss faisant environ 15 fois votre taille. Et pour vous aider à tout détruire, Volition vous a même refilé un chouette gadget : le fusil magnétique. Un premier tir et zou, vous collez un aimant sur une surface (transformateur, mur, araignée géante etc.), d'un second tir, vous collez un second aimant et zou, le premier va entraîner ce à quoi il est arrimé vers le second. Il ne reste qu'à se montrer créatif pour faire des choses plus ou moins amusantes. Bien sûr, à tout faire péter, on risque de se retrouver bien attrapé en constatant qu'on a dégommé le seul escalier permettant d'accéder à la suite du niveau. Voilà pourquoi la nanoforge est de retour dans Armageddon.
Vous n'avez pas oublié la nanoforge ? Cet outil qui vous permet de réparer les objets et qui sera capable de reconstruire tous les éléments de décor que vous avez mis en ruines. Ses usages sont multiples, par exemple on pourra rebâtir un mur pour s'en faire une couverture (qui ne sert pas à grand-chose en vérité), recréer un chemin ou effectuer des réparations, qui seront souvent des objectifs de missions d'ailleurs. En outre, cet outil possède quelques fonctions spéciales que l'on peut débloquer via un système d'upgrades. De l'onde de choc au bouclier temporaire, la forge se révèle assez pratique. Au passage, notez que le système d'amélioration porte sur un tas d'autres points, de votre santé maximale à la quantité de munitions que vous pouvez transporter en passant l'augmentation des dégâts infligés.
Au final, le cocktail d'action débridée et de destruction est, si ce n'est frais, relativement convaincant même si ce déluge incessant manque parfois un peu de variété. La grande majorité des missions étant construite sur le même modèle "couloir, mini-arène, couloir, réparation d'un générateur, couloir". Sans compter que le fait de ne pas y voir à plus de 4 mètres, d'être noyé sous les assauts ennemis et ses propres déflagrations nécessite de faire des pauses fréquentes si on veut éviter un certain écœurement. En outre, le Geo Mod a les défauts de ses qualités et on découvre qu'en environnements fermés, il peut s'avérer assez pénible. Imaginez-vous dans le noir, évoluant sur une passerelle mise à sac par les aliens et vous vautrant lamentablement dans un trou que vous avez ou pas creusé vous-même et n'ayant plus qu'à reprendre votre ascension depuis le début pour mieux vous ramasser dans un autre trou. Un conseil, dans ces conditions, avancez en laissant tourner la nanoforge, vous vous agacerez moins.
Fort heureusement, Volition a pensé à intégrer des phases de relaxation. Combat à bord d'un mecha, d'un véhicule blindé taillé comme une araignée géante ou même leçon de pilotage dans un engin volant sont là pour aider le joueur à se détendre dans la joie et les flammes. Ici pas plus qu'ailleurs, n'attendez rien de très novateur et encore moins de très fin. Mais ces séquences ont l'avantage de vous sortir un peu des tunnels obscurs et d'une progression parfois trop monotone. Car si Red Faction Armageddon est nerveux, il y a une chose qu'il maîtrise mal, c'est le rythme. Ménageant peu la chèvre et le chou, il souffre d'un problème que rencontre souvent ce genre de titres : une vague lassitude. Il faut bien comprendre que de bout en bout, les environnements varient très peu, et que chaque segment de niveau et chaque assaut ennemi ressemblent à ceux déjà croisés. Et c'est bien le principal défaut de ce nouvel opus qui tout en étant un défouloir pas désagréable, sombre dans un classicisme et un manque d'originalité assez patent. En somme, un "no-brainer" fonctionnel qui vous filera des ampoules aux doigts sans laisser pour autant un souvenir impérissable.
Et le mode multi devrait se faire oublier tout aussi rapidement. Là encore, on assiste à une étrange régression de la part de Volition qui passe d'un segment multijoueur plutôt complet dans Guerrilla à deux petits modes uniquement dans Armageddon. Le premier, nommé Infestation, est un survival dans lequel 4 joueurs doivent résister à des vagues successives d'ennemis, en faisant le plus possible appel aux pouvoirs de la nanoforge déjà acquis dans le mode solo. C'est rigolo, certes, mais ça ne tient pas forcément en haleine pendant des mois. Le second mode pour sa part, Ruines, attend de vous que vous causiez un maximum de dégâts dans l'environnement. Même constat ici et on sent bien venir le coup du mode supplémentaire après la sortie du jeu pour compléter cette section maigrelette de la galette.
- Graphismes15/20
Le moteur a pris un peu d'âge depuis 2009 et on se demande si la pénombre quasi permanente ne sert pas un peu de cache-misère à Volition. En tout cas, le GeoMod avec ses destructions massives reste très rigolo, même si le côté étriqué des décors rend ses effets un poil moins spectaculaires.
- Jouabilité14/20
Red Faction Armageddon est le prototype du jeu bourrin. Des hordes de bestioles, des explosions dans tous les coins et une nervosité folle. Pas vraiment varié malgré la présence de séquences en véhicules sans doute encore plus bourrines, le gameplay reste pourtant plaisant, prenant la forme d'un défouloir hyper classique, presque convenu si on supprime le Geo Mod. Dommage toutefois que tout ceci signe une régression depuis l'opus précédent finalement bien plus riche.
- Durée de vie14/20
En mode normal, comptez de 8 à 10 d'heures grand max pour boucler la campagne solo. Les deux modes multi se révèlent sympas mais pas vraiment à même de prolonger l'investissement pendant des mois.
- Bande son13/20
Testé dans sa version anglaise, Red Faction Armageddon offre des doublages de qualité à défaut de dialogues percutants. On est en revanche un peu dépité par des problèmes de mixage dans les effets sonores qui ont parfois tendance à se faire si discrets qu'on les remarque à peine.
- Scénario13/20
L'histoire n'est pas inintéressante mais la narration est plutôt maladroite.
On peut louer l'effort de Volition qui a souhaité une nouvelle fois changer la formule de sa série, tout en regrettant que cette orientation perde un peu de l'éclat du volet précédent. Red Faction Armageddon est l'exemple parfait du shooter un peu convenu mais efficace, qui alterne séquences plates et passages bien tendus. Heureusement, la destruction des environnements grâce au fusil magnétique aide grandement à pardonner les lacunes du titre.