En premier lieu, il convient de rappeler quel genre d'univers ce RPG à la sauce nippone a à offrir. Dans cet épisode, vous incarnez Croix Bartel, chevalier prometteur au service de la Grand Bell, une sorte de gouvernement officiel faisant la chasse aux virus appelés I.P.D.s - infections contractées uniquement par les femmes, plus précisément par les Reyvateils - et luttant pour l'expansion du territoire habitable par les humains. Car oui, tout comme dans un futur qui pourrait être le nôtre, les habitants de ce monde-là rencontrent quelques problèmes quant à la superficie dont ils disposent pour vivre. A ceci près que dans Ar Tonelico II, cela est causé par la désagrégation de la terre et sa chute dans les limbes mortelles qui composent les bas-fonds du monde. Pas franchement le contexte idéal pour profiter de la vie et être habité par un optimisme inconditionnel. Toutefois la Grand Bell a bien l'intention de remédier à cela, et leur solution, radicale, est toute trouvée : il faut anéantir la Déesse Frelia, entité divine qui empêche les humains de se remettre d'aplomb. Le jeu étant intégralement en anglais, il faudra bien entendu avoir des notions en la matière pour espérer comprendre tout ceci.

De ce pitch de départ découlent diverses rencontres et événements qui vous entraîneront aux quatre coins de Metafalss, monde dans lequel vous évoluerez pendant un bon nombre d'heures plus ou moins remplies. La carte du monde, tout comme dans le premier volet, vous présente les différents lieux qui vous sont accessibles et vous y débarque suite à un temps de chargement très raisonnable, le même système étant appliqué aux différentes zones des villes que vous serez amené à arpenter. Pas de changement en ce qui concerne l'exploration, donc, ce qui a ses avantages et ses inconvénients. D'un côté, il est assez frustrant de ne pouvoir se déplacer que sur des surfaces très limitées ne proposant que trop peu d'interactions, mais de l'autre, la simplicité que ce fonctionnement implique guide le joueur au travers du jeu sans vraiment restreindre son champ d'action. Cette simplicité et cette vulgarisation, qui se retrouvent dans tous les aspects de cet opus, apportent leur lot de qualités et de défauts, mais ce sont heureusement les qualités qui finissent par primer.

Au niveau du système de combat, cela se traduit par une ergonomie infaillible puisque basique, mais qui donne lieu malgré tout à des affrontements jamais inintéressants. Ce deuxième épisode de Ar Tonelico réintroduit bien entendu les Reyvateils au centre des combats, toujours au tour par tour, où vous passerez des phases d'Attaque à celles de Défense. Ces dernières vous permettront de protéger vos précieuses chanteuses des assauts ennemis en faisant preuve d'un bon timing. A chacun des deux personnages en première ligne est assignée une touche, qui sert donc autant pour l'offensive que pour la protection, et une troisième permet au joueur de lancer les magies symphoniques maîtrisées par les Reyvateils. Simplicité et efficacité sont donc bel et bien les maîtres mots, et même si le premier quart du jeu ne propose pas une once de challenge, la difficulté suit une progression maîtrisée qui force le joueur à appréhender certains affrontements avec minutie, surtout si ledit joueur n'a pas pris le temps d'explorer le subconscient de ses alliées cantatrices. En effet, même si les phases freudiennes de psychanalyse ayant inspiré jusqu'au film Inception sont optionnelles, elles se révèlent peu dispensables pour qui voudrait avoir une chance de vaincre les adversaires les plus coriaces, car c'est par ce biais, comme dans le premier opus, que se débloquent de nouveaux niveaux de magie.

Les magies, parlons-en. Ou plutôt, évoquons leur esthétique soignée, qui contribue à bâtir l'identité du soft. Hommage aux anciens RPG sur SNES, la patte graphique employée peut dérouter, mais regorge d'une vraie beauté, malheureusement tirée vers le bas par des décors assez inégaux, invitant un moment à la contemplation, puis agressant vos rétines l'instant d'après. L'ensemble reste joli et légèrement plus fin que dans le premier volet, mais on regrette par moments cette réalisation en dents de scie. Pour rester exhaustif et concis à la fois, mentionnons le retour du système de Synthèse (amusant et parfois bien utile), la possibilité de soigner les Reyvateils rencontrées au cours de l'aventure afin de bénéficier de bonus en combat, ainsi que le système particulier régissant la montée de niveau des cantatrices donnant lieu à des bains collectifs réguliers (si si). La psyché et le background des personnages jouissent d'une certaine profondeur même si, au même titre que la trame développée par le soft, le tout demande un certain investissement initial, d'une part pour achever le premier quart passablement ennuyeux du jeu, et d'autre part pour passer l'obstacle de la langue.

Jusque dans la bande-son, l'univers de Ar Tonelico n'est en effet pas un modèle d'accessibilité, et ce malgré ses qualités. Un mot tout de même sur ladite bande-son, d'une qualité certaine et qui ne sera parfois pas sans nous rappeler le thème de Ghost in the Shell (qui partage d'ailleurs plus que cette simple similitude avec la série atypique qu'est Ar Tonelico), tout en affirmant son identité propre. Au final, Ar Tonelico II se révèle être le digne successeur de son aîné, et malgré les limites dont il souffre et avec lesquelles il doit composer, arrive à contenter aussi bien les amateurs du premier volet que les joueurs assez intrigués pour se procurer ce deuxième opus d'une série trop méconnue sur notre territoire.