Tapi dans l'ombre des deux géants que sont Guild Wars 2 et Star Wars : The Old Republic, TERA prépare paisiblement sa sortie en Europe. Largement moins connu que ses concurrents, le MMO du studio coréen Bluehole possède tout de même une carte à jouer dans le paysage vidéoludique actuel grâce notamment à son gameplay atypique, tourné vers l'action. C'est en tout cas ce que nous avons pu constater suite à une présentation organisée par Frogster, la société qui gère tout ce qui est relatif à la sortie du jeu sur notre continent.
Installer un nouveau MMO de manière durable sur le marché, voilà un objectif complexe sur lequel beaucoup de sociétés se sont cassé les dents. Il faut dire qu'en Occident, l'ogre World of Warcraft fait toujours peur, malgré une légère baisse de régime ces derniers mois. Au regard de ce constat, TERA part donc avec un avantage indéniable. Le jeu a en effet été développé par Bluehole Studio qui l'a d'ores et déjà sorti sur son territoire : la Corée. Une opération réussie, le démarrage ayant été plutôt concluant. Du coup, une sortie européenne tient presque du bonus pour cette boîte dont les membres possèdent une grosse expérience, certains d'entre eux ayant notamment bossé sur Lineage ou Aion. Pour en finir avec les présentations, sachez qu'Ubisoft a signé un partenariat pour distribuer le titre en Europe. Celui-ci sortira en version boîte et nécessitera un abonnement mensuel pour être joué.
Lorsque l'on évoque TERA, ce qui nous vient immédiatement à l'esprit, c'est son gameplay dynamique très engageant. Pour autant, ce qui risque avant tout de sauter aux yeux des joueurs lors des premières parties, c'est la beauté formelle du jeu. Bluehole a produit un énorme effort pour que son produit soit techniquement irréprochable. Et c'est le cas. Il s'agit clairement de l'un des plus beaux MMO du marché. Pour ce faire, le studio coréen a eu recours à l'Unreal Engine 3. Résultat, les textures par exemple sont d'une finesse exemplaire. Chaque environnement qu'il nous a été donné de voir affichait en prime une multitude de détails. Ce qui conférait à l'ensemble une véritable richesse d'un point de vue visuel. Les animations déliées et variées des personnages, quelle que soit leur race, viennent renforcer cette impression extrêmement positive que l'on éprouve lors du premier contact avec le jeu. Reste à voir en revanche comment tout cela sera optimisé. On se doute que certains joueurs PC se retrouveront sur le carreau.
Cela dit, tout n'est pas rose dans le monde de TERA. Déjà, il faudra impérativement adhérer au chara design typiquement coréen qui est, soit dit en passant, assez générique. Il faut dire que les races (Amans, Barakas, Castanics, Elins, Hauts-Elfes, Humains, Poporis) versent dans le classique, à l'exception peut-être du Baraka, une sorte d'énorme bête placide et du Popori, une petite boule de poil aussi violente que mignonne. Ce classicisme, on le retrouve également du côté des environnements, tout du moins pour ceux qui nous ont été exposés. Certes, ces derniers seront a priori assez variés avec notamment des villes typées médiéval/renaissance ou steampunk, des forêts, des temples, des zones rurales, gelées ou désertiques. Cependant, rien à faire, on a l'impression d'avoir déjà parcouru ces lieux dans une autre vie. Quant au bestiaire, on aurait tendance à penser pareil à cause des crabes, gorilles, lutins et autres grenouilles rencontrés mais cela restait un échantillon assez faible de ce à quoi on aura droit au final. Bref, cet univers fantastique manque un peu, au premier abord, de personnalité mais on ne demande qu'à être contredit en explorant en profondeur le titre. Quant à l'histoire, on ne rentrera pas dans le détail mais sachez que toutes les races du jeu luttent ensemble contre un ennemi commun : les Argons, dans le but d'éviter la destruction du monde de TERA qui est composé de deux continents (Arun et Shara).
Ce qui est en revanche unique à TERA, c'est son gameplay qui lorgne du côté du beat'em all. En gros, cela signifie qu'il faudra être réactif et particulièrement mobile lors de chaque combat. Impossible de rester statique devant un monstre et de lui balancer ses sorts en attendant qu'il tombe. Non, ici, l'attaque devra être déclenchée avec le bon timing pour toucher les adversaires. Pas une mince affaire, surtout que ces derniers ne se laissent pas faire. Être vigilant d'un point de vue défensif est également indispensable. L'esquive et la parade devront être utilisées régulièrement et intelligemment pour éviter d'encaisser des coups trop violents. A ce compte-là, mieux vaut connaître par cœur les patterns des ennemis, histoire de savoir à quel moment brandir le bouclier par exemple. Il existe pour le moment huit classes (Archer, Berserker, Guerrier, Lancier, Mystique, Prêtre, Pourfendeur et Sorcier), chacune possédant ses avantages et surtout, son propre gameplay. Nous avons pu jouer Archer et Prêtre. Dans les deux cas, un système de visée a été mis en place pour permettre aux personnages soit de tirer des flèches avec précision, soit de déterminer à quel endroit ou sur qui lancer un sort. Par ailleurs, cette session de jeu aux commandes de ces deux personnages nous a permis de vraiment comprendre l'importance des déplacements. Notre archer bénéficiait ainsi de compétences lui permettant de sauter pour prendre de la distance avec l'ennemi afin de l'attaquer tranquillement de derrière. Beaucoup moins agile, notre prêtre (Baraka pour l'occasion) était lui contraint de maintenir son adversaire à distance en jonglant avec les différents sorts à sa disposition. Du fait de son gameplay vivant, Bluehole recommande d'ailleurs d'essayer le jeu à la manette. Une hérésie ? Pas vraiment. On peut dire que ce conseil est justifié dans la mesure où la plupart des classes se prêtent plutôt bien à l'exercice. En revanche, le système de visée avec sa réticule à déplacer est pour sa part plus précis à la souris. Logique... A voir donc selon le personnage joué.
Côté progression, on nous a promis que le lynchage de monstres, très prisé en Corée, ne serait pas le principal moyen de monter en grade. Il faudra a priori impérativement passer par les quêtes pour atteindre le level maximum. Généralement, ces dernières vous demanderont d'aller tabasser les ennemis du coin, seul ou en groupe. Mais ça, on commence à en avoir l'habitude. Une fois les mécaniques du système de combat intégrées, il sera aussi possible de se lancer à corps perdu dans des donjons qui peuvent être ouverts, pour permettre aux différents groupes de se concurrencer dans un même lieu, ou instanciés, pour des joutes un peu moins anarchiques. En ce qui concerne la progression de notre personnage, Frogster nous a exposé rapidement les quelques possibilités existantes. On aura notamment un système avec des glyphes qui permettront d'améliorer nos compétences et des cristaux qui boosteront les caractéristiques de notre équipement. Pas de révolution à ce niveau donc mais des possibilités de personnalisation a priori relativement grandes. Pour ce qui est des fonctionnalités un peu originales de TERA, on nous a notamment parlé des feux de camp. Ces derniers permettent de recharger notre vie à des endroits précis de la map mais peuvent aussi être emportés par le joueur lors de ses pérégrinations. On saute du coq à l'âne mais il existe aussi des familiers marchands que l'on pourra obtenir à partir du level 10. Ces petites créatures vous accompagneront partout et seront réellement utiles. Elles vous donneront la possibilité d'acheter et de vendre des objets à d'autres joueurs n'importe où sur la map. Toutefois, cette fonctionnalité a un coût et ne peut durer qu'un temps limité. Toujours dans le registre de la bestiole utile, des montures sont disponibles relativement tôt dans l'aventure (on en avait une au level 25 déjà). Pour accélérer les déplacements et éviter de perdre trop de temps, on pourra aussi avoir recours aux taxis volants. Un grand classique. Enfin, on note aussi la présence de succès à débloquer en fonction de vos exploits. Atteindre le level 40 vous en donnera un. Mourir cinquante fois aussi... TERA propose même de remporter des titres uniques que vous seul pourrez afficher en permanence au dessus de votre avatar. Exemple : si vous êtes le premier level 30 sur le serveur. En gros, cela signifie que si vous quittez le jeu, personne ne pourra plus jamais prétendre au même titre que vous. Jamais.
Tout cela, c'est bien joli mais une fois les quêtes pliées, le dernier donjon retourné, le level maximum atteint, qu'est-ce que TERA nous réserve ? Eh bien un système politique plutôt poussé. Beaucoup de choses sont encore en test en ce moment même mais quelques infos nous ont tout de même été communiquées à ce sujet. Il faut savoir que, comme souvent dans les MMO, le monde du jeu est découpé en plusieurs zones, réservées à des personnages de niveau plus ou moins élevé. Chacune d'entre elles sera le théâtre d'une véritable lutte de pouvoir puisque vous pourrez être amené à la diriger politiquement. Il existera d'ailleurs deux types de poste politique. Le premier vous permettra de gouverner une zone de petite taille avec des pouvoirs limités. Avec le second, votre champ d'action sera cette fois beaucoup plus grand sur une zone très vaste. L'intérêt, c'est que dans les deux cas, vous pourrez remodeler selon vos désirs l'endroit que vous gouvernez. On nous a parlé de pouvoir changer une zone PvE en PvP par exemple. Pour être élu, il existe deux moyens très différents qui dépendront de la zone que vous souhaitez diriger. Le premier, c'est le suffrage universel. Dans ce cas, il faudra faire campagne pour convaincre ceux qui se trouvent dans le lieu en question en tenant compte du type de population face à vous. Les joueurs confirmés et les novices n'auront probablement pas les mêmes exigences. Dans le second cas, c'est par les armes que ça se passe. Pour faire simple, c'est le leader du classement PvP de la zone qui sera automatiquement élu. A savoir tout de même, il n'y aura que les chefs de guilde qui pourront postuler dans tous les cas.
Pour être tout à fait transparent, cette présentation de TERA est restée très théorique. Ce qui signifie beaucoup d'informations, de promesses mais peu de pratique. Ce que l'on peut tout de même assurer à ce stade, c'est que TERA demeure un MMO techniquement très au point et particulièrement emballant grâce à son gameplay dynamique. C'est déjà pas mal ! Ce qui est un peu moins engageant en revanche, c'est cet univers qui nous a pour l'instant paru un peu fade. Mais le jeu recèle encore beaucoup de mystères et il faudra l'essayer sur la durée pour vérifier l'intérêt de toutes les mécaniques de jeu annoncées par Frogster. On est impatient d'en savoir plus sur le système politique notamment.