Chez Disney, les nouvelles se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir confirmé en début de mois une importante réduction d’effectif de sa filiale Black Rock Studio, développeur des titres Pure et Split/Second, l’éditeur annonce un jeu d’action et de plates-formes familial inédit, Disney Universe, qui débarquera pour Noël. Nous avons assisté à une courte présentation.
Comme son nom l'indique implicitement, cette nouvelle production est d'abord affaire d'Univers, celui on ne peut plus riche de Disney, puisque le titre proposera aux joueurs, jeunes et moins jeunes selon les concepteurs, de parcourir six environnements inscrits dans la mémoire familiale. A l'image d'Alice au pays des Merveilles et Monstres et Cie, les deux qui nous ont été dévoilés, mais aussi de Wall-E ou encore Stitch. Et si ces blockbusters des salles obscures ont déjà été déclinés sous forme de jeux vidéo, il n'est pas question de recyclage. Disney Universe se présente en effet comme un jeu de plates-formes et d'action aux accents multijoueurs, mais limité à quatre joueurs exclusivement en local sur un même écran. C'est d'ailleurs à quatre précisément que le titre se révèle plutôt agréable de prime abord.
Dans un environnement de plates-formes plus ou moins marqué, tout dépend de l'environnement choisi, chacun incarne un petit personnage coloré et rondouillard qui doit utiliser des objets, cachés ou pas, parfois les associer, afin de débloquer des accès ou neutraliser des pièges et ainsi avancer. La coopération est primordiale, il faut en général se mettre à plusieurs pour transporter un objet d'un point à un autre ou activer un mécanisme. Mais la rivalité entre joueurs n'en reste pas moins au cœur du jeu. Pour rapporter plus de points que ses adversaires, il faut être sur tous les fronts, et le premier. Etre le premier à déclencher un mécanisme et ainsi ouvrir l'accès correspondant, être le premier à récolter les inévitables piécettes disséminées... Et sans oublier d'éliminer les ennemis croisés, tout autant que les autres joueurs quand l'occasion se présente. Avec son arme, ou mieux encore, les agripper et les balancer dans le vide. C'est surtout bien plus fun : on “s'accroche” en effet à un adversaire en appuyant sur une touche (Y pour la version Xbox) pour ensuite le faire tournoyer dans une sorte de ronde enfantine, pour enfin l'éjecter de la plate-forme en le lâchant. Le joueur victime n'est pas pour autant éliminé de l'aventure, il repop à l'endroit où est placé le groupe. Voilà pour les mécanismes de base.
Dans tous les cas, chaque personnage est équipé d'un costume, lequel est inspiré des personnages de l'univers Disney. Un point important puisque les concepteurs comptent faire de la diversité des costumes (au moins 40, à débloquer) une des particularités du jeu. Pourtant, porter tel ou tel costume ne change pas fondamentalement les choses, si ce n'est que chacun, unique, est associé à quatre armes qui le sont tout autant. Autant dire que la classique hache trouvera sa place à côté de la guitare électrique moins conventionnelle et de bien d'autres... Ces armes ont la particularité de monter en niveaux, devenant logiquement plus meurtrières, à chaque couronne découverte dans le décor. Rien de bien évolué, trois niveaux seulement. Et c'est là un point un peu décevant.
Au vu de notre expérience, le gameplay varie sensiblement d'un univers à l'autre. Ce qui semble se confirmer par l'affichage à l'écran, à intervalles réguliers, des objectifs à accomplir. Plus orienté plates-formes et rivalité pour l'usine de portes de placards de Monstres et Cie, un brin plus axé sur l'énigme et la coopération pour Alice au pays des merveilles. Dans Monstres et Cie, le terrain de jeu est rempli de pièges : il faut éviter de tomber dans le vide, esquiver les “convois de portes” qui balaient tout ce qui se trouve sur leurs passages, sauter de passerelle en passerelle qui parfois se dérobent ou se transforment, profiter de rouages et mécanismes au bon moment. Dans l'univers Alice au pays des Merveilles, il faut trouver un chapeau et l'utiliser afin d'accéder à une corniche (le chapeau faisant office de trampoline), afin de récupérer une montre qui servira pour l'étape suivante. Ou bien récupérer un sucre, le placer dans une petite cuillère géante en équilibre sur une souche d'arbre, puis s'en servir de catapulte pour atteindre des tasses... lesquelles en se brisant laissent échapper de quoi accéder à l'étape suivante. Réflexion et adresse donc.
Tout cela tend vers le joyeux capharnaüm auquel la bande-son n'est d'ailleurs pas étrangère (musique rythmée et entrechoquements d'épée, onomatopées). C'est bruyant, rapide, gesticulant, on meurt vite, on ressuscite tout aussi vite. Le jeu a un peu des accents de hack'n slash junior rappelant par moments un certain Fairytale Fight, notamment parce qu'il reprend le principe du héros mignon transformé en machine à tuer, le tout dans des environnements décalés par rapport à l'atmosphère guerrière qui règne. Avec le principe des costumes et armes uniques, le jeu se rapproche aussi d'un Little Big Planet, mais de loin. Car au vu de notre expérience, courte il est vrai, l'ensemble manque singulièrement de profondeur. Beaucoup d'armes, beaucoup de costumes, mais au final peu de défis réels. D'autant que quelques autres petits points laissent perplexe.
Ainsi, le principe de l'écran unique pour tous les joueurs engrange quelques soucis de maniabilité. Impossible d'orienter une hypothétique caméra, et si l'on n'a pas le sens des perspectives, tomber dans le vide est facile. Le manque de précision est d'ailleurs manifeste. De même, parce que l'équipe avance de concert, et la caméra avec, les obstacles disparaissent naturellement pour le retardataire qui peine à les passer : après avoir échoué, il repop de l'autre côté de l'obstacle, près du groupe. Facile enfin de perdre son personnage dans l'explosion de sons et d'effets... L'ensemble n'est pas déplaisant pour autant, et c'est dans l'ensemble assez mignon, ce qui plaira aux plus jeunes. Pas sûr en revanche que leurs parents adhèrent.
Presque un ovni vidéoludique, Disney Universe a tout du titre sautillant, joyeux, bruyant, conçu pour tous, et qui mélange les genres : une base de plates-formes, une pointe de hack’n slash, un soupçon de RPG... Et c’est bien ça le problème. A vouloir toucher un peu à tout, et s’adresser à tout le monde, le jeu prend le risque de tout survoler superficiellement et de donner l’impression de manquer de profondeur. L’autre problématique, c’est que le jeu n’est pas jouable en mode multi distant. Il faudra donc disposer de quatre manettes (sur PS3, Xbox 360 ou Wii tout au moins, nous n’avons aucune information sur la jouabilité sur PC) pour s’y coller à quatre... Subsiste aussi l’impression qu’avec six univers seulement, le jeu fait surtout office de base pour de futurs univers qui seront proposés sous forme de DLC. L’avenir nous le dira.