La méthode de roulement est maintenant bien connue : après avoir laissé la place aux petits gars de Treyarch et leur joli Black Ops l'année dernière, c'est maintenant au tour d'Infinity Ward - ou ce qu'il en reste - de reprendre le flambeau et de balancer une nouvelle fois la sauce en novembre prochain. Mais le fait est qu'une grosse partie des forces vives du studio magique s'est joyeusement carapatée chez la concurrence. Du coup, pour tenter de compenser ces lâches défections, Activision est donc allé chercher des renforts du côté de Sledgehammer afin de ne pas trop pénaliser le développement de ce nouvel opus. Et s'il serait carrément cavalier de parler de CoD au rabais, il n'en est pas moins vrai que la gestation de la bête semble avoir connu un début moins confortable que celle de ses prédécesseurs.

Mais pour le coup, ce que nous avons pu apercevoir de la bête à travers la présentation de deux longues séquences différentes laissait tout de même entrevoir du bon gros bourrinage comme on les aime. En effet, le premier niveau présenté à un parterre de journalistes attentifs était clairement destiné à en mettre plein la vue. Censé se dérouler pile-poil après la fin de Modern Warfare 2, ce nouveau volet mettra donc en scène (entre autres théâtres d'opération) la suite de l'invasion des Etats-Unis par les troupes russes. Nous nous sommes donc retrouvés à observer une scène de destruction d'une incroyable intensité en plein Manhattan, le joueur évoluant dans des rues/couloirs surplombées par de gigantesques gratte-ciel enflammés tombant en morceaux sous une pluie de missiles balancés par des tripotées de chasseurs ou d'hélicos déchirant en permanence le ciel de la ville. Clairement, Modern Warfare 3 ne semble pas parti pour réinventer la poudre et se contente, avec une froide maîtrise, de faire pleuvoir les troufions ennemis et d'enchaîner des scripts.

Ainsi, nous aurons donc pu observer des humvees débarquer dans la rue pour contrer la progression du joueur, le forçant à se réfugier dans un immeuble au sein duquel il s'agira de progresser en éliminant consciencieusement toute résistance. Après quelques minutes de défouraillage, notre bonhomme a finalement débarqué dans une bijouterie, avant de ressortir dans une autre rue pour finir par investir Wall Street et son emblématique bourse de New York, sur le toit de laquelle les vils troufions russes avaient eu l'audace de poster un brouilleur de radars. La scène aura donc bien évidemment vu la destruction dudit dispositif puis le généreux massacre de soldats adverses placés sur les toits des buildings voisins grâce à l'utilisation du Reaper Drone et de ses gentils missiles téléguidés déjà bien connus des fans. La démonstration culminait par une bonne vieille séquence de rail-shooting en hélicoptère, évidemment associée à moult manoeuvres aussi audacieuses que surréalistes, effectuées avec amour par un pilote zélé et vociférant.

Du coup, au final, on se dit que Modern Warfare pète toujours autant mais que ce déluge de plombs, de flammes et de fureur fait presque "too much". Car sans jamais rien apporter de nouveau en dehors d'une "9-bang grenade" qui ne fait office que de flashbang améliorée et un fusil d'assaut couplé avec un mini lance-roquettes, le jeu semble en fait se contenter de réciter froidement ses scripts. Plus que jamais, on se sent davantage spectateur qu'acteur d'une guerre qui a oublié ses enjeux et sombre dans une débauche anonyme d'explosions aléatoires. Cette curieuse impression est d'ailleurs renforcée par un moteur graphique qui a beau pouvoir afficher toutes les folies guerrières de la galaxie, n'en reste pas moins dépassé, avec des textures moyennes, de l'aliasing à tire-larigot, des effets qui semblent vraiment issus d'un autre âge vidéoludique et une animation certes assez propre, mais dont on commence vraiment à voir les limites, notamment lorsque les troufions que l'on suit changent sèchement de direction en pleine course.

Attention, ce n'est pas à dire que la licence Modern Warfare a finalement tiré toutes ses cartouches, loin de là ! Et pour nous le prouver, les développeurs ont tout de même la bonne idée de nous montrer une deuxième séquence de jeu, se déroulant cette fois en pleine nuit dans un Londres pluvieux. Il s'agissait là d'une scène "d'infiltration" d'un entrepôt sur les quais de la Tamise, avec tout ce que cela impliquait de nettoyage silencieux de sentinelles. Evidemment, la situation a tout de même vite viré à la bataille rangée laissant l'opportunité à un hélico de soutien britannique de faire parler la poudre sur des troufions pris comme des lapins sous son puissant projecteur ou encore sur la façade d'un bâtiment grisâtre. Plus réussie que le délire "Michael Bayesque" de Manhattan, la séquence s'est ensuite transformée en une course-poursuite effrénée (du rail-shooting, encore) dans le métro où il s'agissait pour le joueur placé dans une Jeep de lâcher chargeur sur chargeur sur les occupants belliqueux d'une rame folle lancée à mille à l'heure dans les tunnels. Cette dernière finit tout de même par dérailler avant d'aller exploser piliers et éléments du décor dans une sorte de remake survitaminé de Die Hard 3, provoquant de fait dans l'assistance de gros soupirs de satisfaction.